Dès le titre de son film, le cinéaste Jean Baptiste Alazard se proclame prophète. Avec des fragments d’épiphanie, il revient sur sa Trilogie La Tierce des Paumés en montant des rushs ignorés de ces tournages. Une prise de recul à la première personne qui se rapproche du journal filmé.
Tous les souvenirs de dix années d’une vie dansent autour d’un feu de camp, seule lumière dans cette montagne isolée. Tant de visages, accompagnés de gestes simples, qui éblouissent la pellicule, ont pu allumer cette flamme. Jean Baptiste Alazard, monte les escaliers du phare de sa vie, il y prend du recul et cherche à donner une lumière nostalgique et pleine d’espoir sur ses souvenirs. Le court-métrage est une exploration poétique et symbolique de la foi, de la fête et de l’éternité. En pèlerinage, le cinéaste gravit les montagnes à travers la France à la recherche d’un miracle, pour concilier ses croyances spirituelles avec ses désirs artistiques.
Une voix off, aux accents prophétiques, venant d’outre tombe déterre les fous et les folles qui accompagnent la vie du réalisateur, la messe peut commencer. Chacun·e est le messie, le·la prophète qui guide le film. Tous·tes sont en quête de trouver Jean Baptiste. Dans l’alcool, la fête, les manifestations, les luttes et ses lumières. Alors l’alcool coule à flot, le sang que l’on partage, dans les joies et les regards éternels.
Le partage de souvenirs et d’archives personnels est un exercice intime que le cinéaste rend universel en nous partageant ces multiples références cinématographiques, lyriques et humaines. Le film-monde prend forme lorsque les portes de Saruna Bartas, de Joseph Delteil ou de Novalis s’ouvrent à nous. Les références affirment une communauté des formes et des souvenirs créant une humanité qui traverse les âges. Jean Baptiste Alazard tente, dans ce montage éclectique, de créer son paradis. Mais dans un aveu d’échec, il nous annonce qu’il n’est pas le Christ. Les nuages se ferment, le soleil disparaît, les verres se remplissent et il lui reste cette caméra pour immortaliser ces visages. Il ne sera pas le Christ mais bien le scrib de ce peuple déserteur et minoritaire vivant en marge de la France Rurale
Dans le cadre de notre partenariat avec le nouveau master « Ecritures du réel » proposé par l’Université Rennes 2, nous avons proposé à un étudiant de porter un regard sur un film de la programmation. Killian Bouthemy a choisi de nous parler de Saint Jean Baptiste, court métrage expérimental de Jean-Baptiste Alazard produit par Stank. |
LE FILM
Saint Jean-Baptiste de Jean-Baptiste Alazard – Expérimental – 20 minutes – Production : Stank
« Race de vipères, qui vous a appris à fuir la colère qui gronde ? Vous voulez changer le monde ? Montrez-le. »
Jean-Baptiste, évangile de Matthieu.
Tel un journal intime nostalgique, le film retrace dix années de la vie du cinéaste et de ses ami·es, à travers les fêtes et les luttes, en essayant de saisir chaque moment et de se souvenir de ceux passés ensemble. C’est une ode à la vie païenne, aux communautés et à ces gestes qui nous ont permis de vivre ensemble depuis dix mille ans.