Sylvie Plunian : Co-Présidente de Films en Bretagne


PORT_SYLVIE_PLUNIAN_500x500_3

Après avoir fait ses armes à Lussas en tant que chargée de production, Sylvie Plunian créée sa propre société de production – Les Films de la Pluie – à Logonna Daoulas en 2014. En 10 ans, elle a produit une quinzaine de films documentaires.

En décembre 2024, elle est élue Co-Présidente de Films en Bretagne.

À cette occasion, nous lui avons posé nos traditionnelles 3 questions…


3 QUESTIONS À SYLVIE PLUNIAN

Films en Bretagne :

Peux-tu nous décrire ton parcours ? Tu sembles avoir toujours été attirée par le cinéma documentaire… d’où te vient cet attrait et pourquoi y consacrer ta vie ? 

Sylvie Plunian :

Du plus loin que je me souvienne, mon premier coup de cœur cinéma c’était Jacquot de Nantes d’Agnès Varda, que j’avais vu un peu par hasard sur Canal + quand j’avais une quinzaine d’années. Un film qui mélangeait fiction et documentaire et qui parlait de cinéma, j’avais trouvé ça fascinant, je découvrais tout juste le cinéma d’auteur ! Ensuite j’ai fait des études de Lettres modernes puis de cinéma, et à chaque proposition d’atelier ou de recherche sur le cinéma documentaire, je sautais sur l’occasion. Je ne sais pas pourquoi, mais les films du réel m’attiraient finalement plus que les films de fiction. On était dans le vrai ! Et puis peu à peu je me suis spécialisée, j’ai fait un mémoire de recherche sur l’économie du cinéma documentaire à Rennes, puis un DESS réalisation et production documentaire à Strasbourg. Ensuite je suis partie faire un stage de 6 mois à Lussas, le village documentaire ardéchois, et j’en suis repartie 8 ans plus tard… j’étais devenue productrice !

J’aime la simplicité du travail sur les films documentaires, la relation que je noue avec « mes » auteur·ices, les équipes réduites, les petites régies, la proximité aux personnes filmées qui elles sont dans leurs vraies vies… J’aime aussi beaucoup les films de fiction en tant que spectatrice, mais dans mon travail c’est vraiment le documentaire qui me passionne, et j’avoue que pour le moment je ne me vois pas faire autre chose.


Films en Bretagne :

Ta boite de production, Les Films de la Pluie a fêté ses 10 ans en 2024 avec 17 films au catalogue, parmi lesquels Nofinofy de Michaël Andrianaly, L’Esprit des lieux de Stéphane Manchematin et Serge Steyer, Les autres chemins d’Emmanuelle Lacosse, L’Odyssée d’Omar de Mamounata Nikiéma… Des films avec un ancrage territorial, et tourné vers l’ailleurs… Comment choisis-tu tes projets et tes auteurices ? Qu’est-ce qui te parle dans ces films ?

Sylvie Plunian :

En Ardèche j’avais beaucoup travaillé sur des films africains et j’avais envie de continuer ce travail-là, d’autant que j’avais déjà noué des relations solides avec certain·es réalisateur·ices. Mais bien sûr je revenais vivre et travailler dans ma région d’origine, j’avais donc envie aussi de me faire un réseau breton et de travailler avec des auteur·ices et des technicien·nes ici. Les premières années je me suis donc fixé comme objectif de produire à 50% des films « d’ailleurs » et à 50% des films « d’ici ». Ça me donnait un cadre et des objectifs pour mon entreprise, et ça me permettait d’afficher une ligne éditoriale assez claire.

Les années passant, je me suis constituée un réseau solide en Bretagne et je reçois désormais beaucoup plus de propositions d’auteur·ices breton·nes, mais je continue à produire quelques films africains, qui sont majoritairement postproduits en Bretagne. Mes deux réseaux de départ ont donc fini par s’entremêler !

Aujourd’hui je choisis les films sur lesquels j’ai envie de m’engager en fonction de mes coups de cœur, pour les projets et pour les auteur·ices qui les portent. La production d’un film documentaire prend souvent plusieurs années, on a donc intérêt à ce que la relation prod-réal se passe bien. J’ai besoin qu’on échange, qu’on soit transparent·es sur les intentions de chacun·e, sur la situation budgétaire, sur les besoins du film… Pour ça je m’engage donc auprès d’auteur·ices en qui j’ai confiance et avec qui je sens qu’on pourra avoir des affinités. Et ça marche, puisqu’avec certain·es nous en sommes à plusieurs films !


Films en Bretagne :

Comment es-tu arrivée au sein de la « Maison Films en Bretagne » et, aujourd’hui en tant que Co-présidente, comment vois-tu ton engagement ?

Sylvie Plunian :

Alors que je travaillais encore en Ardèche, j’avais déjà noué des contacts avec Films en Bretagne et avec d’autres producteur·ices et réalisateur·ices breton·nes puisque j’étais venue suivre une formation sur deux semaines à Lorient en 2011. Aussi, quand je suis revenue m’installer ici en 2014, je suis naturellement retournée voir du côté de Films en Bretagne et comme j’avais créé ma société quelques mois plus tôt, j’ai pu intégrer le Collège des Producteur·ices. J’y ai été tellement bien accueillie qu’on m’a rapidement proposé de me présenter au CA, ce que j’ai fait pendant 4 ans. C’était au départ un peu compliqué pour la jeune productrice que j’étais, fraichement installée, de comprendre tous les enjeux des dossiers en cours, mais c’était finalement très formateur. Cela m’a aussi permis de me faire un réseau très rapidement et de croiser des professionnel·les que je n’aurais peut-être pas rencontré·es ailleurs, notamment ceux travaillant principalement en fiction ou en animation.

Après plusieurs années de pause, j’ai exprimé mon souhait l’année dernière de reprendre du service et de me représenter au Conseil d’administration. Six mois plus tard j’étais élue co-présidente, administratrice référente sur le pôle financier.

À ce titre, je me réjouis de participer, avec les quinze autres administrateur·ices et l’équipe salariée, à une réflexion globale sur les missions et le rôle de Films en Bretagne, et sur les actions prioritaires que nous souhaitons porter pour défendre et développer la filière bretonne et donner à nos films un rayonnement national, voire international.

Propos recueillis par Lubna Beautemps pour Films en Bretagne, janvier 2025.