Une Guitare à la mer est un court métrage d’animation en stop motion et papier découpé réalisé par Sophie Roze. Produit par JPL Films, le film sort en salle le 5 février et nous vous invitons vivement à aller découvrir ce conte réalisé avec une grande délicatesse.
Il fait par ailleurs partie d’un programme éponyme (Une Guitare à la mer) avec 2 autres courts métrages : L’Arrivée des Capybaras d’Alfredo Soderguit et Les Bottes de la nuit de Pierre-Luc Granjon. Trois contes sur le vivre-ensemble, l’amitié et la musique : une ode à la solidarité, à la diversité et au bonheur !
Pour accompagner la sortie du film de Sophie Roze, Franck Vialle, directeur de Films en Bretagne durant 5 ans, a souhaité (re)prendre la plume et nous parler de ce film coup de coeur.
Retour d'écran : "Vivre sans tendresse, il n'en est pas question... Non, non, non, non" (par Franck Vialle)
Chère Lubna,
Oui, je me suis un peu invité dans ce retour d’écran ! Il faut dire que je suis ce film depuis longtemps déjà… Que je garde un souvenir « magique » de chacune de mes rencontres avec Sophie Roze… Qu’Une Guitare à la mer sort en salles la semaine prochaine aux côtés d’un autre film qui nous est cher, réalisé par Pierre-Luc Granjon sur un écran d’aiguilles…
Une Guitare à la mer… C’est peut-être, en ce qui me concerne, le film qu’il fallait pour tourner la page (!)… *
Trêve d’épanchement, venons-en à l’essentiel, ce film est un ravissement… et d’autant plus « saisissant » (prenons là le mot dans son sens le plus littéral, en ce qu’il vous cueille sans que vous ne vous y attendiez !), qu’il est en quelque sorte à l’antithèse d’un certain nombre d’œuvres qui traitent d’amour et/ou d’amitié : aucun marivaudage, aucun faux semblant… « Aux choses qu’on dit, aux choses qu’on fait » (pour faire un emprunt à un délicieux film au demeurant !), Une Guitare à la mer oppose « Les choses qu’on rêve, les choses qu’on est », dans une histoire sans morale, simple, mais pas banale.
Les personnages se rencontrent, partagent des émotions (ou pas), rêvent… La magie du film réside beaucoup dans ce décalage entre le principe de l’animation en Stop Motion et l’invitation à l’identification des personnages ici assez proche de celle de la prise de vue réelle, et cela sans pour autant que le pacte habituel de la connivence avec celui qui regarde soit de même nature que d’habitude… à l’instar de films comme Ma vie de Courgette, Interdit aux chiens et aux Italiens ou le plus récent Ma vie en gros (qui sortira prochainement et que je vous recommande vivement – mais le premier qui commente le principe d’identification de ce film en relation avec ma personne aura affaire à moi !).
Une fois qu’on a dit cela, on se doit de s’expliquer un peu…
Les outils du cinéma sont en effet mis au service d’une histoire simple, prétexte à un voyage sensible et sensoriel, impressionniste en quelque sorte, en ce sens qu’il procède par touches d’impressions. En résulte un « manuel de tendresse », dans lequel Sophie Roze, tant par le scénario et les personnages, que par chaque élément de décor, nous invite à réinventer ce sentiment et ce qu’il implique d’ALTÉRITÉ… Comme je le précisais avant sans morale ou syllogisme, sans que tout cela soit nommer d’ailleurs… C’est juste qu’on le ressent, avec tout à la fois beaucoup de familiarité et, un rien d’exotisme… C’est aussi profond que doux.
Nous y voilà…
S’agissant des procédés, il y a une apparente ingénuité de tout… mais c’est plutôt d’ingéniosité qu’il faudrait parler, tant ce qui ressemble d’abord à un conte pour enfants, nous emmène par le bout du nez en enfance, une enfance qui quelle qu’elle fut pour nous, a quelque chose du paradis perdu. Et on accepte volontiers d’y retourner. Et on accepte volontiers l’adresse du film. Et on accepte volontiers de devenir « innocent » pour une petite demi-heure dans ce paradis perdu… Pour s’apercevoir qu’un peu d’innocence n’est pas la garantie de quelque chose de mieux ou de moins bien… Juste quelque chose de plus VRAI… Juste quelque chose de plus enclin à nourrir l’altérité.
J’ai toujours aimé l’idée que les films sont des chemins… celui-ci est une « ribin » qui nous ramène subtilement en enfance pour finalement nous grandir un peu.
Alors une fois qu’on a dit tout cela… il ne s’agirait pas d’oublier de dire à quel point ce film est également une « friandise » visuelle : marionnettes, décors, accessoires, lumière (magnifique direction de la photographie !)… Tout est généreux et subtil, tout concours à vous emmener dans ce voyage après lequel on ne porte ni ne regarde plus jamais une cravate de la même façon.
Pour la peine, je retranscris ici les deux premiers couplets de la chanson de Bourvil, histoire de ne pas oublier :
On peut vivre sans richesses / Presque sans le sou
Des seigneurs et des princesses / Y en a plus beaucoup
Mais vivre sans tendresse / On ne le pourrait pas
Non, non, non, non / On ne le pourrait pas
On peut vivre sans la gloire / Qui ne prouve rien
Être inconnu dans l’Histoire / Et s’en trouver bien
Mais vivre sans tendresse / Il n’en est pas question
Non, non, non, non / Il n’en est pas question
Un film magnifique sur la tendresse et l’affection, donc… c’est ce que je garde aussi de votre belle équipe de Films en Bretagne.
Bien à toi, bien à vous,
Franck
*A moins que tu ne décides d’une correspondance suivie pour la suite. Je serais ravi de continuer à écrire sur les films écrits, produits, réalisés en Bretagne, parce que j’ai toujours eu plaisir (et il revient !) à partager ça, je l’ai beaucoup fait, autant par plaisir que par « militantisme ».
SUR LA RÉALISATRICE : SOPHIE ROZE
![PORT_SOPHIE_ROZE](https://filmsenbretagne.org/wp-content/uploads/2025/01/PORT_SOPHIE_ROZE.jpg)
Née en 1979, Sophie Roze suit tout d’abord des études d’Histoire-Géographie et d’Histoire de l’Art à Toulouse, puis se tourne vers le cinéma d’animation en intégrant l’École La Poudrière à Valence en 2003. Elle réalise Les Escargots de Joseph en 2009, L’oiseau-cachalot en 2010, coréalise Neige en 2015 avec Antoine Lanciaux et Une Guitare à la Mer en 2023. Ses films sont réalisés en stop-motion, en marionnettes ou en papier découpé, qui sont ses techniques de prédilection. Elle travaille régulièrement aux studios Folimage et JPL Films. Elle est également illustratrice de livres pour enfants depuis 2010.
SUR LE FILM : UNE GUITARE À LA MER
Une Guitare à la Mer de Sophie Roze
Une fouine, dont le métier absurde consiste à vendre des cravates, sillonne la campagne. Considérée comme nuisible, en perpétuelle errance, elle décide de tenter sa chance dans la forêt. Son destin va alors changer grâce à l’aide d’un hérisson.
30′ • France • 2024
Réalisation et Scénario : Sophie Roze • Avec les voix de François Morel, Roseline Guinet, Omar Hasan Jalil, Emiliano Hasan Jalil, Philippe Spiteri, Pascal Casanova, Laurette Gauthron, Manon Gauthron, Gautier David, Raquel Esteve Mora, Loïc Bürkardt, Morgan Strauss, Marie Caudry • Musique : Nicolas Bernard • Producteurs : Jean-François Bigot, Camille Raulo, Nicolas Burlet • Une production JPL Films / Nadasdy Film • Partenaires : Canal+, Centre National de la Cinématographie, Région Bretagne, Département de la Drôme • Distribution : LITTLE KMBO, Doris GRUEL, AUTOUR DE MINUIT, Guillaume ANGE
BANDE-ANNONCE
TOURNÉE DE ZOOM BRETAGNE : PROJECTIONS-RENCONTRES
Zoom Bretagne organise une tournée du programme (les 3 courts métrages) à l’occasion de sa sortie en salle le 5 février 2025.
Plusieurs projections-rencontres – notamment, avec Sophie Roze – auront lieu entre le 9 et 15 février dans plusieurs salles de cinéma en Bretagne.