Retours d'expériences sur les Assises de l'éco-production 2024 : et si on accélérait ?


Accompagner les professionnel·les du cinéma et de l’audiovisuel à la transition écologique de leur métier…telle est l’une des missions de notre fédération, et pas des moindre !  

Depuis 3 ans, Films en Bretagne est membre de l’association Ecoprod et se rend chaque année aux Assises de l’Écoproduction, une journée pour faire un point d’étape et identifier les chantiers pour faire avancer ce changement des pratiques. 

Mardi 10 décembre 2024, ce sont donc deux éco-référentes bretonnes, adhérentes de l’association, Déborah Gillet et Mado Le Fur, qui ont participé aux 3èmes Assises organisées par Ecoprod à l’Académie du Climat. Avec 450 participant·e·s de tous horizons, cette édition affichait complet et témoigne de l’engagement croissant de l’industrie audiovisuelle vers des pratiques plus responsables…et si le mouvement s’accélérait ? 


RETOURS D'EXPÉRIENCE DE DÉBORAH GILLET ET MADO LE FUR

La matinée était dédiée aux ateliers. Déborah a pris part à l’atelier « Ancrer son tournage localement : les ressources existantes et manquantes », où des échanges passionnants ont eu lieu avec notamment des représentant·es des Bureaux d’Accueil des Tournages, de ressourceries locales, ou encore de sociétés de production. Cet atelier a permis de mettre en lumière des solutions concrètes et des enjeux clés liés à l’intégration de pratiques écoresponsables sur les tournages.

L’intervention de Karine de la Ressourcerie du Cinéma a particulièrement marqué les échanges. Elle a souligné l’importance de dépasser le simple recyclage des décors en fin de tournage pour adopter une démarche plus ambitieuse : construire directement avec des matériaux existants. Ce changement de perspective permet non seulement de réduire les déchets, mais aussi de pérenniser les ressourceries locales comme celles du réseau RESSAC, souvent en situation précaire.

Les discussions ont également abordé des initiatives inspirantes, comme la gestion des déchets via PAPREC à Bordeaux et ELISE à Lyon. Cependant, l’atelier a mis en lumière les difficultés persistantes, notamment autour des branchements électriques forains, qui nécessitent des solutions adaptées à chaque territoire.

Enfin, cet atelier a rappelé combien l’ancrage local d’un tournage peut devenir un levier pour intégrer des pratiques écoresponsables et durables, tout en favorisant les écosystèmes locaux. Cela demande une planification en amont et un dialogue permanent avec les partenaires locaux, mais les bénéfices, tant pour l’environnement que pour les communautés, sont indéniables.

 

 

Mado, de son côté, a participé à l’atelier « Lecture environnementale : l’écoproduction dès le scénario », une réflexion clé pour intégrer des enjeux écologiques dès les premières étapes de création. L’atelier s’est déroulé en deux parties avec un travail par petits groupes sur l’analyse par métier des potentiels impacts décelables dès la lecture d’un scénario. Puis dans un deuxième temps, les facteurs et leviers possibles ont été mis en commun. Au-delà d’une réflexion déjà souvent engagée dans certains domaines comme les déplacements, la représentation des personnages ou l’univers dans lequel ils évoluent, c’est aussi à travers la manière dont on parle de la nature (d’un oiseau ou d’un huîtrier pie, d’une fleur ou d’armérie maritime), dont on décore un lieu (tri sélectif dans la cuisine par exemple) ou encore dont on envisage la post-production de l’œuvre qui ont été évoqué. 

Ces discussions, très enrichissantes, nous ont permis de constater encore une fois qu’un large éventail de possibilités s’offrent à nous dès l’écriture pour agir et élargir nos univers et nos récits. 

Cet atelier complète un travail engagé par Ecoprod depuis plusieurs mois et qui devrait aboutir à l’édition d’un guide pour penser l’éco-production dès l’écriture avec notamment une fiche de lecture environnementale. Les scénaristes, producteur·rices, éco-référent·es pourront s’appuyer sur cette fiche pour faire un premier état des lieux et entamer des discussions sur l’impact de leur œuvre en devenir au niveau environnemental. 

L’après-midi, des tables rondes et conférences ont exploré des thèmes variés tels que l’écriture et la réalisation, le tournage et la biodiversité, l’innovation ou encore l’intelligence artificielle. Les retours d’expérience ont montré que l’éco-production ne se limite pas à une contrainte, mais devient une véritable source de créativité et d’innovation.

Ces Assises ont également été l’occasion de rencontres inspirantes et de retrouvailles avec des collègues engagés, nourrissant une conviction forte : chaque initiative compte.

Quelques informations dévoilées lors de ces assises :

  • Depuis le 1er janvier 2024, les sociétés de productions qui sollicitent l’attribution d’une aide financière de la part du CNC sont tenues de remplir un calculateur carbone pour chaque œuvre. Celui d’Ecoprod, « Carbon’clap », recense 10000 bilans à ce jour. Une analyse de ces données sera dévoilée en janvier sur le site d’Ecoprod mais sachez déjà que nous avons parcourus sur nos tournages la distance Terre-Soleil !
  • La 2ème version du Label Ecoprod, qui vient certifier une réelle démarche éco-responsable sur les tournages, a été mise à jour. Désormais enrichie d’un volet social, cette nouvelle version témoigne d’une démarche de plus en plus globale.

RETROUVEZ LE REPLAY DES ASSISES


POUR ALLER PLUS LOIN

Films en Bretagne a un groupe de travail dédié à l’eco-production coordonné par Mado Le Fur et Benjamin Clauzier

Depuis 3 ans, plusieurs actions sont mises en place : formations, actions de sensibilisation, ateliers autour des métiers techniques, travail d’identification des prestataires ayant des pratiques eco-responsables en partenariat avec Bretagne Cinéma, veille…

Si vous souhaitez rejoindre le groupe de travail, merci d’écrire à Lubna Beautemps :

Contact : lubnabeautemps.mediation@filsmenbretagne.org 

• Etienne Gerault : l'écoproduction, une question de choix !

• La récup d'après Sophie Marc, régisseuse : qui cherche de la moquette rose ?

• Joachim Hérissé : eco-réflexions pour eco-stop motion ?


MADO LE FUR, REGISSEUSE ET ECO-RÉFÉRENTE

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Active dans les métiers de l’audiovisuel et du cinéma depuis une petite trentaine d’années, je me suis formée à l’éco-production en 2021 et 2022 avec l’association Ecoprod. Aujourd’hui, je travaille en tant que régisseuse et/ou éco-référente. Au-delà de l’obligation du CNC de compléter des calculateurs type Carbon Clap pour connaître nos émissions carbone sur un tournage, c’est la mise en place d’actions avec les différents départements qui me permet d’agir transversalement et de diminuer l’empreinte carbone sur tout type de film.


DÉBORAH GILLET, DIRECTRICE DE PRODUCTION

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Diplômée d’une grande école d’ingénieur, Déborah Gillet a travaillé pendant 7 ans dans le commerce à l’export avant de se tourner vers sa véritable passion : le 7ème art. Elle débute en 2015 dans l’audiovisuel en tant qu’assistante, puis directrice de production, sur des projets de fiction et de documentaire. En 2019, elle fonde la société De Fil en Films, au sein de laquelle elle produit et dirige sa première émission musicale, Termaji, réalisée par Mickaël Nivet, en pleine épidémie. Cette expérience marque ses débuts en tant que productrice et directrice de production. Depuis 2022, Déborah concentre ses activités sur la direction de production, accompagnant des projets tels que des documentaires et des courts métrages pour des sociétés bretonnes et parisiennes. En 2024, convaincue que l’éco-production représente une avancée essentielle pour l’industrie audiovisuelle, elle obtient une certification en écoproduction avec la CST et la Fabrique des Formats. Elle inaugure cette nouvelle spécialisation sur Le Syndrome de l’Escalier de Sylvain Bresson et prévoit de continuer à coordonner des démarches écoresponsables sur d’autres projets de fiction et documentaires en 2025.