Implanté en Bretagne depuis 2010, le Festival national du film d’animation se déroulera du 24 au 28 avril 2019 à Rennes Métropole : 5 jours pour célébrer la richesse de la création originale française en images animées, avec plus de 170 oeuvres programmées. L’AFCA – Association française du cinéma d’animation, organisatrice de l’événement, adosse à cette sélection un volet professionnel à l’image de la vitalité du secteur. 2018 marquait l’implantation rennaise du festival et la hausse du nombre de professionnels. Les actions mises en oeuvre en 2019 attiseront-elles leur curiosité ? L’équipe de l’AFCA prend le pari !

 

– Clémence Bragard, vous êtes programmatrice du festival et à l’origine d’une sélection prometteuse, encore étoffée cette année…

« Nous voulions un programme riche et pluriel, en accord avec le dynamisme de la production française. Notre proposition s’élargit et s’implante sur plusieurs lieux partenaires supplémentaires, notamment Les Champs Libres qui accueilleront une partie des œuvres du Salon des expériences numériques animées, la Maison des associations certaines des actions pour les professionnels et Le Tambour de l’Université Rennes 2 un focus spécial sur l’animation des années 1960. Avec un programme enrichi en effet, le crédo du festival est inchangé : mettre en lumière la création originale en images animées, témoigner de sa grande qualité, de sa profusion et de sa diversité, s’adresser au grand public comme aux professionnels. »

 

 

– Vous remarquez une montée en puissance aussi du coté des pitchs, un autre marqueur de ce dynamisme ?

« Oui car l’évolution est nette avec 40% en plus de projets en développement inscrits. Beaucoup de courts métrages, davantage de séries et pour la première année des oeuvres numériques. Nous profitons de cette hausse pour revoir notre manière de proposer ces pitchs. D’une part, les projets portés par leurs auteurs seuls en recherche de producteurs, puis ceux pour qui ces duos sont déjà composés, ils défendront ensemble leurs projets devant un parterre de partenaires de coproduction et de diffusion notamment. Et tous concourront pour un accompagnement en résidence, avec Ciclic-Animation pour un projet de court métrage, The Animation Workshop pour un projet de série, De L’Écriture à l’image pour un projet d’oeuvre numérique. »

 

– Qu’est-ce qui gouverne vos choix du volet professionnel ?

« Tout simplement les objectifs mêmes de notre association, à savoir d’animer les réflexions du réseau et d’accompagner l’émergence. De nombreux rendez-vous sont consacrés à l’écriture, c’est un des points d’honneur du festival et notre manière de promouvoir le travail des créateurs : les projections mettent en lumière le travail des réalisateurs, et la parole des professionnels se concentre sur celui des auteurs graphiques et littéraires dans le cadre de ces temps professionnels. »

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Film en chantier : J’ai perdu mon corps. Le réalisateur Jérémy Clapin dévoile des images inédites de son prochain film à quelques mois de sa sortie au cinéma.

 

– Un volet que vous avez eu à coeur de bâtir en réseau.

« En effet, nous nous appuyons sur le tissu professionnel pour nourrir la programmation qui lui est destiné. Les sujets doivent fédérer les indépendants, les représentants d’organisations et d’institutions qui soutiennent ce cinéma. A cette étape, je ne travaille donc pas seule, j’ai besoin des problématiques de terrain, de partager des intuitions. Et puis même si l’AFCA est une tête de réseau, nous ne connaissons pas tout le monde. Le travail collectif permet de ne pas rester en vase clos. Un exemple évident de ces collaborations est celle régulière avec Films en Bretagne. Elle se nourrit de l’expertise du tissu professionnel du territoire et donne lieu cette année à la matinée du volume, jeudi 25 avril.

Autre exemple, le travail conjoint avec Marie-Pierre Journet, consultante spécialisée en 3D et productrice indépendante, sollicitée pour la mise en place d’un focus 3D. Sa longue expérience au sein du studio Team To et de membre du CA de CITIA (structure organisatrice du festival d’Annecy) a permis d’affiner la réflexion, de préciser le sujet de la table ronde par exemple et de l’incarner avec des invités. Lors de ce rendez-vous, il s’agira de réfléchir à ce que les auteurs spécialisés en 3D identifient comme contraintes ou atouts dès lors qu’ils ont accès aux étapes de création graphique ou littéraire. »

 

– Vous consacrez la matinée du vendredi à une étude de cas de production, des précisions sur son contenu ?

« Les producteurs ont toujours grand intérêt à partager leurs problématiques et nous leur proposons de concentrer leurs échanges sur les étapes de développement des trois projets lauréats d’un appel à projets lancé par la direction jeunesse de France Télévisions au festival d’Annecy 2016. Les intervenants, producteurs délégués de chacun de ces programmes, viendront éclairer les étapes de développement et montrer comment celles-ci sont influencées par les paramètres et critères de sélection de FTV. Ils décriront leur travail avec leurs auteurs littéraires, et les recherches graphiques de concept-artists. Tous ces projets sont en cours, l’un d’eux n’a pas encore son réalisateur.

Une seconde étude de cas est prévue mercredi 24, avec le décryptage de la production de la collection multi-technique Crias (déjà évoquée sur nos pages, ndlr), coproduite entre la Bretagne et le Portugal. »

 

– Le festival est aussi synonyme d’opportunités de rencontres décentralisées avec des structures nationales.

« Oui et pour la première fois nous proposons un atelier avec la SRF (Société des réalisateurs de films). Ce rapprochement entre nos deux structures est à attribuer à Vergine Keaton, l’une des rares femmes réalisatrices en animation élue à la SRF. Nous partageons un objectif commun, encourager la création originale de projets en animation, et ensemble nous avons cherché à utiliser le temps du festival pour l’organisation d’un temps réflexif « Lire l’animation ». Il en va de même pour la réunion du collectif des résidences, le pot networking Les femmes s’animent, ou la rencontre du SNAC (Syndicat national des auteurs et des compositeurs). Le festival sert ici à fédérer les acteurs de manière décentralisée, à répondre aux besoins et interrogations des professionnels depuis une région avec des participants issus de l’ensemble du territoire. »

 

– Un dernier mot sur le speed-dating avec l’AGRAF.

« Parmi les rendez-vous de réseautage, celui-ci est organisé conjointement avec l’AGrAF (Association des auteurs groupés de l’animation française). Ce speed-dating s’adresse aux auteurs graphiques, scénaristes et réalisateurs porteurs d’un projet, et/ou à ceux souhaitant participer à une création originale. Différent d’une séance de pitch, ouvert à tous sur inscription, il consiste à présenter son univers en petits groupes de 2 personnes. Ce rendez-vous vise avant tout la rencontre et l’éventuelle création de binômes. C’est la deuxième année consécutive que l’AGrAF est associée au festival. En tant que regroupement de professionnels et membre du CA de l’AFCA, la logique de réseau est encore à l’oeuvre !

Propos recueillis par Elodie Sonnefraud


L’AGrAF ?

Depuis 2003, cette association nationale – regroupant les trois métiers des auteurs de l’animation, auteurs graphiques, scénaristes et réalisateurs -, conseille et défend les droits des auteurs sur des questions aussi diverses que les conditions de travail, la rémunération, la retraite, etc. L’AGrAF se veut aussi lieu  d’échanges de pratiques. Elle organise pour ses 130 adhérents repartis sur le territoire des temps de transfert de compétences, de rencontres et de réseautage ou des événements de type carte blanche.
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