Le pôle audiovisuel Douarnenez-Cornouaille inaugure son projet d'avenir


Comme ils ont grandi ! C’est la première réflexion qui vient à l’esprit lorsque l’on pénètre dans le couloir du pôle audiovisuel Douarnenez-Cornouaille. Les bureaux partagés, encore timidement investis il y a un an par les pionniers du projet et les quelque vingt autres usagers dont on voyait encore difficilement l’empreinte sur un mobilier vide, affichent aujourd’hui complet ! Les murs ont pris des couleurs. Le matériel de prise de vue, les stations de montage, les postes d’étalonnage, les casques de réalité virtuelle, les projecteurs, les téléviseurs, les ordinateurs portables, la paperasse, les trousses pleines de stylos, sont autant d’indices : l’aventure du pôle n’est pas qu’un simulacre inaugural, elle a bien démarré.

Et puis, il y a ces visages lumineux, ces sourires francs qui rayonnent sur le visiteur tantôt accueilli par un réalisateur, une ingénieure du son, une productrice, une chargée de communication… Ici, Lucie Hardoin fait découvrir le son binaural ; là, Guillaume David vous aide à enfiler un casque qui vous conduira dans une réalité virtuelle ; un peu plus loin Laurence Ansquer fait figure de taulière puisque Tita Productions, la société qu’elle dirige avec Fred Prémel, s’est implantée dans ces locaux depuis plusieurs années, bien avant l’idée d’y installer le pôle.

Et quelle idée : réunir en un même lieu tous les professionnels de l’audiovisuel et du cinéma de Cornouaille. Ils sont aujourd’hui plus de 70 à être adhérents du pôle, parmi lesquels des acteurs du spectacle vivant. Trente professionnels occupent physiquement les bureaux, qu’on trouve déjà trop petits. En présence des élus et autres partenaires, il est d’ailleurs important que le message passe : «  Nous portons surtout des ambitions nouvelles pour demain », affirme dans son discours Anne Gouerou, journaliste-réalisatrice et coprésidente du pôle, avant de commenter l’inadaptation des bureaux loués à la coopérative maritime, trop sonores et incapables d’accueillir de nouveaux professionnels et de nouvelles spécialités. La coprésidente insiste aussi sur les domaines d’excellence qui gagneraient à être identifiés et développés à travers le pôle ; comme les tournages sur l’eau ou sous l’eau, ou encore l’exploitation des décors maritimes locaux. Elle évoque ensuite le domaine foisonnant du spectacle vivant qui peut se décliner sous son versant audiovisuel, par les clips, les captations, les créations vidéos… Les nouvelles technologies sont aussi citées ainsi que la production en langues bretonnes.

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© Pascal Hennequin

 

Tout le monde l’a donc compris, en ce jour d’inauguration, le pôle n’en n’est qu’à ses balbutiements et les énergies présentes pensent son développement en terme de taille et de confort de locaux mais surtout comme le développement d’une filière et d’une économie sur le territoire de Cornouaille.

Fred Prémel, lui même coprésident, aborde ainsi devant l’assistance l’étude-action qui a été lancée il y a un an pour penser et chiffrer le développement et la structuration du pôle audiovisuel Douarnenez-Cornouaille. En tout 62 400 euros ont été alloués pour cette étude, grâce au soutien cumulé de l’Europe, de la Région Bretagne et du Pays de Cornouaille ; au travers notamment du programme LEADER, coordonné par Quimper Cornouaille Développement. Depuis mi-août, et jusqu’à mi-juin 2020, Gwenaëlle Coudroy est recrutée à mi-temps pour conduire cette étude sous la direction de la Pool, société brestoise dirigée par Muriel Bougourd.

Après avoir résumé cette étude, Fred Prémel, producteur de son métier, pointe les retombées économiques de l’industrie du cinéma sur le territoire, en donnant pour exemple le tournage de Commissaire Dupin, série qui aurait généré « 1,5 millions d’euros de retombées économiques pour 88 jours de tournage ». Un rappel venu contrarier l’apriori selon lequel les secteurs du cinéma, de l’audiovisuel et du spectacle vivant ne représenteraient que des charges. Ils sont pourvoyeurs d’emplois a rappelé le coprésident du pôle, avant de revenir à la particularité des industries culturelles et créatives, en terme d’ouverture sur le monde, de partage, et de fabrication d’œuvres.

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© Pascal Hennequin

 

Devant un parterre d’adhérents et de visiteurs de plus en plus clairsemé, les élus prennent ensuite tour à tour la parole, du maire de Douarnenez François Cadic au sénateur bigouden Michel Canevet, jusqu’à l’intervention de Jean-Michel le Boulanger, premier vice président chargé de la culture et de la démocratie régionale. Ce dernier inscrit le pôle audiovisuel dans une filiation de créateurs qui se sont succédé en Cornouaille, mais aussi d’hommes et de femmes, qui collectivement, ont su bâtir et faire prospérer le territoire. La transition n’était pas mieux trouvée pour annoncer la projection au cinéma Le Club de Douarnenez de Plogoff, des pierres contres des fusils, réalisé par Nicole et Félix le Garrec, mis à l’honneur lors de cette inauguration. Ce film qui embrasse la lutte des habitants de Plogoff contre l’installation d’une centrale nucléaire dans les années 80, est aussi la marque de l’abnégation d’un couple, qui privé d’aide pour réaliser ce long métrage, a investi ses biens personnels pour qu’il voit le jour.

« Contre la nuit, la création ! » déclamait Jean-Michel Le Boulanger citant Malraux et rappelant au passage la responsabilité des enfants du cinéma et du spectacle, dont le pôle est une maison, où on leur souhaite de grandir tous ensemble.

Yves Mimaut

 

 

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© Pascal Hennequin