Startmotion : european mood


Startmotion, c’est une initiative inédite à l’échelle nationale. Un projet mené par Films en Bretagne en partenariat avec l’EESAB (Ecole supérieure d’Art de Bretagne) pour former de nouveaux professionnels de l’animation en volume. En octobre 2019, au terme de neuf mois de cursus, prenait fin la première édition du programme, dix stagiaires se tenant prêts, dès lors, à exercer leurs compétences fraichement affutées. Et ensuite ?

 

Construite sur mesure et avec le concours des professionnels. C’est en suivant le credo habituel de la formation selon Films en Bretagne que s’est mise en place cette formule de professionnalisation à l’art et aux techniques de la « stopmotion » jusqu’à présent unique en son genre (www.startmotion.eu). A l’heure du bilan, celui d’une première édition à valeur expérimentale, la satisfaction est de mise pour Frédérique Calvez, en charge de la formation continue à l’EESAB. Pour elle, comme pour la structure qui l’emploie, le registre est relativement nouveau puisque c’est en 2018 seulement que l’école s’est ouverte à la formation professionnelle sur ses quatre sites (Lorient, Brest, Quimper et Rennes).

C’est l’antenne lorientaise de l’école qui accueillait la formation Startmotion et ses dix stagiaires. Dix candidats choisis en fonction de leur lien initial avec la discipline, justifiant pour certains « d’une première expérience, pour d’autres d’une pratique avancée », rend compte Frédérique Calvez. « Nous avons été très attentifs à ce qu’ils aient un projet professionnel en relation directe avec la formation. » Ainsi, au terme d’un appel à candidatures lancé au festival d’Annecy, des aspirants originaires de Belgique, de Toulouse, Angoulême, Paris et, bien sûr, quelques bretons, ont constitué la toute première promotion et suivi le cursus complet neuf mois durant.

Un cursus complet, et même un programme intensif, confie Frédérique Calvez. Un rythme dont « certains ont peut-être un peu souffert » concède la responsable de la filière professionnelle. Mais c’était pour la bonne cause ! « Les opportunités étaient telles et le désir d’offrir un panorama complet de la chaîne de fabrication d’une oeuvre animée nous semblait si important que, c’est vrai, l’emploi du temps était sans temps mort ». Pas de latence non plus à l’issue de la formation : trois participants ont été recrutés aussitôt par la société rennaise Vivement lundi ! et une autre va rejoindre les studios de Beast animation, en Belgique, au mois de janvier.

 

 

Rappelons que de grands noms de l’animation se sont succédés pour partager leur savoir dans le cadre de Startmotion. Kim keukeleire, collaboratrice de Wes Andersen (en photo avec les stagiaires ci-dessous) en faisait partie, comme Emma de Swaef, Denis Walgenwitz ou Xavier Kawa-Topor.
 Au total, une vingtaine d’intervenants ont pris part à la formation des stagiaires, et parmi eux, quelques-uns de nos professionnels bretons les plus aguerris ; lesquels avaient également participé, en amont, à l’ingénierie de la formation. Le cursus articulait trois phases. La première, à Lorient où il s’agissait d’apprendre à fabriquer. Puis une période de stage en entreprise avec, là encore, de véritables opportunités ; tous les grands studios européens ayant été approchés au préalable pour être partenaires. Qui chez Aardman, à Bristol, d’autres au Danemark (chez Wiredfly à Aarhus), en Slovaquie (chez Artichoke à Bratislava), ou, plus près, à Toulouse (chez Xbox), Bourg-les-Valence (chez Folimage et Foliascope) et à Rennes (chez JPL Films et Vivement Lundi !), tous les candidats ont émargé sur une production en cours.

 

Startmotion Kim Keukelaire

 

De retour à Lorient pour une ultime session urbi, la bande des dix a mis la main à la pâte sous la houlette de l’Afca. L’association à la tête du Festival national du film d’animation, avait en effet confié aux stagiaires la réalisation de deux pastilles. L’une a été dévoilée dans le cadre de la Fête de l’animation, la seconde sera présentée lors du prochain festival piloté par l’Afca, à Rennes, en avril 2020. « Une mise en situation professionnelle, avec date de livraison programmée et obligation de résultat, soit un exercice grandeur nature et la pression qui l’accompagne ! » raconte Frédérique Calvez.

Outre le rythme trépidant et la tension qui peut accompagner toute expérimentation d’une telle envergure, les artisans du projet tirent de l’aventure un bilan résolument positif : « Le duo EESAB / Films en Bretagne a apporté au projet une force de frappe démultipliée », se félicite Frédérique Calvez. « Le partenariat nous a grandement facilité la tâche et nous sommes reconnaissants de sa grande réactivité à la fédération Films en Bretagne. Du côté des bénéficiaires, certains des stagiaires étaient autodidactes. Un tel programme représente une opportunité de professionnalisation essentielle. On a vu que quelques-uns ont été happés par les studios à peine sortis de stage. »

Convaincus de l’opportunité d’un portage à deux têtes et assurés de la pertinence du programme, l’EESAB et Films en Bretagne travaillent dès maintenant à construire la prochaine session de Startmotion, projetée en 2021. Frédérique Calvez en précise les grandes lignes : « On garde l’architecture testée cette année, c’est à dire que l’on reste sur neuf mois et un stage, avec l’idée, aussi, de faire réaliser un film. Ce qui évolue, c’est notre ouverture sur l’Europe, renforcée. Un comité d’experts se réunira dès le mois de mars pour y travailler. La « stopmotion » c’est un tout petit milieu, on va donc essayer d’ouvrir à des stagiaires d’autres pays en travaillant avec nos partenaires européens. Nous envisageons d’accueillir cinq candidats extra nationaux et de solliciter par conséquent des intervenants professionnels anglophones. »

« Notre ambition reste de correspondre au paysage dans lequel nous inscrivons cette formation. Nous ne sommes pas partis pour former des professionnels en ignorant que les projets développés sont limités. Nous préférons répondre à un véritable besoin. Notre but est de former non pas des auteurs mais des techniciens polyvalents, avec une vision globale des projets. Nous pensons que c’est leur donner les meilleurs chances et les opportunités les plus larges. Avec ce bagage et leur expérience, ils pourront pourquoi pas devenir auteurs et ils auront moins peur de se lancer dans la réalisation. »

Good vibes to start again!

Marie Esnault