« VRAI DE VRAI », UN LONG WEEK-END DE RETROUVAILLES AVEC LE DOCUMENTAIRE…


Du 3 au 5 février, Comptoir du Doc (Rennes), en partenariat avec la Scam et la Cinémathèque du Documentaire, propose un week-end tout entier dédié au cinéma documentaire à La Parcheminerie. Projections de films étoilés par la Scam cette année, rencontres professionnelles, rendez-vous du réseau… De multiples occasions de retrouvailles avec les films documentaires, leurs auteurs et autrices, leurs producteurs et productrices. De multiples occasions aussi d’entrer dans les secrets de fabrication des œuvres…

A vous y retrouver !

 


LES films "Vrai de Vrai" : demandez le programme !

LES SÉANCES À LA PARCHEMINERIE

Vendredi 3 février, 21h00 • soirée d’ouverture

Akeji, le souffle de la montagne de Mélanie Schaan et Corentin Leconte
France / 2020 / 72 minutes / coproduction .Mille et Une films – France Télévisions
Dans la vallée d’Himuro, au Japon, Akeji et Asako semblent avoir toujours vécu dans cet ermitage, parmi les animaux et les esprits de la nature. Saison après saison, Asako cueille des végétaux qu’elle transforme en pigments, Akeji prie et s’adonne à la peinture. Le cycle de la nature semble immuable. Et le temps des humains se fissure.

« Personne n’a jamais vu le temps, personne ne sait s’il existe”, Akeji récite des poèmes. Il parle par aphorismes. Il répète au fil des jours les mêmes gestes. Pourtant, au milieu de paysages grandioses saisis en format cinémascope, où la brume dispute la place à la forêt et la mousse s’accumule sur des statues de pierre, viennent petit à petit s’immiscer la fatigue et la maladie de la femme du samouraï. Asako ne peut plus rester dans la maison isolée où ils ont toujours vécu. Soudain, la ville, le bruit de sa circulation et les couloirs de l’hôpital apparaissent. Décalage qui fait un peu plus ressortir toute la beauté révélée par la vie de ces deux vieux sages. Un film dont la délicatesse imprime durablement sa marque, telle une calligraphie sur un papier fragile. Quand vient l’hiver, il importe de laisser quelques kakis aux corbeaux et aux ours. » (sources : Tenk)
Suivie d’une rencontre avec l’un des cinéastes (lire notre retour d’écran ci-après)

Samedi 4 février, 16h00

Les mots de la fin de Gaëlle Hardy et Agnès Lejeune
Belgique / 2021 / 72 minutes / coproduction Les Films de la Passerelle – RTBF
« Un cabinet de consultation, dans un hôpital public, en Belgique. Un médecin y reçoit des patients : des hommes et des femmes, souvent accompagnés d’un proche. La plupart sont gravement malades, et ils le savent. Ils sont venus pour parler de leur fin de vie. Autant que les circonstances et pour autant que la loi le leur permette, ces patients veulent en effet choisir leur mort. Les dialogues sont francs, intenses, et d’une authenticité bouleversante. Ils sont surtout empreints d’une grande douceur. Les Mots de la fin donne à voir ces rencontres, avec discrétion et respect. Le film montre aussi les soignants, dans leurs échanges et leurs questionnements. Une leçon de vie, et d’humanisme… » ( sources FIFF Namur)
*Suivie d’une rencontre avec Agnès Lejeune

Samedi 4 février, 18h00

L’hypothèse de Zimov de Denis Sneguirev
France / 2021 / 91 minutes /coproduction Arturo Mio – 13 Productions – Ethnofund Film Company – Take Five –  ARTE France –  Ushuaïa TV – RTBF – VRT – RTS – Planète+ Poland
En pleine toundra sibérienne, au-delà du cercle polaire, le géophysicien Sergueï Zimov vit depuis des décennies avec sa famille dans une vieille station météo ex-soviétique, y menant avec des moyens dérisoires une expérience destinée à sauver le monde – au moins en partie, puisque « pour la Californie, lâche-t-il, c’est déjà foutu ». Depuis son installation dans ces lieux magnifiques et hostiles, le chercheur sexagénaire, qui a gagné à sa cause son fils Nikita, étudie pour tenter de l’enrayer la fonte du permafrost, qui figure en tête de liste des catastrophes climatiques imminentes. Cette couche de sol gelé depuis la fin du pléistocène, ou âge de glace, il y a vingt mille ans, retient en effet sous la surface de la terre des millions de tonnes de méthane, un gaz à effet de serre vingt-trois fois plus puissant que le CO2, ainsi qu’une énorme quantité de dioxyde de carbone, de mercure, et quelques virus potentiellement mortels. Pour l’empêcher de disparaître, les Zimov s’efforcent de recréer l’écosystème de l’âge de glace en acclimatant à leur « Pléistocène Park » de 20 hectares des herbivores (bisons, chevaux, rennes, yacks, en attendant les mammouths dont ils rêvent). Ceux-ci, en tassant la neige qui protège le permafrost du grand froid de l’hiver sibérien, doivent lui permettre de recongeler peu à peu. En démontrant à petite échelle le bien-fondé de leur hypothèse écolo-scientifique, ils espèrent convaincre l’humanité de sauver le permafrost, qui couvre un cinquième de la surface planétaire. Des grandes universités comme Harvard et Oxford soutiennent aujourd’hui l’expérience.
Les Zimov ne sont pas tout à fait seuls dans l’immensité sibérienne. Outre leurs épouses (« Les gars s’occupent de sauver la planète et nous, on fait ce qu’on peut », résume la femme de Nikita, en préparant un gâteau avec leurs trois fillettes), Renaldo, un berger ermite qui a quitté sa famille pour prendre soin des troupeaux du parc, mal adaptés au froid, se dévoue aussi corps et âme à l’entreprise. Denis Sneguirev s’est immergé pendant deux ans, été comme hiver, au sein de cette stupéfiante tribu de pionniers, bataillant à mains presque nues contre l’adversité – animaux trop fragiles, véhicules hors d’âge, forêt envahissante, nuées de moustiques, froid polaire… – et jetant toutes ses forces dans un combat inégal contre le temps.
*Suivie d’une rencontre avec le cinéaste

Samedi 4 février, 21h00

Retour à Reims [Fragments] de Jean-Gabriel Périot
France / 2021 / 83 minutes / coproduction Les Films de Pierre – ARTE France – INA
A travers le texte de Didier Eribon interprété par Adèle Haenel, RETOUR À REIMS (FRAGMENTS) raconte en archives une histoire intime et politique du monde ouvrier français du début des années 50 à aujourd’hui.…
« Avec le récit de cette histoire intime et familiale, il nous dresse un portrait très frappant de la classe ouvrière au XXe siècle. Seul Jean-Gabriel Périot, réalisateur-monteur au talent déjà à l’œuvre dans Une jeunesse allemande et de nombreux courts-métrages plus formidables les uns que les autres, était capable d’adapter ce texte avec autant de justesse. Périot est décidément un incroyable dénicheur d’images : elles viennent ici incarner parfaitement ce que nous racontent les mots d’Eribon, déclamés d’une façon magistrale par la comédienne Adèle Haenel. Ce travail est fait avec une grande subtilité car le cinéaste n’utilise pas les archives comme des illustrations à calquer sur un discours préétabli : elles prennent autant d’importance que le texte. Le film se transforme ainsi en un objet riche d’une ressource historique unique, intemporelle et universelle […] De l’art d’interroger les archives comme médium de notre histoire en construction : un œil derrière, un pied devant et toujours le poing levé ! »  (sources : american-cosmograph.fr)
*Suivie d’une rencontre avec Emmanuelle Koenig, documentaliste du film

Dimanche 5 février, 14h00

1996, Hold-up à Moscou de Madeleine Leroyer
France / 2021 / 50 minutes / coproduction Point du Jour – Les Films du Balibari – ARTE France – RTS – Radio Télévision Suisse
En 1996, Boris Eltsine, malade et détesté, brigue un second mandat à la présidence de la Fédération de Russie. Face à lui, Guennadi Ziouganov, un candidat communiste porté aux nues par les oubliés de la transition post-soviétique. Crédité en début de course d’à peine 3 % des intentions de vote, Eltsine parvient contre toute attente à se faire réélire avec près de 54 % des voix. Comment a-t-il pu gagner cette bataille que tous pensaient perdue d’avance ?
Pour l’emporter, Eltsine s’est engagé dans une campagne impitoyable au budget abyssal, dans laquelle le Kremlin, les médias, les hommes d’affaires russes et les puissances occidentales ont uni leurs forces pour que la Russie « ne retourne pas en URSS ». De pactes incongrus en escroqueries à grande échelle, ici avouées sans ambages, ce film de Madeleine Leroyer scille entre film noir et tragi-comédie shakespearienne. Archives rares, animations et témoignages, notamment de Tatiana Diatchenko, fille et conseillère d’Eltsine, de l’ancien vice-Premier ministre Anatoli Tchoubaïs de l’oligarque déchu Sergueï Pougatchev ou encore de l’ancien président du FMI, Michel Camdessus, nous entraînent dans les coulisses ahurissantes d’un moment crucial qui a scellé le destin de la Russie et, par ricochet, celui du monde.
*Suivie d’une rencontre avec la cinéaste et son équipe « animation » (lire le détail de la rencontre ci-après – L’Atelier de Films en Bretagne)

Dimanche 5 février, 16h30

Nous la mangerons, c’est la moindre des choses de Elsa Maury
Belgique / 2020 / 67 minutes / coproduction CVB (Centre Vidéo de Bruxelles) – Gsara – Chuck Productions – CBA – Centre de l’Audiovisuel à Bruxelles
Nathalie, bergère dans le Piémont cévenol, apprend à tuer ses bêtes. Le film suit les gestes d’une éleveuse qui aime et qui mange ses moutons avec attention. Elle est prise sans relâche dans une interrogation à propos des manières de bien mourir pour ces êtres qui nous font vivre. Quel goût a la tendresse ?
« Ce film s’inscrit dans un travail de recherche mené par l’artiste plasticienne Elsa Maury autour de l’écologie pragmatique, qui s’intéresse en particulier aux questions de vie et de mort dans les élevages. Le film tout entier est circonscrit autour du seul univers que compose le troupeau ovin de la bergère Nathalie, entre attention accordée aux bêtes, observation de leur état, soin lorsque cela le nécessite et accompagnement à la vie comme à la mort de chacune des bêtes. Nathalie a une très haute idée de ce que doit être son activité. C’est pour cette raison qu’elle souhaite elle-même pouvoir accompagner ses bêtes jusqu’à la mise à mort. La bergère essaye ainsi de trouver la bonne place vis-à-vis de son troupeau, celle d’intercesseuse, respectueuse de ses bêtes comme de la vie qui coule en chacune d’elles. Les bancs-titres qui ponctuent le film éclairent ce rôle en donnant à lire ses propres interrogations, plaçant ainsi le spectateur au cœur de sa pratique diplomatique, selon la belle expression de Baptiste Morizot. Car ce qui compte au final, c’est bien la vie du troupeau dans toute son entièreté » (sources : Tenk – Julia Pinget, Réalisatrice et Brieuc Mével, Coordinateur d’une saison culturelle)
*Suivie d’une rencontre avec la cinéaste

Dimanche 5 février, 18h3

143 rue du désert de Hassen Ferhani
Algérie, France / 2019 / 104 minutes /
En plein désert algérien, dans son relais, une femme écrit son Histoire. Elle accueille, pour une cigarette, un café ou des oeufs, des routiers, des êtres en errances et des rêves… Elle s’appelle Malika.
« Un huis clos, le portrait à la fois d’un lieu et de personnages, la recherche de l’essence d’une société, cela semble déjà être le chemin emprunté par le cinéma de Hassen Ferhani. Après son premier long métrage Dans ma tête un rond-point (grand succès de la plateforme Tënk), nous sommes heureux de présenter ici 143 rue du désert. Un film en forme de réponse au premier. Malika vit seule, en plein désert, un désert immense, elle y accueille quelques transporteurs et voyageurs – principalement des hommes. Elle est drôle, maline, pleine d’empathie. Cette vie, elle l’a choisie. Cette rue du désert, c’est son salut même si son quotidien est rude. C’est à l’évocation d’un retour à la ville qu’on commence à comprendre la puissance d’une telle vie, de cette vie qu’elle a choisie. Malika a pris sa route, elle a décidé pour elle-même, elle est sortie du “rond-point”, et elle a peur de devoir y retourner.
Le film est un road-movie immobile, un mouvement permanent de découvertes, de rencontres… tout cela grâce à son auteur et à son personnage. Malika, la reine en arabe. Le lieu est aimanté, il donne envie, d’y aller, d’y côtoyer pour un instant cette vie, sa vie, celle de Malika.
God save Malika. » (sources : tenk)

 

Télécharger le programme : https://comptoirdudoc.org/sites/default/files/vrai_de_vrai_2023.pdf


L'Evident coup de coeur de Films en Bretagne en ouverture

vendredi 3 février 2023, 21h • La Parcheminerie, 23 Rue de la Parcheminerie, 35000 Rennes
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Projection et rencontre
SOIRÉE D’OUVERTURE

Un film réalisé par deux jeunes rennais, produit à Rennes et coproduit avec France 2. Un film qui a fait une tournée remarquable des grands festivals documentaires. Un film pourtant, dont nous avant trop peu parlé… « Akeji, le souffle de la montage » de Mélanie Schaan et Corentin Leconte. Cette séance de reprise des Etoiles de la Scam 2022, est également pour nous une occasion de nous rattraper, avec un retour d’écran passionné !

« Akeji, le souffle de la montagne »
de Mélanie Schaan et Corentin Leconte | France | 2020 | 72min | VOSTFR
Etoile de la Scam 2022

Dans la vallée d’Himuro, au Japon, Akeji et Asako semblent avoir toujours vécu dans cet ermitage, parmi les animaux et les esprits de la nature. Saison après saison, Asako cueille des végétaux qu’elle transforme en pigments, Akeji prie et s’adonne à la peinture. Le cycle de la nature semble immuable. Et le temps des humains se fissure.

Réalisation : Mélanie Schaan,  Corentin Leconte • Image : Corentin Leconte • Son : Raphaël Girardot, Mélanie Schaan • Montage : Corentin Leconte, Mélanie Schaan • Mixage : Nathalie Vidal • Musique : Jean-Jacques Lemêtre, Toshi Tsuchitori • une production .Mille et Une films (Gilles Padovani) avec la participation de France Télévisions et TVR et les soutien du CNC, de la Région Bretagne, de la Procirep et de L’Angoa

PALMARÈS :Prix du meilleur essai cinématographique au FIFA (Festival International du Film sur l’Art de Montréal)  • Coup de cœur Télérama • Coup de cœur de la région Bretagne (Mois du Doc) • Sélectionné à la Cinémathèque du Documentaire (Beaubourg, Centre Georges Pompidou) // FESTIVALSFIFA de Montréal • FIPADOC de Biarritz • Rencontres Documentaires de Mellionnec • Docaviv International Documentary Film à Tel-Aviv • Festival de cinéma de Douarnenez • Etats généraux du film documentaire à Lussas • Mois du Doc : Coup de cœur de la région Bretagne • Le Grand Bivouac d’Albertville • Les Ecrans documentaires d’Arcueil • Festival Traces de Vie de Clermont-Ferrand • Ouverture du cycle « Voir Grand avec 25 nuances de Doc » à Beaubourg (Cinémathèque du documentaire) • Festival du Film d’Autrans • 70th Trento Film Festival • Festival Étonnants-Voyageurs à Saint-Malo

retour d’écran : Regard d’ici sur un ailleurs [par Lubna Beautemps]

Sorti en 2020, « Akeji, le souffle de la montagne » de Mélanie Schaan et Corentin Leconte,  produit par .Mille et Une. Films a fait le tour des festivals de cinéma nationaux et internationaux avec plus d’une quinzaine de sélections et des prix à la clé. Coup de cœur du Mois de doc Bretagne, plus de 30 projections s’y sont déroulées, accompagnées par les auteur·es. Akeji a également eu une belle place sur nos écrans de télévision, notamment dans la case 25 nuances de doc de France 2. Un excellent parcours et une belle fenêtre télévisuelle qui est à souligner pour un film de cette audace, si peu formaté, dépassant largement le fait régional, et accédant au statut d’œuvre universelle.

Nous profitons de sa diffusion en séance d’ouverture de Vrai de vrai, évènement organisé par Comptoir du doc, pour vous parler d’un film coup de cœur.

Au crépuscule
.Mille et Une. Films existe depuis presque 30 ans à Rennes grâce à l’énergie et la volonté sans faille de Gilles Padovani et de son équipe. La société a produit plus d’une soixantaine de documentaires pour la télévision et le cinéma mais aussi une dizaine de fiction, dont le 1er long métrage d’initiative bretonne Les Lendemains de Bénédicte Pagnot. Ces films ont émaillés les festivals de cinéma nationaux et internationaux, accumulés les prix et ont été diffusés sur France télévisions, Arte, les chaînes de télévisions régionales.

.Mille et Une. Films a fait émerger des auteur·es et pour certain·es, les a accompagnés dans leur parcours durant plusieurs films. Ayant à cœur de défendre une production et une création régionale, la société a su en même temps porter un regard sur le monde qui l’entoure pour tenter d’en donner une lecture.

A la veille de passer la main à la société Les Nouveaux Jours Productions – portés par Morgane Carriou, Emmanuelle Jacq et Maël Mainguy – Gilles Padovani a produit un de ces derniers grands films, Akeji, le souffle de la montagne, un documentaire de cinéma qui arrive comme un baume sur le cœur, tant il nous imprègne durablement, tant il propose à notre regard une autre perception, une autre conception du monde.

Retour d’écrans
Dans ce film, nous suivons le quotidien d’Akeji, Maître de sabre et de calligraphie, initié à la cérémonie du thé et sa femme Asako, retirés du monde dans un hermitage en pleine forêt japonaise. Akeji est ce qu’on pourrait appeler un sage. Ermite, il est shintoïste, issu d’une lignée de samouraïs, imprégnés de cette spiritualité millénaire, vivant entouré de la nature et ne faisant qu’un avec elle.

Au gré des saisons, le quotidien d’Akeji et d’Asako est fait de ramassage de plantes, de cuisine, de moments spirituels, de pratique de la calligraphie…sans hiérarchie aucune entre ce qu’on pourrait appeler le sacré et les actes plus triviaux.

Le film est construit comme une boucle. L’ouverture et la fin du film se répondent en nous proposant un montage alterné de plans de la nature quasi abstraits et de plans rapprochés de la calligraphie d’Akeji, les deux se faisant écho. Film boucle qui symbolise ici l’éternel recommencement et l’infini variation de la nature, où tout se répète mais où rien n’est jamais vraiment pareil.

La nature a ici un rôle d’importance, loin de servir de simple illustration à notre regard occidental. Le film est parsemé de longs plans larges englobant la forêt et Akeji dans un même cadre. Les cinéastes n’auraient pas pu capter l’essence d’Akeji et d’Asako, sans les filmer dans leur environnement, vivant en harmonie avec la nature, enveloppés par elle, comme un tout. La nature les imprègne et ils imprègnent la nature, rien que dans la peinture d’Akeji. Les pigments de couleur et le papier viennent de son environnement, et il capte son mouvement, ses formes, son essence sur ses toiles.

Il y a des scènes troublantes où l’on voit Akeji se recueillir en pleine nature et où l’on entend d’un coup le souffle du vent qui se lève, où l’on voit la nature bruisser, à croire qu’elle communique avec l’un de ses être vivant, à son appel. On se surprend à penser (ou à espérer ?) que peut-être cela est réel et que ce n’est pas seulement le fait du hasard ou un effet de mise en scène.

Ces plans larges alternent avec des plans rapprochés et des gros plans sur des gestes du quotidien où l’on voit la main d’Asaka écraser les fleurs pour en extraire la couleur, Akeji allumant un feu ou peignant..cette alternance de plans sans hiérarchie entre eux contribuent à nous procurer comme un sentiment de plénitude où tout a la même importance, loin du bruit du monde.

En cela, le film est peu bavard mais il n’est pas pour autant silencieux, bien au contraire. Il y a peu de dialogues, mais les cinéastes nous font entendre le bruit de la nature, le vent, les feuilles qui bruissent, la rivière qui coule, enveloppant ainsi les spectateurs·rices encore davantage. Cette enveloppe sonore contraste avec les scènes où l’on se retrouve dans la ville, sur la route, retrouvant d’un coup cette ferveur, cette vitesse, ce trop plein, venant se rappeler sans ménagement à notre esprit.

Akeji est peut-être un film sur le vide, mais pas celui que l’on croit. Le vide de l’existence, la perte de croyance et de sens de notre monde occidental entre en collision avec la richesse intérieure que l’on perçoit de la vie d’Akeji et Asako.

A l’heure où l’on parle beaucoup d’éco-récit, Mélanie Schaan et Corentin Leconte nous offrent plus que cela. Ces cinéastes nous donnent à voir – avec la bonne distance et avec douceur – l’Autre dans son altérité la plus totale, il·elle nous bousculent dans notre rapport au monde…l’essence même de l’art.

Pour aller plus loin, Comptoir du doc propos un entretien avec les deux cinéastes : https://on.soundcloud.com/Zt8fX


Pour découvrir les secrets de fabrication : l'Atelier de Films en Bretagne

Dimanche 5 février 2023, 14h • La Parcheminerie, 23 Rue de la Parcheminerie, 35000 Rennes
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Projection et rencontre
Autour d’improbables tribulations dans la Russie d’Eltsine : rencontre avec Madeleine Leroyer et son équipe…

A l’invitation de Comptoir du Doc (Rennes), nous proposons une conversation avec Madeleine Leroyer (réalisatrice), Nicolas Peltier (monteur) et Léo Régeard (travail graphique), autour du film « 1996, HOLD-UP A MOSCOU » de Madeleine Leroyer.
L’équipe pourra nous parler de ses « improbables tribulations dans la Russie d’Eltsine », du travail effectué autour des archives et plus généralement de la construction de ce film enquête. 

Animée par Franck Vialle, directeur de Films en Bretagne

 

« 1996, Hold-up à Moscou »
de Madeleine Leroyer | France | 2021 | 50min | VOSTFR
Etoile de la Scam 2022

En 1996, Boris Eltsine, malade et détesté, brigue un second mandat à la présidence de la Fédération de Russie. Face à lui, un candidat communiste, Guennadi Ziouganov, porté aux nues par les oubliés de la transition post-soviétique. Crédité en début de course d’à peine 3 % des intentions de vote, Eltsine parvient pourtant contre toute attente à se faire réélire avec près de 54 % des voix. Comment a-t-il pu gagner cette bataille que tous pensaient perdue d’avance ?

Auteure-Réalisatrice : Madeleine Leroyer • Auteur : Tim Toidze • Image : Henry Marquis, Thibault Delavigne • Montage : Nicolas Peltier • Compositeurs : Benoit Daniel, Olivier Bodin • Mixage : Jérôme Gonthier • Étalonnage : Youen Marivain • Montage son : Pablo Salaün • Coproduction Point du Jour / Les Films du Balibari (Estelle Robin-You) en association avec ARTE France, RTS – Radio Télévision Suisse

Madeleine Le Royer  : Née le 14 juin 1984 à Brest, Madeleine Leroyer est réalisatrice et auteure. Diplômée de Sciences Po en 2007, elle est correspondante en Russie de 2008 à 2014, et a couvert l’ensemble de l’actualité russe pour de nombreuses rédactions françaises et francophones. En 2016, pendant l’écriture de son premier long métrage documentaire, intitulé « Numéro 387 », elle a suit un atelier Varan. Elle est également l’auteure de Une vie de pintade a Moscou, paru chez Calmann- Levy en 2012, et traduit en russe en 2015 chez Ripol-Classic et a intégré l’Accelerator Lab de la fondation américaine Chicken&Egg Pictures.
Pour en savoir plus sur l’autrice, lire aussi : Création documentaire : des nouvelles des Etoiles ?

Nicolas Peltier : Nico Peltier est né en 1983 en Bretagne. Monteur et réalisateur de documentaires, influencé par Raymond Depardon, Gianfranco Rosi ou encore Pedro Costa, ses films se réclament d’une proximité avec le réel. Un cinéma non scénarisé, visant à capter les émotions sur le vif en laissant la parole à ses sujets. Il s’occupe de la photographie de ses films et les coréalise avec un ingénieur du son. Il réalise en 2013 avec Julien Fezans « What a Fuck am I Doing in this Battlefield », fruit de leur rencontre avec le musicien Matt Elliot. Ce film autoproduit remporte le prix du film le plus innovant au festival Visions du Réel de Nyon en 2013, ainsi que le Prix qualité du CNC. Il est également sélectionné dans de nombreux festival à travers le monde.

Léo Régéard : Léo Régeard est dessinateur-illustrateur. Il travaille dans les effets spéciaux, d’abord à Paris puis à Dublin. Il publie en 2018 la bande dessinée « Chiens bleus, Chiens gris » et collabore au court métrage multi-recompensé « Mémorable » de Bruno Collet (2019).


LES AUTRES RENDEZ-VOUS

Vendredi 3 février, 18h00
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Table-ronde : « Comment faire collectif entre auteur.trice.s ?»
État des lieux des différentes propositions mises en place par des collectifs en Bretagne et perspectives à venir autour du compagonnage.
Avec l’ARBRE (Auteurs-réalisat·eurs·ices en Bretagne), Films en Bretagne et le collectif Faire Meute

Suivie à 19h30 du pot d’ouverture du festival Vrai de Vrai !

 

Dimanche 5 février, à 12h00
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Brunch de l’Arbre : un moment de rencontre convivial avec les adhérent.e.s de l’ARBRE et les invités !
En accès libre dans la limite des places disponibles.

Réservations : lesetoiles@comptoirdudoc.org