A l’approche des élections régionales de décembre 2015, Films en Bretagne s’est adressé aux femmes et aux hommes qui sollicitent actuellement les suffrages des citoyens. Comment considèrent-ils la culture en région ? Quelles sont leurs ambitions en matière d’audiovisuel et de cinéma ? Et leur vision concrète d’un développement décentralisé de ce secteur ?
Aujourd’hui, la rédaction rencontre Jean-François Gourvenec, tête de liste de l’ « Union Populaire Républicaine ».
Pour rappel : Un questionnaire a été envoyé début octobre aux partis en lice. Lutte Ouvrière et sa tête de liste en Bretagne, Valérie Hamon, n’ont pas souhaité s’exprimer. Le Front National de Gilles Pénelle n’a pas répondu à nos sollicitations. Six entretiens ont été réalisés entre le 5 octobre et le 5 novembre. Les réponses ont été recueillies oralement, synthétisées, puis validées par chaque candidat. Les trois listes qui se sont déclarées plus tardivement, ont été contactées par Films en Bretagne, sont en cours d’entretien ou en attente d’une réponse.
Cette série d’entretiens sera publiée dans l’ordre de réponse à nos sollicitations. Une infographie clôturera ce dossier « Régionales 2015 », reprenant de façon synthétique les grands thèmes abordés par chaque candidat.
Jean-François Gourvenec, 39 ans, est originaire de Ploudalmézeau (29). Il réside à Quimper où il est cadre dans une banque mutualiste. Après avoir suivi une clientèle professionnelle d’artisans et d’agriculteurs, il s’occupe désormais de dispositifs bancaires pour les personnes en difficulté. Il a d’abord milité à l’UDF et se dit héritier de la social-démocratie européenne. En 2009, il découvre les analyses de François Asselineau, créateur du mouvement politique « Union Populaire Républicaine ».
Inspiré par les idées et la philosophie du Conseil national de la Résistance de 1944, ce parti se construit sur le principe de souveraineté nationale et vise à sortir la France de l’Union Européenne.
Jean-François Gourvenec est tête de liste de l’UPR en Bretagne.
– Films en Bretagne : Quel est le programme culturel de l’Union pour la République en Bretagne pour les régionales ?
Nous avons surtout une vision nationale et internationale de la culture, mais avec une cohérence au niveau régional. Nous abordons cette question par l’éducation. Puisque les lycées relèvent des compétences de la Région, nous souhaitons qu’ils soient ouverts à toutes les cultures du monde. Je précise que ce n’est pas la mondialisation que nous remettons en cause mais l’américanisation de la société. On ne veut pas que le monde soit dirigé par une vision anglo-saxonne. Il existe un festival panafricain du Cinéma à Ouagadougou, on n’en parle pas ! Alors que Deauville et Cannes, on y a le droit toute la journée. Les jeunes doivent connaître et comprendre ce qu’est la diversité culturelle.
– Quel est votre projet pour l’audiovisuel et le cinéma en Bretagne ?
Nous souhaitons voir le développement d’une télévision régionale qui puisse représenter l’ensemble des courants d’idées. L’UPR est aujourd’hui black listé dans les médias nationaux, mais cela commence à changer au niveau régional. Les citoyens ont davantage besoin de médias indépendants qui fassent entendre leur voix. Nous souhaitons soutenir une offre de médias alternatifs, au niveau régional et national.
– Compte tenu de la baisse des dotations de l’État aux collectivités, comptez-vous maintenir les dispositifs de soutien à l’audiovisuel existants en Bretagne ? Les nouvelles compétences de la Région étant économiques, prévoyez-vous de soutenir les entreprises du secteur ?
S’il y a bien un budget auquel on ne touchera c’est bien celui de la culture ! Maintenant, nous avons besoin de trouver de nouveaux leviers économiques. Nous commencerons par diviser par deux le nombre d’élus et de cabinets. Nous insistons aussi sur le fait que sur le plan économique, ce n’est pas au niveau régional que nous allons pouvoir drastiquement changer les choses. Si nous voulons sortir de l’UE, de l’Euro et de l’OTAN, ce n’est pas pour rien. Quelles sont les principales sources de financement des régions ? Ce sont bien les dotations de l’État. Or les grandes orientations des politiques économiques des États sont dictées par les instances européennes et internationales, l’orthodoxie libérale. L’État français a aujourd’hui peu de marges de manœuvre, les régions encore moins. Les choses se jouent au niveau national et européen.
En Bretagne, nous souhaitons soutenir les TPE et surtout l’emploi durable. Le secteur de l’audiovisuel est naturellement concerné.
– On sait aussi que l’Europe peut doter les régions de subventions pour le développement de programmes culturels notamment. Comment proposez-vous d’accompagner la production spécifique en langue bretonne ?
Qu’est-ce que le modèle des euro-régions ? Sur le modèle des Länder allemands, ces régions iront négocier directement à Bruxelles. Qu’est ce qui va se passer ensuite ? Regardez en Catalogne : dans quelques années, légitimement, nous allons dire « nous, régions, nous allons traiter directement avec Bruxelles sans avoir besoin de passer par la nation ». Derrière ce genre de politique, ce qui est à l’œuvre, c’est le démantèlement de la nation. Ce n’est pas la Bretagne unifiée à Nantes qui pourra s’opposer à la Chine ou aux États-Unis.
Le corollaire de cette politique c’est la Charte des langues régionales. On attaque la France par le haut et par le bas : promotion de l’anglais au niveau national (cf la loi Fioraso sur l’enseignement supérieur et la recherche) et promotion de la langue bretonne au niveau régional. L’échelon à abattre ou à fragiliser est bien le français. La décentralisation c’est bien et je ne suis pas pour la remise en cause du breton. Mais la France est une construction politique depuis 1500 ans. L’amour de sa région ne doit pas entraîner la haine de sa nation.
– Comment vous positionnez-vous sur une offre audiovisuelle régionalisée comme l’invite le rapport Anne Brucy ?
Je suis tout à fait favorable à l’émergence de médias alternatifs en Bretagne, mais pas forcément en breton. La pluralité des opinions est à encourager, il n’y pas de problème là-dessus. J’ai moi aussi parlé le breton à l’école. On maintiendra les crédits pour l’enseignement en langue bretonne et également pour les programmes audiovisuels en breton.
– En guise de conclusion, comment envisagez-vous de travailler avec les professionnels du secteur, désormais habitués à travailler en concertation avec le politique ?
Il me semble naturel que les professionnels soient consultés par les élus qui mettent en place des politiques. N’ayant jamais été aux affaires, nous commencerons par faire un état des lieux des politiques et des comptes de la Région. L’UPR souhaite aussi mettre en place un référendum d’initiative populaire. Si une pétition remporte au moins 1 % de l’adhésion du peuple, elle est alors soumise au référendum. Cela pourrait notamment être intéressant pour faire entendre vos voix et vos projets dans le domaine audiovisuel. Nous avons besoin de renouveau politique et de démocratie locale.
Propos recueillis et photographies par Pauline Burguin
A venir les entretiens réalisés auprès de :
- Sylvie Larue, tête de liste (pour l’Ille et Vilaine) « L’humain d’abord »
- Et les éventuels entretiens avec un candidat des plus récentes listes déclarées auprès de la Préfecture de Région : « Notre chance l’indépendance », « Bretagne en luttes ».
Lien(s) en relation avec ce sujet
Le questionnaire envoyé aux candidats des différentes listes bretonnes pour les élections régionales 2015.
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Liens vers les entretiens réalisés dans le cadre de cette campagne Régionales 2015 :
- Jean-Jacques Foucher, tête de liste « Debout la France »
- Isabelle Le Bal, 3ème (Finistère) sur la liste « Le choix de la Bretagne », Républicains/Modem/UDI/régionalistes
- Didier Chapellon, 2ème (Ille et Vilaine) sur la liste verte « Une autre voie pour la Bretagne », Europe Ecologie Les Verts, Bretagne Ecologie et des non encartés
- Christian Troadec, tête de liste « Oui la Bretagne »
- Jean-Michel Le Boulanger, 5ème (Morbihan) sur la liste « La Bretagne avec Jean-Yves Le Drian », PS et apparentés
- Jean-François Gourvenec, tête de liste de « l’Union Populaire Républicaine en Bretagne »
- Sylvie Larue, tête de liste en Ille et Vilaine « Front de gauche »
- Bertrand Déléon, tête de liste « Notre chance l’indépendance »