Pôle Audiovisuel Douarnenez Cornouaille : Acte I


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Adhérents du Pôle Audiovisuel Douarnenez Cornouaille


Reconnue comme une place forte du cinéma en Bretagne, notamment grâce à son festival qui a signé l’été dernier sa 41ème édition, Douarnenez et ses environs comptent plus de 70 professionnels qui travaillent dans le secteur de l’audiovisuel, tous métiers confondus. Pour autant, jusqu’au premier septembre 2018, aucune structure ne donnait corps à cette pépinière. C’est chose faite, le Pôle audiovisuel de Douarnenez Cornouaille est à quai.

250 mètres carrés de bureaux loués à la coopérative maritime, sur le port de Rosmeur, voilà où ont élu domicile les premiers résidents du Pôle audiovisuel de Douarnenez Cornouaille, et parmi eux ses pionniers : Pauline Burguin, Anne Gouerou, Fred Prémel, et Julien Cadilhac. « Je partageais au Pôle Image de Lorient un bureau avec une journaliste, dans l’enclos du port, avant que le bâtiment ne soit rasé. J’ai quitté la ville pour m’installer à proximité de Douarnenez, et j’ai rapidement cherché un lieu d’échange autour de mon activité. J’en ai parlé à Julien Cadilhac, monteur, puis à Anne Gouerou, réalisatrice. Fred Prémel de Tita Productions était aussi intéressé. L’idée avait en fait déjà germé du côté des Douarnenistes » raconte Pauline Burguin, réalisatrice.

« Il y a trois ou quatre ans, Erwan Moalic, fondateur du Festival de Douarnenez et directeur de Daoulagad Breizh, avait émis le souhait que les professionnels de Cornouaille se fédèrent. Il nous a dit « maintenant on se réunit ! » », complète Fred Prémel. « A la première réunion il devait y avoir 20 personnes. » Un an plus tard, Pauline, Fred, Julien et Anne en réunissent plus de 50. Parmi leurs soutiens, Rodolphe Rohart, retraité des services culturels du Conseil départemental du Finistère.

« Ensuite, il nous a fallu un an pour recenser les besoins des professionnels, chercher des partenariats, notamment avec les collectivités, faire le tour de l’immobilier. Puis nous avons trouvé une maison à Douarnenez qui correspondait à nos envies. Seulement en mars 2018, tout a capoté. Le projet n’a pas pu se faire. Il a fallu se reprendre et déployer beaucoup d’énergie pour trouver un nouveau lieu. C’est finalement dans les bureaux de la coopérative maritime, qui s’étaient vidés suite à une liquidation, que nous commençons l’aventure », résume Anne Gouerou, qui partage un bureau du pôle avec Pauline Burguin, Liza Le Tonquer et Kenan an Habask, tous réalisateurs. Accolé à leur bureau, on trouve l’espace de coworking, et à quelques portes, la salle de montage de Julien Cadilhac.

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Pôle Audiovisuel Douarnenez Cornouaille

                                                                                                                                                                                          L’aventure commence donc, et bien qu’elle ne se soit pas trouvée toutes ses destinations, quelques caps ont déjà été fixés. « Il y d’abord l’idée de réunir des talents, pour favoriser les échanges, mais aussi pour qu’ils soient identifiés de l’extérieur. Le territoire, aussi petit soit-il, accueille beaucoup de tournages, et il est unique d’avoir autant de gens de cinéma in situ. Ils doivent être visibles. Le pôle peut favoriser les collaborations et permettre l’émergence de nouveaux projets. » développe Fred Prémel, dont la société de production Tita B occupe aussi un des bureaux du Pôle. Pauline Burguin rebondit : « Concrètement nous avons déjà mis en place ce que nous appelons ici les « courts-bouillons ». Ce sont des rendez-vous bimestriels où les auteurs et colporteurs d’histoires viennent présenter leurs projets aux membres du collectif dans l’idée d’avancer dans leur écriture. L’Ambiance est intime et bienveillante. Les présentations s’achèvent par un petit apéro qui permet aux professionnels de se rencontrer et d’échanger. » Anne Gouerou poursuit : « Il y a aussi ici l’opportunité de travailler à la réalisation et à la production de films en langue bretonne. Actuellement, nous sommes trois bretonnants à partager un bureau, auxquels s’ajoutent tous les locuteurs adhérents du pôle. » « Les possibilités sont nombreuses. Nous pourrions aussi nous ancrer professionnellement dans le milieu maritime qui nous environne, mettre en place des formations de prises de vue en mer, créer une spécialisation mer et cinéma. Je pense qu’il y a un fort potentiel de développement de la filière du fait de cet espace maritime protégé. » conclut Fred Prémel.

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Pauline Burguin, Fred Prémel, et Anne Gouerou dans un des bureaux du Pôle

                                                                                                                                                                                                     Outre cette ouverture vers le large, le Pôle audiovisuel a aussi vocation à créer des ponts avec d’autres corps de métier que ceux entièrement dédiés au cinéma. Ainsi, La Criée, agence d’accompagnement artistique dans le secteur musical principalement, et Inizi, qui coordonne la saison culturelle sur les îles du Ponant, dans le domaine du spectacle vivant, sont deux structures usagères du Pôle audiovisuel. « Nous avions envie de travailler en collectif, de bénéficier du dynamisme culturel local, d’envisager des mutualisations de moyens. Et puis il y a des connexions entre la musique, le spectacle vivant, et le cinéma » commente Manon Fouquet, co-fondatrice de Inizi et de la Criée. Fred Prémel abonde dans ce sens : «  Il y a des compétences au pôle que l’on peut mettre à profit, pour la réalisations de clips par exemple, de documentaires, de films institutionnels, mais aussi pour de la fiction. Cinéma et musique sont intimement liés ».

Avec plus de 70 adhérents, 26 usagers, le Pôle est autosuffisant. Bien accueilli par les collectivités et connecté aux autres structures régionales de la filière (Films en Bretagne, Groupe Ouest, Tyfilms..), il a bénéficié d’une aide européenne et d’un soutien régional pour que soit réalisée une étude sur son développement économique : « La Pool, une coopérative spécialisée dans l’innovation sociale et les nouvelles formes de travail, nous accompagne pendant deux ans »  précise Anne Gouerou.

Salarier une personne, attirer de nouvelles entreprises, passer par le mécénat, réfléchir à un statut coopératif, mutualiser et louer du matériel, ouvrir des formations, faire de l’évènementiel… des pistes de réflexion parmi d’autres qui seront abordées au cours de ses deux années de lancement.

Maintenant que les professionnels de Cornouaille se sont réunis, il ne reste plus qu’à leur souhaiter d’exploiter au mieux leur potentiel.

Yves Mimaut