« PLUS DOUCE EST LA NUIT » : TÉMOIN DE LA FIN D’UN MONDE ? (par Isabelle Vanini)
De retour d’Annecy, Isabelle Vanini, déléguée générale de l’AFCA, a vu Plus douce est la nuit de Fabienne Wagenaar en grande salle de Bonlieu, pour la séance officielle…
Elle nous parle d’une grande rencontre…
Revoir le film dans la grande salle fut un plaisir renouvelé, même une redécouverte… parce que comme pour tous les grands films, il faut le voir et le revoir pour en apprécier toute la subtilité et la réussite.
« NAIG HA ME » : PARCOURS DE FEMME, DE MÈRE, D’ÉCRIVAINE, D’AMIE… (par Clara-Luce Pueyo)
C’est lors de sa formation en langue bretonne que Claire Villalon, journaliste et réalisatrice, découvre l’œuvre de Naig Rozmor. Dès lors, la réalisatrice ne quittera plus les mots de l’écrivaine.
Avec ce premier film Naig ha me, le public est invité à découvrir et à partager la puissance de cette rencontre inattendue.
Entretien avec Claire Villalon, réalisatrice du documentaire en langue bretonne Naig ha me, produit par Les Productions Cercle Bleu, coproduit par France Télévisions – France 3 Bretagne, soutenu par la Région Bretagne, avec la participation de TVR, Tébéo, Tébésud.
« Jack Kerouac, une piste » : Brest City Blues (par Franck Vialle)
Cette année-là, 1965, Kerouac est sur la piste de son ancêtre breton qui avait quitté la France pour le Canada en 1720. Il arrive à Brest par le train « de méchante humeur » après un avion raté, des bagages perdus et une certaine continuité dans les excès d’alcool… C’est une Brest reconstruite dans laquelle il erre, de bars en bars, sans savoir où dormir. Au matin, Jack Kerouac rencontre Pierre Le Bris, éditeur et libraire, qu’il croyait son cousin.
C’est l’épisode de la vraie vie du vrai Jack Kerouac que raconte Gwendal Quistrebert avec force malices… et il faut le dire un certain brio… dans Jack Kerouac, une piste. En tous cas pour ma part, et en ma qualité de fan définitif de Kerouac, je suis conquis.
Le film est à découvrir le mercredi 26 juin prochain, au cinéma Les Studios à Brest.
« GERDA, FRIEDA, JANETT » : PUZZLED AND SPRAYED (par Franck Vialle)
Nous avons rencontré Léa Lanoë l’autrice et Emmanuelle Jacq, sa productrice à l’occasion de « Vrai de Vrai » à Rennes où, parmi les oeuvres distinguée récemment par la Scam, nous étions invité·es à véritablement entrer dans une œuvre singulière et les différents chemins de son personnage principal… Elle est Gerda, Frieda, Janett et d’autres encore dans un film en forme d’autoportrait en morceaux, tantôt cubiste, tantôt impressionniste.
Le film est un personnage autant que le personnage est un film, un film fait de jeux, de crises, de parenthèses, d’exclamations, d’interrogations… de beaucoup de plaisir aussi, celui de l’argentique et de sa magie plastique. Nous sommes à Berlin, dans un monde à la fois figé, et changé. Nous sommes dans un monde déréglé où le temps d’un film ELLE(s) arrangent des règles comme pour conjurer quelque chose d’imminent.
« Songe : le héros se suffit, sa chute même n’est qu’un ultime subterfuge pour être – sa dernière naissance. » écrivait Rainer Maria Rilke dans la première Élégies de Duino…
Le film commencera sa vie en festivals prochainement…
« CHERCHEZ LE GARÇON » : DEMEURE LA COLÈRE… (par Franck Vialle)
« Cherchez le garçon »… évidemment c’est Taxi Girl, et le destin presque bipolaire du duo qui portait ce groupe idolâtré…
En empruntant ce titre au patrimoine musical français, Paulin.e Goasmat ce sont mille clins d’yeux qu’ielle déclenche d’un seul coup, avec leurs joies, leurs peines, leurs ambiguïtés, leurs malices et leurs connivences, leurs colères et leurs complicités.
L’histoire est banale sur le fond : un deuil, son injustice au regard d’une jeunesse enlevée, des ami·es et une famille éploré·es. Elle l’est beaucoup moins tout à coup dans le secret que tout le monde connait… Mais qui demeure « non-partagé ».
Et c’est avec subtilité, et même beaucoup de délicatesse que le film travaille la colère et l’irrésolu, en aspirant à une normalité concernant le genre, les identités sexuelles et leur acceptation, la jeunesse aussi, avec son insouciance confisquée.
Le film est beau, ample (tourné en Scope), et pourrait-on dire « amblyope » tant son regard parvient à fendre la noirceur.
Réjouissons-nous de pouvoir le découvrir tantôt sur les écrans des festivals… En attendant, j’ai choisi d’écrire un retour d’écran épistolaire à son auteur.e (message envoyé comme à un·e double bienvenu·e).
NOME : CRÉER UNE HISTOIRE DÉCOLONISÉE AVEC SES PROPRES MYTHES (par Léo Dazin)
Le film est à la fois beau comme un songe, et aussi cruel qu’un conte… « NOME » est une coproduction portugaise, française, bissaoguinéenne et angolaise. C’est une fiction tournée en Guinée-Bissau écrite en partie d’après les souvenirs de son réalisateur Sana Na N’Hada, qui filma, avec celle du Cap Vert, la révolution armée et anticoloniale de son pays (1963-1974).
Scénarisé par le portugais Virgilio Almeida et par le guadeloupéen Olivier Marboeuf, Nome se déploie sur trois parties : la description d’une vie de village, les combats et l’exode rural d’une partie de la population, l’après-révolution et l’urbanisation de la société… Autant pour des raisons économiques que par soucis esthétique et éthique, un film de guerre avec un minimum de représentation de celle-ci et le faire depuis le point de vue exclusif des bissaoguinéens et non depuis celui des colons portugais. Ce point de vue est aussi une « rencontre » alors que les films tournés depuis le point de vue des non blancs sont rares ou peu visibles… Nome est donc une occasion de se raconter, de créer une histoire décolonisée avec ses propres mythes, celle d’hommes et de femmes qui se battirent pour une Guinée libre dans laquelle il n’y aurait plus « ni messieurs, ni blancs, ni noirs ».
« ÉTÉ 96 » : C'ÉTAIT 96, LES VACANCES AVEC TATI… (par Franck Vialle)
César du Meilleur Court-métrage cette année, « ÉTÉ 96 » est un objet curieux et très simplement beau… De ce qu’on pourrait qualifier de « fait divers » familial (!) une belle fin d’après-midi d’été, Mathilde Bédouet tire le fil faussement naïf de l’enfance : comme une carte postale au charme suranné, mais si singulièrement naturaliste derrière la couleur, comme des vacances avec Tati pendant lesquelles Paul grandit et se sait soudain loin de ses parents.
Les vacances, les habitudes, la trivialité de la vie, les bévues du quotidien… tout est à sa place dans ce film, en 1996 comme pour toujours, comme des souvenirs fugaces mais bien indélébiles.
Comme c’est un film d’été, je n’ai pas oublié mon chapeau… Alors chapeau !
Comme c’est un film d’été, c’est avec masque, tuba, marinière et tout l’attirail que je me lance en plongeant dans quelques plans…
« UN PAYS DE PAPIERS » : CROIRE, PAS OPTIMISTE, MAIS COMBATIVE… (par Franck Vialle)
Avec « UN PAYS DE PAPIER », Marion Boé suit l’avocate rennaise Mélanie Le Verger, engagée depuis de longues années auprès des mineurs non accompagnés… Elle plante sa caméra dans le cabinet. Elle assiste aux entretiens. Elle entend es jeunes exilés expliquer leur situation, expliquer comment ils ont fui leur pays, la violence, le mariage forcé. Elle regarde l’avocate écouter le récit de leur trajectoire douloureuse, de leur arrivée, de la cruauté du quotidien… Ils se retrouvent parfois à la rue, on ne les reconnait par comme « mineurs », ils ne sont pas pris en charge.… Et rien n’est fait dans ce « pays de papier » pour les accueillir, leur venir en aide…
C’est tout le travail de l’avocate d’obtenir l’acte de naissance, d’aller voir le juge, de rassurer, d’être à l’écoute. Pour elle, les découragements peuvent être nombreux, mais les convictions et les engagements sont tenaces, et peuvent mener à des victoires. Parce que parmi tous les jeunes qui sont venus la voir, qu’elle a accompagner, il est aussi des destins heureux.
Un film édifiant, profondément humain qui regarde la vie dans les yeux, autant qu’il fait du bien.
LA VIE TOTALE : L’ART COMME PUISSANCE TRANSFORMATRICE (par Lubna BEAUTEMPS)
« LA VIE TOTALE, c’est l’histoire d’une rencontre entre un écrivain qui n’écrit plus et une peintre qui peint beaucoup » comme le raconte le réalisateur Samuel Poisson-Quinton…
Le point de départ est ainsi posé. Francine et Samuel habitent sur l’île de Groix, à proximité l’un de l’autre. Samuel va souvent aider Francine pour des petits travaux au jardin, pour réparer des trucs cassés, ou tout simplement pour passer un moment avec elle. En échange de ses services rendus, Francine offre des tableaux à Samuel. Parce que Francine peint beaucoup et passionnément. Tous les jours, et de tout : des portraits, des paysages, des chiens, des copies d’œuvres célèbres…Samuel, lui, est écrivain mais traverse un moment où il n’arrive plus à écrire. Alors, il décide de prendre la caméra. Il filme Francine, et raconte son histoire, leur histoire.
LES AVENTURIERS DU MATCH PERDU : Close to mythe (par Franck Vialle)
Le metteur en scène Massimo Furlan décide de rejouer avec des comédiens le match mythique France / RFA à Séville en 1982… Une tragédie française que cette performance filmée par Serge Steyer au stade rennais, une aventure collective qui se joue devant nos yeux et dans nos arcanes mémorielles.
Pour ce retour d’écran, une lettre au réalisateur de LES AVENTURIERS DU MATCH PERDU : il est question autant du film que de ce qu’on y retrouve, il est question autant des tragédies de l’histoire que de sa comédie, il est question autant d’une histoire en train de se faire, que d’une histoire toujours en train de se faire… Je n’ai pas pu m’empêcher ce jeu de mot idiot… j’y reviendrai… . En effet, j’étais là devant mon poste, j’avais huit ans, pris dans la fièvre de tout un quartier qui hurlait dans la chaleur de l’été… Ce souvenir entre en collision avec bien d’autres, qui font ce que Serge Steyer nomme habilement nos arcanes mémorielles. Revenir dessus ne peut être qu’un exercice profitable (pour reprendre les mots d’un autre Serge !).
RE AR MENEZ : un en-dehors de cette norme que l'on nous assène (par Stéphanie Coquillon)
Avec RE AR MENEZ, la réalisatrice DOUNIA BOVET-WOLTECHE nous partage la lutte d’habitants de Saint-Cadou, dans le Finistère, contre l’installation d’une antenne 4G. On peut parler d’une mini-zad, et dès les premières minutes du film les mots devenus fourre-tout de territoire, de lieu partagé, de convivialité, ces mots urbains, politiques ou médiatiques qui se sont imposés à nous pour tenter de ré-imaginer l’écologie et le lien social, ces mots se heurtent à une réalité qui les rend un peu ridicules : il s’agit de personnes, il fait froid, il pleut, on fait ses courses, on danse, on rit, on parle, on vit. Ce n’est pas l’image d’un paradis perdu qui est à défendre, mais une voisine que les ondes rendent malade, des enfants qui aident à la traite des vaches, un hangar à la fois place de marché et salle de fest-noz, des militants qui prévoient la prochaine action contre l’antenne dans une caravane posée comme un étendard de lutte au carrefour du bois. Ce bois, un paysage qu’on veut « laisser tel qu’il est ». C’est un lieu où l’on vit sa vie au rythme de la traite, où l’on touche le temps, où le confort est celui de connaître ses aînés, de pouvoir compter sur ses voisins et d’être droit dans ses bottes.
AUTANT QUE FAIRE SE PEUT : retrouver les communs (par Caroline Le Maux)
Tout est parti d’un projet artistique que l’Office de Développement Culturel du Mené (ODCM) lui a proposé : Comment notre territoire se fabrique ? De quelle manière peut-on réinventer nos communs et nos imaginaires collectifs, aussi bien sur le plan culturel, agricole ou de la construction… Pour répondre à ces questions, Neven a, durant plus d’un an traversé le territoire Bretagne Centre, rencontré des dizaines de personnes, de Trémorel à Corlais en passant par Loudéac, Uzel, le Gouray …
Cinéaste et photographe, NEVEN DENIS mène des projets qui s’ancrent au sein des territoires…Après avoir collecté des photographies et les mémoires associées à celles-ci sur trois communes de LCBC, Neven Denis réalise AUTANT QUE FAIRE SE PEUT : Il y propose une réflexion sur la manière dont on réinvente nos communs et nos imaginaires collectifs. Il nous amène à la rencontre de projets inspirants qui renouent avec le vivant.
L'OMBRE DES MÈRES : le non-dit n'est pas un im-pensé (par Franck Vialle)
Il est des pensées qu’il est bien difficile de formuler… Il ne s’agit pas là de difficulté à nommer, mais de difficulté d’accepter et de dire et d’entendre.
A travers la voix de la femme lune, L’OMBRE DES MÈRES ouvre la voie aux récits de celles qui vivent difficilement les suites de leur accouchement. Il y la séparation des corps, la dépendance du bébé, la fatigue interminable et croissante, l’absence de l’autre comme une désertion, la responsabilité soudaine de cette vie qui s’ouvre, celle de protéger aussi, d’être TOUT ce que le bébé a. Il y a enfin d’être femme, devenir mère et redevenir femme… Dans une ombre épaisse et persistante de culpabilité indicible.
Par touches impressionnistes — au sens où le film procède par le croisement d’évocations pudiques, d’un récit intime et cru à la première personne et de témoignages posés, Murielle Labrosse nous confronte à cette réalité difficile, à cette part d’ombre et de non-dit, à la nécessité d’en parler… parce qu’elle existe et n’a pour autant pas trouver de place dans les récits de maternité à partager.
OÙ VA LE BLANC QUAND LA NEIGE FOND : traces de l'éphémère (par Thomas Milon et Sofyan Talbi)
« Je cherche à produire des films qui nous engagent, nous élèvent, et ouvrent grand l’horizon ! As far as the eye can see ! Tout part du désir d’un·e auteur·e et des images qu’il/elle me raconte, avec cette longue période passionnante où le film se façonne par le dialogue. Ce désir, il faut savoir le mettre en mots ensemble et le transmettre. Chaque détail compte. »… Telle est la devise de Colette Quesson, productrice d’A perte de vue.
Et c’est bien tout cela que l’on trouve réuni dans le film OÙ VA LE BLANC QUAND LA NEIGE FOND ? de GUILLAUME KOZAKIEWIEZ que nous avons eu l’occasion de programmer aux Rencontres de Films en Bretagne 2023, et dans les secrets duquel nous avons eu l’occasion de plonger au QIFF .
Retrouvez deux retours d’écran de Thomas Milon et Sofyan Talbi, étudiants en Licence d’Arts du spectacle de l’Université Rennes 2 qui, faisant partie de l’atelier Programmation du Ciné-Tambour, sont venus aux Rencontres de Films en Bretagne.
DISSIDENTE (RICHELIEU) : LOOKING FOR ARIANE ? (par Franck Vialle)
Il était d’abord resté discret, il avait eu ensuite sa première au Festival de Tribeca, une tournée des festivals et de prix, puis RICHELIEU est sorti au Canada il y peu… Il sortira en France sous le titre Dissidente en France début 2024.
Il y a là ce qu’on aime des films de Ken Loach, la noirceur d’un Canada dont on ne connaissait pas tant ce visage. Il y a le feu et la glace, l’horreur de l’esclavage contemporain et bordé administrativement, cette normalité coloniale à domicile. Il y a l’extraction et les exactions, quelque chose de La Promesse des Dardenne aussi. Dans cette histoire écrite « du point de vue des perdants », il y a surtout une actrice et des acteurs incroyables de puissance, une photographie qui rend autant à la noirceur qu’à la lumière, une mise en scène sans cynisme, qui travaille la violence et la dureté autant que la vie qui reste, inviolable et digne.
5 plans du film de PIER-PHILIPPE CHEVIGNY pour se laisser marquer…
MADAME LULU : La vie et son film sous toutes ses coutures [par Franck Vialle]
Il y a cette maison où le temps semble s’être arrêté, il y a ce film où le temps prend son temps et où même le fouillis est à sa place, il y a cette femme un rien joueuse et en pleine jeunesse, il y a enfin cette auteure dont l’oeil joyeusement brillant parvient à partager tout ça, en montrant les coutures, rajoutant à la malicieuse complicité que le film entretient avec celui ou celle qui regarde.
Dans la série des Portraits de Mellionnec, MADAME LULU est un petit bijou de 16 minutes réalisé par MORGANE LINCY-FERCOT.
QU'EST-CE QU'ON VA PENSER DE NOUS : LA PLACE (QU'ON PREND AU FIL DU TEMPS) [par Franck Vialle]
Quiconque aura lu La Place d’Annie Ernaux reconnaîtra très vite la filiation, où le cheminement, tantôt choisi, tantôt subi, d’une femme qui avance. Élever, s’élever… entre ces deux mots se jouent tant de trajectoires : s’émanciper, grandir, mûrir, comparer, se comparer, faire le point régulièrement…
D’une libre adaptation de ce livre, retranscrite dans sa propre sphère autobiographique, Lucile Coda tire son premier film documentaire Qu’est-ce qu’on va penser de nous ?
Elever, s’élever… entre ces deux mots bien différents se joue une multitude de trajectoires vers lesquelles Lucile Coda chemine : grandir, s’émanciper, comparer, se comparer, faire le point régulièrement, se rappeler où on est, se souvenir d’où on vient… Cheminement cérébral pour commencer, qui devient très vite une expérience sensible en forme de portraits et d’autoportrait, sans reproche, sans regrets, sans amertume, mais avec une distance qui se plait à se perdre pour garder son innocence et son port altier. Au fond, elle s’inclut dans de ce nous… chacun des portraits prend sa juste place, la place, le film est un chemin.
Nous nous réjouissons de vous faire découvrir ce film très prochainement…
ELECTRA : éprouver le mystère de l'insondable féminité [par Franck Vialle]
Electra, c’est le dernier film de Daria Kascheeva, un film dont on avait commencé à entrevoir les secrets à Rennes en avril dernier, avec David Roussel, complice de fabrication de ces étranges marionnettes / mannequins qui sont autant d’Electra que d’entrées dans le film. On avait découvert comment Daria a transformé ses actrices en marionnettes alors que la plupart des artistes du Stop Motion tendraient à démontrer l’humanité, la chair et le sang de leurs créatures…
Et puis, il y a eu Cannes… nous avons reçu les premiers échos du choc.
Puis il y a eu Annecy, et nous y étions. Et en fait de choc, je suis entrée en collision avec ce film, avec tout ce que ça remue à l’intérieur, avec les sens qui travaillent, les sensations qui se multiplient et s’appellent… Récompensé notamment d’un Prix de la Presse à Annecy, le film est désormais en course pour les BAFTA 2023…
Quoi qu’il en soit, les spectateurs, les spectatrices ont peu osé parler d’Electra au sortir des séances d’Annecy : inconfortable, percutant, malséant… on aura davantage parlé de technique, de rythme, de structure… bref de la surface. Là où le film mérita bien qu’on entre dans sa profondeur, ses différentes couches sédimentaires, tous ses flux organiques.
LA MOITIÉ DU MONDE : rencontre avec Nathalie Marcault [par Lubna Beautemps]
INTERROGER LE DÉSIR D’ENFANT
La moitié du monde est un journal intime, une quête qui a duré plus d’une quinzaine d’années où Nathalie Marcault cherche à décortiquer le désir d’enfant, ce qui fait que parfois l’on devient parent et d’autres fois non.
Presque 15 ans après À la gauche du père où Nathalie Marcault retraçait le lien à un père absent et questionnait déjà la filiation, avec La moitié du monde, elle s’arrête cette fois sur la relation à sa mère et sur le fait de le devenir soi-même. Qu’est-ce qui fait naître le désir ou bien l’en empêche ? Qu’est-ce qui dans notre histoire personnelle et dans l’Histoire sociale nous influence ?
A travers son chemin personnel, avec une matière hybride et conséquente, ainsi qu’une écriture étirée sur plusieurs années, Nathalie Marcault nous pose toutes ces questions, quelles soient intimes, philosophiques, presque spirituelles. Un (très bon !) moment passé en sa compagnie, nous permet de nous plonger dans la création de ce film touchant, étonnant, parfois déroutant…
Jeanne Malivel… de Laurence-Pauline Boileau [par Tristan an Nedeleg & Lynda Durand]
JEANNE MALIVEL, ICÔNE SOLAIRE DU DESIGN BRETON
L’écriture du film Jeanne Malivel, Un soleil se lève a germé en Laurence-Pauline Boileau après la rencontre d’une galeriste : Magdeleine le Bouffo, une dame très âgée, chaleureuse et vibrante. Une amitié s’est nouée et la conversation a rapidement porté sur une artiste dont les très nombreuses oeuvres couvraient les murs de la maison-galerie : une certaine Jeanne Malivel, dont la réalisatrice n’avais jamais entendu parler…
Retour d’écran sur le film produit par RnB!FILMS, dont l’avant-première aura lieu le 15 juin au Ciné TNB (Rennes) et la diffusion sur TVR à partir du 22 juin…
Nuits Blanches de Janis Aussel [par Franck Vialle]
Son travail en papier découpé a notamment inspiré le long métrage The Breadwinner réalisé par Nora Twomey et produit par le studio Cartoon Saloon. Ses propres films ont voyagé dans de nombreux festivals comme Basav ! ou Emilien, d’autres sont visibles sur internet comme The Hateful Eight, carte blanche d’une minute pour les « Shortcut » d’Arte.
Janis Aussel vient de finir Nuits Blanches produit par la société rennaise JPL Films – le film a été présenté en compétition du Festival National du Film d’Animation en avril 2023.
Retour d’écran en forme de lettre à son auteure…
Les Silencieux de Basile Vuillemin [par Franck Vialle]
SOURDRE PLUS FORT QUE LE CHANT DU LOUP
Le film de Basile Vuillemin Les Silencieux continue joyeusement sa route des festivals en France et ailleurs… avec une première « pêche » de prix, et ce avec une joie non dissimulée, que partagent toutes celles et ceux qui de près ou de loin ont participé à cette aventure. Ces jours-ci, le film part pour Clermont-Ferrand, Mons, Rennes. Pour nous, c’est une occasion toute trouvée de nous plonger dans le film, et d’imaginer faire retentir un peu plus son écho…
Saint Jean Baptiste de Jean-Baptiste Alazard [par Killian Bouthemy]
DRUNK
Dès le titre de son film, le cinéaste Jean Baptiste Alazard se proclame prophète. Avec des fragments d’épiphanie, il revient sur sa Trilogie La Tierce des Paumés en montant des rushs ignorés de ces tournages. Une prise de recul à la première personne qui se rapproche du journal filmé.
Interdit aux chiens et aux italiens d'Alain Ughetto [par Bérangère Portalier]
RITALE SANS MÉMOIRE, OU L’ITALIE ENCHANTÉE
L’Italie, c’est le pays dans lequel on arrive quand on grimpe aux branches de mon arbre généalogique. Si mon nom n’a rien d’italien, c’est qu’il est rattaché à la seule lignée française, celle du père de mon père. Mais la vérité, c’est que tous les autres chemins mènent à Rome, enfin par là-bas. Pourtant, à part une vague sympathie pour les ritals, rien n’a été transmis, alors quand je m’assois dans le fauteuil en velours du cinéma pour voir Interdit aux chiens et aux italiens, je ne me sens même pas concernée.
La projection démarre, et je m’installe confortablement dans le récit. Les personnages ont des trognes terriblement attachantes. Le film fourmille de trouvailles visuelles et narratives, et la voix d’Ariane Ascaride est si douce que c‘est un régal. Je passe un excellent moment.
C’est à quelques minutes de la fin que c’est arrivé.