Un cinéma d’art et d’essai à Lorient : note d’intention


P1160445
Nicolas Le Gac et Elsa Gautier, au siège de "J'ai vu un documentaire" © Yves Mimaut


Créée il y a 6 ans par Nicolas le Gac, Anne-Laure Doucet et Jean-François Clément, l’association J’ai vu un documentaire propose aux Lorientais et aux habitants des communes limitrophes une quarantaine de projections/rencontres par an autour du cinéma du réel. Forte de cette expérience, l’équipe cultive aujourd’hui l’ambition de rencontrer son public en un lieu unique, convivial, non plus autour du seul genre documentaire, mais toujours avec ce souci de défendre le cinéma d’auteur comme un espace de découverte et d’échange.

Salles communales, théâtres, lieux alternatifs comme celui des Idées détournées à Lorient, l’association J’ai vu un documentaire (JVD) a par la force des choses fait du nomadisme son moyen de faire rayonner le genre documentaire auprès d’un public large et varié. Les ateliers d’éducation à l’image qu’elle anime toute l’année et les films qu’elle projette sur Lorient, Locmiquelic, Port Louis, Riantec, Caudan, ou encore Ploemeur, sont autant de moments de partage et de débats qui constellent autour du siège de l’association, 12 rue Colbert, à Lorient. Fréquenté par quelques-uns des 300 adhérents de l’association, par ses deux salariés ainsi que par les membres du CA, le siège accueille l’association nomade sans en être vraiment l’incarnation, puisque là-bas s’élabore les moments cinéma qui se vivront ailleurs.

Alors est née l’idée d’un lieu, unique, consacré au cinéma défendu par l’équipe de l’association, qui tend à s’émanciper des genres.  Cette idée s’appuie également sur un constat : Il n’y  a plus de cinéma d’art et d’essai à Lorient depuis la fermeture en 1985 des Studios Merville, tenus pendant quatorze ans par Jacques Sinquin. Un passionné exigeant, dont certains cinéphiles nourrissent encore la nostalgie. Les studios Merville, c’était une salle unique de 500 places ; presque 35 ans plus tard, JVD cherche à concevoir un cinéma capable de proposer davantage de films et d’accueillir le public aussi en dehors des projections.

Dans le groupe de travail auquel participe Elsa Gautier, une des 10 co-présidents de l’association, on parle déjà de 3 salles d’une capacité de 60 à 140 places. On évoque environ 70 séances par mois. On imagine aussi un bistrot, comme un espace d’échange et de convivialité conforme aux valeurs de JVD. Du point de vue de la programmation, outre les films d’auteur qui bénéficient déjà d’une certaine notoriété, on envisage de mettre en avant les beaux films fragiles, de leur donner la possibilité de rester suffisamment longtemps à l’affiche pour que le bouche à oreille fonctionne ; on projette de donner une place au meilleur de la production régionale, ainsi qu’au documentaire de création.

Le cinéma Utopia à Bordeaux, Le Vidéodrome 2 à Marseille, ou encore le cinéma Manivelle à Redon, sont autant d’inspirations pour inscrire dans un principe de réalité le projet lorientais.

Une réalité qui passe avant tout par une viabilité économique. La rénovation d’un lieu existant, ou la construction du cinéma, ainsi que ses frais de fonctionnement, demandent inexorablement le soutien de partenaires. Une fenêtre semble justement grande ouverte, celle du projet de redynamisation du centre ville de Lorient, devant laquelle JVD va chercher à assoir ses ambitions.  Au mois de juin l’association participera d’ailleurs à une table ronde avec des représentants de la Région, de la DRAC, du Département, et de la Ville. Autre partenaire souhaitable et pas des moindres, le CNC, qu’ils ont rencontré à l’occasion du festival du Cinéma du Réel, à Paris.

Enfin, l’ADRC (Agence pour le Développement Régional du Cinéma), fera bénéficier JVD de son expertise et éventuellement de fonds, pour que s’impose au réel, comme une évidence, cette belle utopie. C’est tout ce que l’on souhaite aux amoureux du cinéma du grand Lorient.

Yves Mimaut