A l’approche des élections régionales de décembre 2015, Films en Bretagne s’est adressé aux femmes et aux hommes qui sollicitent actuellement les suffrages des citoyens. Comment considèrent-ils la culture en région ? Quelles sont leurs ambitions en matière d’audiovisuel et de cinéma ? Et leur vision concrète d’un développement décentralisé de ce secteur ?

Aujourd’hui, dernier entretien, celui réalisé auprès de Bertrand Déléon, tête de liste « Notre chance, l’indépendance ».

 

Cet entretien n’a pas été réalisé sur le même mode opératoire que les précédents. Bertrand Déléon, chef de file de « Notre chance l’indépendance » n’a pas pu dégager le temps nécessaire à une rencontre pour échanger de vive voix et a transmis à la rédaction ses réponses par écrit.

 

Pour rappel : Un questionnaire a été envoyé début octobre aux partis en lice. Lutte Ouvrière et sa tête de liste en Bretagne, Valérie Hamon, n’ont pas souhaité s’exprimer. Le Front National et Bretagne en luttes n’ont pas répondu à nos sollicitations. Six entretiens ont été réalisés entre le 5 octobre et le 5 novembre. Les suivants se sont déroulés après la parution des listes inscrites officiellement auprès de la Préfecture de Région.

Les réponses ont été recueillies oralement, synthétisées, puis validées par chaque candidat. Cette série d’entretiens est publiée dans l’ordre de réponse à nos sollicitations. Une infographie clôturera ce dossier « Régionales 2015 », reprenant de façon synthétique les grands thèmes abordés par chaque candidat.

 

Bertrand Déléon, 41 ans, est professeur des écoles en établissement Diwan dans la région de Vannes. Mouvement affilié au Parti Breton (PB), « Notre chance, l’indépendance » souhaite que la Bretagne devienne un État indépendant dans l’Europe. Autonomie économique et énergétique de la Bretagne, renforcement de l’enseignement et des médias en langues bretonnes sont les grands axes du programme de « Notre chance, l’indépendance » pour les élections régionales prochaines.

 

– Films en Bretagne : Quelle est la place de la culture dans votre projet politique régional ?

C’est un point primordial. La culture est l’expression d’une société, vivante, plurielle, diverse, ce qu’est la société bretonne d’aujourd’hui. De fait, nous intégrons dans un même projet la culture en Bretagne et la culture bretonne.
Nous tenons à ce que chacun  puisse se retrouver dans une politique culturelle de qualité : aussi nous nous attacherons à donner à la politique culturelle une place conséquente.

– Avez-vous un projet pour le secteur audiovisuel et cinématographique en Bretagne ? Pouvez-vous nous le décrire ?



Nous pensons qu’il est urgent de créer des médias bretons de qualité. Nous voulons mettre en place des chaînes de télévision et des radios couvrant les 5 départements bretons. Les compétences ne manquent pas en Bretagne, nous sommes donc à même de le faire. Les médias papiers bretons sont parmi les plus gros d’Europe, par contre entre le diktat du CSA et le centralisme, peu de place pour les faire évoluer. Il existait un pôle audiovisuel intéressant à Lorient, tout n’est pas perdu mais il faut bien avouer qu’il a été torpillé. 
Un exemple : sans les médias bretons, une liste comme la nôtre a très peu de chances d’exister dans l’opinion…

– Aujourd’hui, le soutien régional apporté à la filière passe par des dispositifs comme le FACCA, le fonds filière ou encore le COM2 conclu avec l’ensemble des diffuseurs régionaux. Ce budget global est en augmentation constante depuis 20 ans, et atteint aujourd’hui 5 millions d’euros. Comptez-vous maintenir, ou renforcer ces dispositifs, et pour quel budget ? Quels changements éventuels voudriez vous apporter à ces aides à la création ?

Une augmentation substantielle du budget (en le faisant passer d’abord à 10 millions) et nous le renforcerons dans la limite des fonds disponibles. L’administration directe par la Bretagne de la DRAC, ou un équivalent, est prioritaire. Il est nécessaire de promouvoir et soutenir la création artistique et culturelle bretonne et d’utiliser, pour ce faire, les langues de Bretagne.

– Les nouvelles compétences des Régions étant économiques, prévoyez-vous d’intervenir par des aides directes aux entreprises du secteur, comme d’autres régions le font déjà ? Quels autres dispositifs pourriez-vous mettre en œuvre pour contribuer au développement du secteur ?

Oui, nous ferons de même. Plusieurs pistes peuvent être dégagées : promouvoir la production cinématographique bretonne afin de parler de la Bretagne actuelle, soutenir la création d’une école de cinéma bretonne en est une autre. Ceci n’est pas exhaustif.

– Comment proposez-vous d’accompagner le développement global de la la création en langue bretonne ?

Il faut promouvoir le doublage des films, des reportages, des séries, des émissions diverses en breton. Aussi, il est nécessaire de trouver des locuteurs et traducteurs en nombre suffisant. Il faudra donc penser le budget pour cette filière. Il est primordial de participer au développement de la création en langue bretonne, notamment à destination de la jeunesse. Donner à tous des programmes de qualité.

– Le pacte d’avenir donne la possibilité d’expérimenter une offre audiovisuelle régionalisée. Que seraient vos propositions dans ce cadre ?

Comme il a été indiqué plus haut, nous voulons la mise en place de chaînes de télévision et de radios en breton, français, gallo, pour les 5 départements qui forment la Bretagne. Dans une Bretagne qui choisit elle-même ses orientations économiques et lève ses impôts, nous aurons les moyens d’accompagner un tel développement.

– En Bretagne, les professionnels de l’audiovisuel et du cinéma sont considérés par les décideurs politiques comme des partenaires à part entière. Comment envisagez-vous la collaboration avec ce secteur ? Quels modes de concertation voulez-vous privilégier ?

Nous déciderons avec les partenaires de la politique audiovisuelle à mener sur le territoire breton.

Réponses transmises par écrit à Pauline Burguin

 

Lien(s) en relation avec ce sujet

 

Le questionnaire envoyé aux candidats des différentes listes bretonnes pour les élections régionales 2015.

 

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Liens vers les entretiens réalisés dans le cadre de cette campagne Régionales 2015 :

  • Jean-Jacques Foucher, tête de liste « Debout la France »
  • Isabelle Le Bal, 3ème (Finistère) sur la liste « Le choix de la Bretagne », Républicains/Modem/UDI/régionalistes
  • Didier Chapellon, 2ème (Ille et Vilaine) sur la liste verte « Une autre voie pour la Bretagne », Europe Ecologie Les Verts, Bretagne Ecologie et des non encartés
  • Christian Troadec, tête de liste « Oui la Bretagne »
  • Jean-Michel Le Boulanger, 5ème (Morbihan) sur la liste « La Bretagne avec Jean-Yves Le Drian », PS et apparentés
  • Jean-François Gourvenec, tête de liste de « l’Union Populaire Républicaine en Bretagne »
  • Sylvie Larue, tête de liste en Ille et Vilaine  « Front de gauche »
  • Bertrand Déléon, tête de liste « Notre chance l’indépendance »