La Région Bretagne, France 3 Bretagne et Brezhoweb avaient lancé en août, au Festival de Douarnenez, un concours de scénarios de fictions courtes en langue bretonne. Les résultats ont été annoncés mercredi 18 décembre dans les locaux de France 3.
Comme l’a rappelé en introduction Lena Louarn, au nom du président de la Région, l’avenir de la langue est entre les mains de la jeunesse. Et parmi les vecteurs de transmission indispensables, il y a bien entendu les médias. L’idée du concours était donc de susciter l’envie d’écrire pour la télévision ou le web, chez des personnes qui n’avaient pas encore forcément osé, pour voir émerger des idées nouvelles, des auteurs nouveaux.
Chaque auteur devait proposer un projet de série d’au moins 10 épisodes de 3 à 10 minutes. Le comité éditorial composé de représentants du conseil régional, de France 3 Bretagne, de Brezhoweb et de l’Office public de la Langue a reçu 15 dossiers. Ceux-ci ont été analysés à travers une grille où intervenaient la qualité de l’expression en langue bretonne, la cohérence du récit, l’originalité du contenu… mais aussi le caractère réalisable du projet.
Les trois lauréats se partagent la dotation : 6 500 euros. Le premier prix revient au Lorientais Laors Skavenneg pour An Anaon. Directeur artistique, Laors travaille régulièrement en langue bretonne. Le concours lui a donné l’occasion de soumettre un texte, mais avant de chercher un producteur, il sait qu’il devra le retravailler. Il espère bien que le projet aboutira et se verrait bien le réaliser. Sa collaboration sur de nombreux projets avec le chef opérateur et réalisateur Avel Corre le rend assez confiant : « Nous avons l’habitude de travailler ensemble, ce sera une occasion nouvelle ».
Le chef opérateur rennais Emmanuel Roy a reçu le deuxième prix pour Glas evel ar Marv. Le délai très court entre le lancement et la date de remise des dossiers, à peine plus d’un mois, était pour lui une bonne chose : « J’ai trouvé cela agréable à faire. Cela m’a poussé à m’y mettre. Et c’est encore mieux d’être lauréat ». Avec déjà quelques réalisations à son actif, il ne compte pas se limiter au rôle de scénariste.
Les deux premiers lauréats travaillent donc dans l’audiovisuel, et le plus souvent en langue bretonne. Loik ar Mogn, troisième prix avec Koumoul, est quant à lui constructeur métallurgiste. Des compétences utilisées dans le cinéma mais aussi dans d’autres domaines. Pourtant, confier la réalisation à quelqu’un d’autre, n’est pas même venu à l’esprit du candidat : « J’ai tout dans la tête, c’est un projet que j’ai commencé à imaginer il y a quatre ou cinq ans. Tout peut se tourner à coté de chez moi, dans les Monts d’Arrée ».
S’il est impossible de résumer en quelques mots les « pitchs » des trois projets, il est intéressant de noter que l’on y retrouve une même thématique, très présente déjà dans la littérature et le légendaire breton : la mort. Cependant les approches varient. Celle sombre et fantastique de An Anaon revisite le mythe de l’Ankou pour l’adapter à notre monde, quand Glaz evel ar Marv (« Vert comme la mort ») confronte l’héroïne d’Emmanuel Roy à une mort inexpliquée. La proposition de Loik ar Mogn a quant à elle un ton bien différent, celui d’une série humoristique où deux commères perchées dans les nuages commentent les dernières nouvelles du monde des vivants à chaque décès…
On l’aura compris, il n’est pas possible d’annoncer de date de mise en production des projets, mais le règlement le stipule : « France 3 Bretagne et Brezhoweb pourront accompagner la poursuite du travail d’écriture et soutenir la mise en relation avec des sociétés de production ». Et les lauréats n’attendent que cela !
A noter : ce concours sera reconduit chaque année, et il sera veillé expressément dans l’avenir à ce que les lauréats ne soient pas que des hommes…
Catherine Delalande