« OÙ VA LE BLANC QUAND LA NEIGE FOND ? » : traces de l'éphémère


« Je cherche à produire des films qui nous engagent, nous élèvent, et ouvrent grand l’horizon ! As far as the eye can see ! Tout part du désir d’un·e auteur·e et des images qu’il/elle me raconte, avec cette longue période passionnante où le film se façonne par le dialogue. Ce désir, il faut savoir le mettre en mots ensemble et le transmettre, pour rassembler les moyens nécessaires à la production. Une longue série de subtils choix s’en suit, techniques, humains, artistiques, financiers : choisir un.e technicien.ne, un axe, une couleur, un rythme, ne pas avoir peur de jeter, d’expérimenter, d’accueillir les surprises ! Chaque détail compte. »

Telle est la devise de Colette Quesson, productrice d’A perte de vue.

Et c’est bien tout cela que l’on trouve réuni dans le film « Où va le blanc quand la neige fond ? » de Guillaume Kozakiewiez que nous avons eu l’occasion de programmer aux Rencontres de Films en Bretagne 2023, et dans les secrets duquel nous avons eu l’occasion de plonger au QIFF (plus détail ICI).

Retrouvez sur cette page deux retours d’écran de Thomas Milon et Sofyan Talbi, étudiants en Licence d’Arts du spectacle de l’Université Rennes 2 qui, faisant partie de l’atelier Programmation du Ciné-Tambour, sont venus aux Rencontres de Films en Bretagne pour écrire leurs retours d’écran.


RETOUR D'ECRAN DE SOFYAN TALBI, étudiant à Rennes 2

Pendant longtemps conspués, étant vus comme des agitateurs provocants, les artistes-peintres décorant illégalement nos milieux urbains sont devenus, en quelques décennies, l’incarnation de l’idée d’une certaine « contre-culture » auprès de jeunes esthètes avides de formes expressives singulières.

Dans ce documentaire aux vertus hypnotisantes et contemplatives, nous suivons l’avancée d’une œuvre collective se situant à la jonction entre l’intimiste et le collectif, composée de plusieurs œuvres aux dispositifs radicalement différents, amalgamés ensemble, pour aussi longtemps que ce film existera dans l’esprit de ceux qui l’ont vu, par le pouvoir de l’objectif et du montage, de l’image et du son.

Nous, spectateurs, sommes ainsi témoins de ces murs et de ces plafonds qui se remplissent, de ce blanc immaculé noircit à l’épreuve de la pensée des artistes, qui livrent de ce fait à la caméra leur vision, leur démarche et finalement leurs convictions, de façon plus ou moins cryptique. Le tout, au sein d’un mouvement artistique qu’on a encore du mal à définir et dont les fondements idéologiques sont encore moins bien considérés, toujours aujourd’hui, par les instances culturelles et politiques. 


retour d'écran de Thomas Milon, étudiant à Rennes 2

Un groupe de graffeurs envahit un vieux bâtiment immaculé pour le recouvrir de différents graffitis, on voit donc apparaître tout au long du film les différents graffs tous très différents, représentant chacun la personnalité de chaque artiste.

L’espace urbain se fait ainsi le double de l’espace mental des graffeurs, la matérialité des graffs se construisant dans le plan au fur et à mesure du film  devenant les représentations physiques de toutes les pensées des graffeurs qu’ils expliqueront d’ailleurs tout au long du film, car même si le graff est un art éphémère, la pensée reste présente et évolue.

Lorsqu’à la fin du film, les graffs que l’on a vu se construire tout au long du film sont recouverts à leur tour par d’autres graffeurs clandestins, l’un des graffs représentant des figures cauchemardesques se voit alors recouvert d’un rouge sang apocalyptique, faisant évoluer l’œuvre originelle vers quelque chose de différent.

Tel le bâtiment à l’origine blanc puis modifié, les graffs se retrouvent eux aussi modifiés et effacés, mais le cinéma permet de se rappeler qu’ils ont un jour existé.


Le Film

Synopsis : En 2016, un bâtiment jusqu’alors occupé par la Direction Départementale de l’Equipement, avec ses 4 étages et ses 3000 m2, est laissé en friche. Cet ancien centre administratif se situe aux abords du port, en plein cœur de Vannes (Morbihan). Fin 2017, la ville en confie les clés, de manière temporaire, à l’association vannetaise L’Art prend la rue qui monte un projet culturel éphémère nommé DéDalE, reprenant ainsi l’acronyme originel du lieu, DDE : Des expériences, Des artistes, lieu Ephémère… Entre mai et août 2018, une quarantaine d’artistes urbains investissent les bureaux et couloirs de l’ancien bâtiment administratif et recouvrent les murs d’œuvres issues de la technique graffiti : lettrages, flops, mais aussi décors, personnages… Tout recouvrir ! Les moindres recoins de ce bâtiment, pas seulement les murs, mais aussi, les sols, les plafonds, les tuyaux, les fenêtres, plaques d’aération, portes, interrupteurs… Mais aussi le toit et les façades.

Ces peintres issus du graffiti viennent de l’illégalité et d’une école que l’on appelle « la rue ». Ils investissent cette friche administrative des années 60, la transforment en un labyrinthe de formes, installations, peintures qui englobent le spectateur. Plongée immersive dans un dédale haut en couleurs, avec des artistes pour le moins singuliers.

DOCUMENTAIRE – 84′ – © 2022 A perte de vue / Sancho & Co

SÉLECTIONS EN FESTIVALS : Arte NonStop Film Festival Buenos Aires 2022 (ARGENTINE) •  Ottawa House of PainT Festival of Urban Arts and Culture (CANADA) • Hors compétition Festival Traces de Vies Clermont-Ferrand 2022 (FRANCE) • Festival Travelling Rennes 2023 (FRANCE) • Quimper International Film Festival 2023 (FRANCE)
Sortie Cinéville La Garenne Vannes été 2023

Avec les artistes Alfe, Zoer LeMoDuLeDeZeeR Jean Moderne – RCF1, MGLO, Selah, Shoof, Lek & Sowat, Lokiss, Grems, Sylvain Ristori, Apotre, Bault et les oeuvres de Joachim Romain Aise, Soem, Moyoshi, Persu, Rezin, Mika, L7matrix, La Fleuj, L’Outsider Franck Lesieur Fuzi • Écriture et réalisation : Guillaume Kozakiewiez • Musique originale : Éric Thomas • Image : Guillaume Kozakiewiez, Alexandra Sabathé • Son : Etienne Foyer, Maude Gallon • Montage : Nicolas Peltier • Étalonnage : Grégory Rodriguez • Ingénieur du son musique : Mathieu Gaud • Montage son & mixage : Kinane Moualla • Mixage TV : Pablo Salaun • Générique : Bruno Fagotti • une production A perte de Vue, Colette Quesson en coproduction avec Sancho & Compagnie, Laurent Dené • en association avec TVR, TébéO, TébéSud • avec l’aide au développement et à la production de la Région Bretagne, avec l’aide de la Région Grand Est et de l’Eurométropole de Strasbourg et avec le soutien du CNC et de la Procirep-Angoa