Nous avons largement suivi le Mois du Doc, qui envahit les écrans de Bretagne plus que dans toute autre région de France, avec près de 400 séances sur plus de 200 communes.
Quatre associations coordonnent l’évènement au niveau départemental – Cinécran (56), Comptoir du doc (35), Daoulagad Breizh (29) et Ty Films (22) tout au long du mois de novembre… leur oeuvre est colossale, engagée… et osons le dire « magnifique » en ce qu’elle participe de la vie du cinéma documentaire en Bretagne, avec ses œuvres, ses spectateurs et spectatrices, mais également bon nombre d’auteurs et d’autrices de Bretagne…
Alors que s’achève doucement le mois de novembre, KUB joue les prolongations avec une sélection de films du Mois du Doc, morceaux choisis dans les riches et enthousiasmantes sélections des quatre association de la coordination, sur sa plateforme…
Une nouvelle invitation à arpenter les « rues » de l’espace public numérique hautement qualitatif que construit KUB jour après jour…
L'éDITO DE KUB : PROLONGATIONS NUMéRIQUES…
L’automne, son cortège d’ondées, ses jours qui raccourcissent et sa programmation de documentaires. Le Mois du doc, c’est d’abord l’occasion de rencontrer les films et leurs auteurs, dans des salles de cinéma ou autres médiathèques. Dans le prolongement de ce mois-événement, KuB propose en accès libre une sélection de huit films issus de la programmation des coordinations bretonnes du Mois du doc : Cinécran (Morbihan), Comptoir du doc (Ille-et- Vilaine), Daoulagad Breizh (Finistère) et Ty Films (Côtes d’Armor).
Cette programmation est l’occasion pour tout un chacun de partager son coup de cœur ou bien de découvrir un film manqué durant le Mois du film documentaire.
Découvrez huit regards singuliers mettant en lumière des histoires collectives et personnelles qui donnent la parole à des personnages authentiques illustrant avec brio la diversité des expériences humaines, entre rires, luttes et espoirs partagés.
Au travers de ces huit documentaires, nous vous proposons un voyage des Pays de la Loire à la Bretagne : Le Mans, Saint-Nazaire, l’île de Groix, l’île de Sein, les Monts d’Arrée, …
Rendez-vous dès maintenant sur KuB pour découvrir les 4 films documentaires de notre sélection, rejoints le 11 décembre par 4 nouveaux films.
pour regarder les films… c’est par ICI |
LES FILMS
Dès le 27 novembre 2023 :
MAËL ET LA RÉVOLUTION de Céline THIOU
2022 • 80 minutes • Les Nouveaux Jours Production
Rien ne prédisposait Maël, 17 ans, enfant des classes populaires, biberonné aux 24h du Mans às’engager pour la défense du climat. Au lycée agricole où il prépare un bac pro, il fait face à des jeunes qui ne partagent pas ses convictions. Dans son potager ou en manif, Maël construit une conscience politique curieuse et critique à la croisée des mondes.
« C’est l’histoire de Maël, que la réalisatrice Céline THIOU saisit au sortir de l’adolescence, au carrefour de l’existence où il faut choisir sa voie. Entre conformisme social ou rupture, Maël choisit la seconde option. Au lycée professionnel et dans l’entreprise de maraîchage, il se confronte aux réalités mais avance sans fléchir dans la direction qu’il s’est choisie : cultiver sa parcelle en permaculture et militer avec Alternatiba, un mouvement citoyen de sortie du capitalisme.
Le film est émaillé de discussions édifiantes avec des potes sur le confort dont il sera très difficile de se passer, de la nasse que représente la société de consommation. Maël et la révolution est un beau film sur la naissance d’une conscience politique subtile qui se confronte aux autres sans les brusquer. »
Serge STEYER – KUB
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TISSEURS DE COLÈRE d’Aurélien BLONDEAU
2020 • 87 minutes • Collectif René Vautier
Les luttes passées et celles d’aujourd’hui font des récits qui se transmettent entre générations. Ici l’histoire commence à Saint-Nazaire, à une époque où les ouvriers filmaient leurs grèves. 40 ans plus tard, les luttes se poursuivent et se réinventent. Une immersion dans les Nuits Debout Parisiennes, sur la ZAD de Notre-Dame-Des-Landes et dans la France des Gilets Jaunes, parmi celles et ceux qui tissent leurs colères face aux crises économiques, écologiques, démocratiques qui menacent. Entre témoignages, assemblées populaires, manifestations et affrontements, le film croise les lieux et les époques à travers un parcours qui mêle le récit personnel à l’histoire collective. A chaque étape un espoir renaît. Les luttes sociales feront-elles encore chanter nos lendemains ?
« En 2011, à la suite du décès de mon père, je découvre des bobines de pellicule qui lui appartenaient. Ce sont des films produits par le centre de Culture populaire de Saint-Nazaire où il travaillait étant jeune. Parmi eux, Quand tu disais Valery, un film de René Vautier sur la lutte des travailleurs de l’usine de Trignac, proche de Saint-Nazaire. Ce film de 1975 est la première production de l’atelier Super 8 du CCP, une émergence du cinéma ouvrier. Sur une autre archive, les ouvriers cinéastes énoncent leurs objectifs : filmer la culture ouvrière. À travers ces images, je redécouvre le contexte dans lequel je suis né, en 1977. Quand j’ai choisi d’étudier le cinéma ouvrier à la Sorbonne, je n’avais jamais abordé le sujet avec mon père. Ces films ont été ma porte d’entrée vers une culture populaire qui s’apparentait alors à une culture de résistance.
Le centre de Culture populaire (CCP) était hébergé par la maison du Peuple à Saint-Nazaire, aux côtés des syndicats. On y mêlait pratiques artistiques et syndicalisme dans un projet d’émancipation sociale, comme me l’expliquent les anciens membres de l’atelier Super 8 que je retrouve quarante ans plus tard. La vieille bicoque qui abrite le CCP ne reçoit plus grand monde et l’ancienne maison du Peuple est cernée par un centre commercial.
Mais je ne pouvais me contenter de raconter cette histoire à partir de vestiges. Tisseurs de colères résonne avec le contexte actuel, il fallait me l’approprier pour lui redonner vie. J’ai arpenté les Nuits debout à Paris, la ZAD de Notre-Dame-Des-Landes et les rassemblements de Gilets jaunes. J’ai tenté de personnifier ces différentes luttes. Chacune d’elles a sa forme, son vocabulaire et son style propre. Chacune de ces luttes est un personnage. Elles ont leur particularité et pourtant elles ont des traits communs comme les espaces occupés, les cabanes, les assemblées populaires.
Et puis il y a les modes d’expression et de captation assimilés par cette culture qui continue de fabriquer ses propres traces. Enfin, je retrouve partout la spontanéité des engagements dont les colères et les espoirs sont faits du même canevas que dans mes extraits d’archives.
Je tire ainsi de l’absurde trois conséquences qui sont ma révolte, ma liberté et ma passion, disait Camus au sujet du mythe de Sisyphe. J’imagine les Tisseurs de colères heureux de mener une lutte, sans cesse recommencée mais qui les entraîne chaque fois vers une forme d’émancipation.
Aurélien BLONDEAU – Intentions « L’émancipation par la lutte »
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LA VIE TOTALE de Samuel POISSON-QUINTON
2022 • 47 minutes • autoproduction
C’est l’histoire d’une rencontre entre un écrivain en panne d’inspiration et une peintre qui peint beaucoup. Ils se rencontrent autour d’un jardin. Au fur et à mesure de leurs échanges, une amitié se noue et un film s’invente à partir du journal de vie de la peintre, Francine Guillon, faisant la part belle à son travail artistique.
« La vie totale, c’est l’histoire d’une rencontre entre un écrivain qui n’écrit plus et une peintre qui peint beaucoup, comme le raconte le réalisateur Samuel POISSON-QUINTON…
Le point de départ est ainsi posé. Francine et Samuel habitent sur l’île de Groix, à proximité l’un de l’autre. Samuel va souvent aider Francine pour des petits travaux au jardin, pour réparer des trucs cassés, ou tout simplement pour passer un moment avec elle. En échange de ses services rendus, Francine offre des tableaux à Samuel. Parce que Francine peint beaucoup et passionnément. Tous les jours, et de tout : des portraits, des paysages, des chiens, des copies d’œuvres célèbres…Samuel, lui, est écrivain mais traverse un moment où il n’arrive plus à écrire. Alors, il décide de prendre la caméra. Il filme Francine, et raconte son histoire, leur histoire. » [LIRE LA SUITE DU RETOUR D’ÉCRAN]
Lubna BEAUTEMPS – Films en Bretagne
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ENEZ d’Emmanuel PITON
2022 • 42 minutes • L’image d’après / Zéro de conduite
Enez est une exploration physique et poétique de l’île de Sein. Tourné en argentique, le film scrute cet espace qui semble loin de tout, en retraçant la mémoire des îlien·nes. La mer grignote peu à peu ce territoire qui sera totalement submergé dans quelques décennies. Les derniers et dernières habitant·es semblent faire face à cette disparition et pourtant ils et elles persistent à vivre ici, sur ce caillou rongé par les eaux.
« J’ai toujours eu une peur de l’eau, de la noyade, du silence des profondeurs. Un jour, j’apprends qu’une partie de mes ancêtres vient de l’île de Sein. Je m’y rends pour la première fois en janvier 2019 et je comprends rapidement que presque toutes les familles de l’île ont un proche disparu en mer. J’apprends aussi que la mer grignote l’île peu à peu. Les tempêtes sont de plus en plus violentes, le territoire est menacé de submersion. Alors que je tente de renouer avec elle, je réalise que la terre de mes ancêtres est vouée à disparaître. Dès lors, il s’agit pour moi de ressentir la vibration d’un monde à la veille de sa disparition. Sur l’île de Sein, le temps semble suspendu. Filmer le présent, c’est filmer cette suspension.
Ce que vivent les habitants aujourd’hui fait écho avec ce qu’ont vécu leurs ancêtres. Ainsi, j’ai souhaité que le film mêle les temporalités, que le passé et le présent se confondent dans cet espace de mémoire.
Mon précédent film, Últimas Ondas, avait été tourné dans les montagnes des Pyrénées espagnoles, à la rencontre des derniers habitants qui peuplent ces lieux escarpés. Ce film sur l’île de Sein est, en quelque sorte, un prolongement. Au fond, c’est la persistance des hommes et des femmes à vivre à l’écart du monde en dépit de toutes les difficultés qui continue de m’étonner et de me questionner.
Enez a été tourné en pellicule 16 mm. Je suis attaché à la pellicule argentique à cause des qualités plastiques de cette image, la texture, le scintillement, le grain, la picturalité, la qualité de la lumière. J’aime l’idée de préserver une instabilité dans les images. Par la matérialité du film, j’ai souhaité dessiner les contours de ce monde organique.
Emmanuel PITON – Intentions « Temps suspendu »
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A partir du 11 décembre 2023 :
L’OMBRE DES MÈRES de Murielle LABROSSE
2022 • 49 minutes • Mille et une Films
Une femme voulait s’arrondir et fondre aussi souvent que la lune, mais elle n’est pas la femme lune qu’elle attendait. La naissance d’un premier enfant la plonge dans la tourmente. Au fil des jours, l’illusion d’une maternité parfaite cède la place à la tragédie. Son récit, ponctué de témoignages d’autres femmes, évoque l’ambivalence maternelle et nous révèle une part plus sombre de la maternité.
« Il est des pensées qu’il est bien difficile de formuler… Il ne s’agit pas là de difficulté à nommer, mais de difficulté d’accepter et de dire et d’entendre… A travers la voix de la femme lune, L’Ombre des Mères ouvre la voie aux récits de celles qui vivent difficilement les suites de leur accouchement. Il y la séparation des corps, la dépendance du bébé, la fatigue interminable et croissante, l’absence de l’autre comme une désertion, la responsabilité soudaine de cette vie qui s’ouvre, celle de protéger aussi, d’être TOUT ce que le bébé a. Il y a enfin d’être femme, devenir mère et redevenir femme… Dans une ombre épaisse et persistante de culpabilité indicible. Par touches impressionnistes — au sens où le film procède par le croisement d’évocations pudiques, d’un récit intime et cru à la première personne et de témoignages posés, Murielle LABROSSE nous confronte à cette réalité difficile, à cette part d’ombre et de non-dit, à la nécessité d’en parler… parce qu’elle existe et n’a pour autant pas trouver de place dans les récits de maternité à partager. » [LIRE LA SUITE DU RETOUR D’ÉCRAN]
Franck VIALLE – Films en Bretagne
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RE AR MENEZ de Dounia WOLTECHE-BOVET
2022 • 52 minutes • Tita B Productions
Sur la colline du Menez Du dans les Monts d’Arrée, des hommes et des femmes mobilisent notre l’implantation d’une antenne relai à proximité de leurs fermes bio. De manière ludique, les enfants viennent par leurs gestes et leurs regards questionner ceux des adultes… A travers cette lutte contre, c’est surtout la lutte pour un mode de vie singulier qui prend corps.
« Avec Re Ar Menez, Dounia BOVET-WOLTECHE nous partage la lutte d’habitants de Saint-Cadou, dans le Finistère, contre l’installation d’une antenne 4G. On peut parler d’une mini-zad, et dès les premières minutes du film les mots devenus fourre-tout de territoire, de lieu partagé, de convivialité, ces mots urbains, politiques ou médiatiques qui se sont imposés à nous pour tenter de ré-imaginer l’écologie et le lien social, ces mots se heurtent à une réalité qui les rend un peu ridicules : il s’agit de personnes, il fait froid, il pleut, on fait ses courses, on danse, on rit, on parle, on vit. Ce n’est pas l’image d’un paradis perdu qui est à défendre, mais une voisine que les ondes rendent malade, des enfants qui aident à la traite des vaches, un hangar à la fois place de marché et salle de fest-noz, des militants qui prévoient la prochaine action contre l’antenne dans une caravane posée comme un étendard de lutte au carrefour du bois. Ce bois, un paysage qu’on veut « laisser tel qu’il est ». C’est un lieu où l’on vit sa vie au rythme de la traite, où l’on touche le temps, où le confort est celui de connaître ses aînés, de pouvoir compter sur ses voisins et d’être droit dans ses bottes. » [LIRE LA SUITE DU RETOUR D’ÉCRAN]
Stéphanie COQUILLON – Films en Bretagne
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ET EN PLUS ILS DANSENT de Kenan AN HABASK et Thierry SALVERT
2023 • 52 minutes • Tita B Productions
Ce film est une révélation, une prise de parole, un besoin d’affirmer qu’être soi est possible. Parce qu’en 2023, il n’est toujours pas facile, évident, normal, d’être homosexuel. Quatre personnages osent parler publiquement pour la première fois, pour dénoncer mais aussi pour raconter la solidarité et le soutien qu’ils ont éprouvés dans le milieu qui les a accueillis : les cercles celtiques.
« Le documentaire de Thierry SALVER et Kenan AN HABASK, Et en plus, ils dansent, est diffusé dans le cadre du festival Yaouank, à Rennes, dimanche 5 novembre 2023. Voici trois bonnes raisons d’aller le voir au cinéma Arvor.
1. Pour sa prise de position : Et en plus ils dansent est plus qu’un documentaire. C’est surtout une prise de parole de quatre hommes, et leurs parcours. Celui de Gildas SERGENT, Tristan GLOAGUEN, Pascal JAOUEN et Jonathan LE GUENNEC. C’est un film pour lutter contre l’homophobie, qui fait écho à notre société, au travers du prisme des cercles celtiques.
2. Pour célébrer le vivre-ensemble : Les quatre témoignages sont unanimes : le soutien des cercles celtiques dans lesquels les quatre hommes ont pu s’épanouir a été primordial. « Les cercles celtiques sont multiples, c’est un monde à part entière qui développe l’amitié et l’entraide », explique Gildas SERGENT l’un des protagonistes du documentaire. Et c’est l’un des points forts développé dans le documentaire. « Nous avons essayé de démontrer que le vivre ensemble est possible », admet Thierry SALVERT, l’un des deux coréalisateurs.
3. Pour l’amour de la culture bretonne : Diffusé dans le cadre du festival Yaouank, plus connu pour faire danser les amateurs de musiques bretonnes, ce documentaire est aussi une véritable ode à la culture bretonne dans son ensemble et sa pluralité. « Les cercles celtiques accueillent tout le monde, sourit Gildas SERGENT, que l’on sache danser ou non. Il y a un véritable dynamisme culturel et beaucoup de jeunes en font partie. »
Sophie BACONIN – Ouest France, le 4/11/2023
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DOUZE JOURS ENSEMBLE de Marine GAUTIER
2022 • 52 minutes • Pays des miroirs / Tell Me Films
Quelque part sur les rives du golfe du Morbihan, des jeunes que tout semble opposer, à commencer par leurs origines sociales, se rencontrent. Le temps d’une colonie de vacances, ils vont se découvrir, s’apprivoiser et grandir ensemble.
« 12 jours ensemble raconte ce qui se passe au sein d’un groupe d’ados embarqués dans une colo. En vogue dans les années 1960-70, les colonies de vacances sont un peu passées de mode, ne correspondant plus à l’attente d’une société plus individualiste, plus cloisonnée socialement. La réalisatrice Marine GAUTIER, qui a elle-même grandi grâce aux colos successives vécues dans son enfance, s’est immergée dans ce groupe qui se risque encore à mélanger des enfants d’horizons divers et à les engager à se connaître en se prenant en charge, ensemble.
Histoire édifiante qui se joue dans le golfe du Morbihan, d’un groupe qui se prend en main et co-construit ses journées. Une belle leçon de vivre ensemble, joyeuse et pétillante. »
Serge STEYER – KUB
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