Après une sélection en séance spéciale au Festival de Cannes et un Prix du Public au Festival international du film d’animation d’Annecy, le long métrage d’animation Amélie et la Métaphysique des tubes, réalisé Maïlys Vallade et Liane-Cho Han, poursuit son joli parcours avec, désormais, sa sortie en salles mercredi 25 juin.
Récit « autobiographique » adapté du roman d’Amélie Nothomb, il est aussi un conte métaphysique racontant la vie d’une enfant depuis l’état embryonnaire jusqu’à son troisième anniversaire.
Le film est loin d’avoir laissé ses premier·ères spectateurices indifférent·es, tant l’émotion des professionnel·les breton·nes, qui ont pu découvrir le film à Annecy, était tangible… tout comme les premières critiques des médias et de la presse qui ne tarissent pas d’éloges…
Les co-réalisateurices livrent ainsi une œuvre aussi ambitieuse qu’accessible tout comme une aventure trépidante et crépitante d’idées, hommage visuellement somptueux au Japon, à ses paysages et à sa culture.
Le film, qui a notamment reçu le soutien de la Région Bretagne / Bretagne Cinéma, a été co-produit par la toute jeune société de production Puffin Pictures, basée à Rennes (avec quelques « bureaux volants » entre Paris, Angers et Saint-Malo). À l’occasion de la sortie du film, on repartage nos récentes 3 questions à Claire La Combe, Productrice et co-fondatrice de Puffin Pictures (à qui on souhaite, au passage, une belle vie du film en salles !) et un extrait d’entretien avec la co-réalisatrice du film (issu du dossier de presse du film).
3 QUESTION À... CLAIRE LA COMBE, PRODUCTRICE

Après 13 ans dans l’industrie du cinéma, dont huit à produire des longs métrages d’animation, j’ai cofondé Puffin Pictures à Rennes.
En prenant l’oiseau macareux pour totem, l’idée était de créer un environnement de création plus en lien avec le monde d’aujourd’hui – tant dans nos narrations qu’avec des pratiques de travail plus collaboratives.
DE RETOUR D'ANNECY :
UN MOT DE CLAIRE LA COMBE :
Les projections à Annecy sont celles que l’on chérie après toutes ces années de production. Cela permet de faire découvrir le film pour la première fois, et dans un écrin garni de spectateurs « au fait » du pouvoir de l’animation. Le public d’Annecy et à la fois bienveillant mais aussi très exigeant, en quête de la différence et du meilleur. L’accueil pour Amélie a été au-delà de nos espérances. C’est simple, ils et elles ont TOUT compris du film et sur ces enjeux narratifs. Le film réussit à mettre son public à hauteur d’une petite enfant qui traverse avec émotions les premiers plaisirs et premières tragédies de la vie, et qui finit par mieux les appréhender. Amélie tend un miroir aux spectateurices sur leurs propres souvenirs d’enfance. En sortie de projection, ils et elles étaient nombreux – et de toutes les nationalités ! – à avoir un regard plus d’empathique envers les plus petit·es et une perception plus philosophique de la vie. C’est ce que réussissait déjà à faire Amélie Nothomb avec son roman. C’est merveilleux. Nous y tenions, et je suis tellement fière de tout ce travail d’orfèvre qu’a fait l’équipe artistique pour en arriver à ce résultat. Le prix du public est pour nous la meilleure récompense.
DIAPORAMA D'ANNECY :
ENTRETIEN AVEC LA CO-RÉALISATRICE, MAÏLYS VALLADE
[Extrait d’entretien issu du dossier de presse du film]
Sur l’adaptation du roman d’Amélie Nothomb :
J’ai trouvé fascinant dans le roman le regard, la perception d’Amélie sur ce qui l’entoure, comment elle voit et vit les choses de manière très sensible, très exponentielle, à hauteur d’une petite enfant et avec la puissance émotionnelle qui est propre à cet âge de la vie.
Et ce d’autant plus qu’Amélie a un profil très atypique: c’est une enfant très singulière ! Ce regard très étonnant sur les choses donne son aspect poignant et passionnant à son histoire. Tout l’enjeu du film était de savoir comment nous allions réussir à traduire en image, en animation, la singularité de ce récit. Répondre à cette difficulté nous a conduit à développer notre grammaire cinématographique autour d’un parti pris affirmé : être proche d’Amélie, ressentir les choses avec elle, à son niveau, être transporté avec elle afin que tout procède en définitive de sa perception, de sa subjectivité ; donner à voir comment son regard se porte sur les choses et peut les transformer de façon très fluide et naturelle d’une scène à l’autre…
Se fixer sur des détails en particulier comme le font les enfants, était vraiment notre fil conducteur. Il nous a permis de faire des choix dans la conduite même du récit, en écartant les scènes qui sortaient de ce parti pris. Notre décision de rester axés sur la relation entre Amélie et Nishio-san, le rapport à la mort, à la finitude, puis la remontée jusqu’à l’ouverture au monde nous a amené à élaguer, parfois à contre-cœur, certains aspects du livre auxquels nous étions pourtant très attachés comme par exemple le rapport d’Amélie à Patrick, son père. De même, nous avons dû opérer des changements au niveau des personnages, des fusions, pour aller au bout de notre propos. Il était essentiel de penser visuellement la narration dans une écriture pleinement cinématographique où le storyboard joue un rôle central.
Sur l’animation des personnages, chacun vecteur d’une identité différente :
L’intériorité des personnages passe beaucoup par leur langage corporel, ce n’est pas le même pour un Belge ou un Japonais. Le personnage de Nishio-san est un bon exemple. Il s’est construit à la fois dans son rapport à Amélie et à sa famille belge et en opposition avec Kashima-san. A l’inverse de cette dernière qui représente, dans sa rigidité corporelle même, le côté très traditionnel de la société japonaise, Nishio-san appartient à la jeune génération, plus ouverte. Elle est à la fois plus souple dans sa manière de penser et de se mouvoir, d’interagir avec les autres personnages. Non seulement, elle n’a pas de barrière culturelle mais elle va même développer un lien surpuissant avec Amélie. Il était très important que tout ce que représente Nishio-san, qui est le « soleil » d’Amélie, sa candeur, sa générosité, se dégage de sa silhouette. Les courbes du personnage ont ainsi été travaillées pour aller dans le sens du sourire.
Sur les références cinématographiques :
Il y a dans le film des clins d’œils volontaires à ces deux cinéastes [Isao Takahata et Hayao Miyazaki], sortes de « caméos » comme on dit. Je citerai également Sunao Katabuchi, le réalisateur de Dans un recoin de ce monde dont le travail de documentation visant à restituer, dans ses moindres détails, la vie quotidienne d’une jeune femme au foyer avant-guerre dans la région d’Hiroshima est fascinant de justesse. Le réalisme dans Amélie et la Métaphysique des tubes se situe dans cette veine. Cette question est particulièrement sensible lorsqu’on aborde la représentation de la guerre dont le souvenir traumatique traverse le récit. Dans un film qui s’adresse à un public familial, on ne peut pas se permettre la frontalité qu’adopte, dans son roman, Amélie Nothomb à cet endroit. Il fallait trouver le ton juste. Nous avons tenté d’être le plus respectueux possible, en évitant toute appropriation d’une histoire qui n’est pas la nôtre, en évitant de se mettre à la place des personnages. Plutôt qu’une surenchère d’images chocs de bombardements, de morts, de destructions, nous avons choisi d’évoquer le passé par le surgissement du souvenir dans un moment du quotidien, presque anodin, tandis que Nishio-san fait la cuisine, en laissant la parole au personnage. Associer l’évocation de la guerre à la cuisine permet un recul nécessaire, met à distance le récit macabre pour faire le choix de la vie : elle place le personnage et le spectateur du côté de la résilience. Évidemment, tout se joue sur le fil. Et il en est ainsi tout au long du film qui cherche à établir un équilibre entre le regard incisif que porte son personnage principal sur le réel et la pudeur dont nous avons voulu entourer le récit. À cet endroit, nous nous sommes servis de la dimension symbolique des images pour signifier sans désigner nommément : ainsi la scène de la dispute avec Kashima-san se joue-t-elle au bord d’une rivière de pierres qui évoque la dureté, la sécheresse et le renfermement sur lui-même du personnage.
TOURNÉE DE CINÉMA35 : PROJECTIONS-RENCONTRES DU FILM
CinéMA35 organise une tournée du film. Plusieurs projections-rencontres – avec la réalisatrice Maïlys Vallade et la co-productrice Claire La Combe – auront lieu du 24 au 29 juin dans plusieurs salles de cinéma d’Ille-et-Vilaine :
- Lundi 23 juin à 20h10 au Ciné Manivel (Redon)
- Mardi 24 juin à 20h15 au Cinéma Arvor (Rennes)
- Samedi 28 juin à 20h30 au Cinéma l’Hermine (Plélan-le-Grand)
- Dimanche 29 juin à 17h30 au Cinéma Chateaubriand (Combourg)
- Dimanche 29 juin à 20h45 au Cinéma Le Foyer (Acigné)
REVUE DE PRESSE
TÉLÉRAMA | "Comment un best-seller devient un petit chef-d'œuvre d’animation"
FRANCE INFO | "une adaptation poétique et réussie du roman d'Amélie Nothomb"
FESTIVAL DE CANNES | "Le best-seller d’Amélie Nothomb prend vie en animation"
LES ECHOS | "Une ode aux plaisirs de la vie"
SUR LE FILM
Amélie et la Métaphysique des tubes de Maïlys Vallade et Liane-Cho Han
1h17 • France • Sortie le 25 juin 2025
Amélie est une petite fille belge née au Japon. Grâce à son amie Nishio-san, le monde n’est qu’aventures et découvertes. Mais le jour de ses trois ans, un événement change le cours de sa vie. Car à cet âge-là, pour Amélie, tout se joue : le bonheur comme la tragédie.
Réalisation : Maïlys Vallade et Liane-Cho Han • Scénario : Liane-Cho Han, Aude Py, Maïlys Vallade, Eddine Noël • Création graphique : Eddine Noël, Marietta Ren, Liane-Cho Han, Maïlys Vallade, Remi Chayé, Marion Roussel, Justine Thibault, Simon Dumonceau • Direction artistique : Eddine Noël • Montage : Ludovic Versace • Musique originale : Mari Fukuhara • Son : Kevin Feildel et Fanny Bricoteau
Production déléguée : Nidia Santiago, Edwina Liard, Claire La Combe, Henri Magalon • Production exécutive : Jean-Michel Spiner et Mireille Sarrazin
Une production de Maybe Movies et Ikki Films en coproduction avec 2 Minutes, France 3 Cinéma, Puffin Pictures et 22D Music avec le soutien du CNC, de CANAL+, de la Région Île-de-France, de la Région Réunion, de la Région Nouvelle-Aquitaine, de Magelis, du Département de la Charente, de la Région Bretagne, de l’Union Européenne, de Ciclic-Région Centre-Val de Loire en partenariat avec le CNC et l’accompagnement d’ALCA, a bénéficié d’une résidence à Ciclic Animation avec le soutien de l’Angoa, de la Procirep, avec la participation de France Télévisions, d’ADN et de CINÉ+ OCS, avec le soutien de Palatine Etoile 20, Indéfilms Initiative 11 et SG Image 2021
Ventes internationales : Goodfellas Animation
Distribution salles : Haut et Court