Séné, Morbihan, commune de la première couronne vannetaise, 8500 habitants…et 5 projections pour ce mois du doc ! Qui dit mieux ? Il faut dire que leur nouveau lieu, le Grain de Sel, fait monter en puissance leurs ambitions culturelles. Avec une philosophie très participative, fondée sur les “Glop”. Décryptage avec Delphine Cadé, responsable de la médiathèque .
– Depuis combien de temps Séné participe au Mois du Doc ?
– Delphine Cadé : 4 années, c’est un rendez-vous attendu sur la commune maintenant, l’habitude est prise. C’est un beau moment pour rapprocher les gens, surtout en ce mois de novembre un peu vide. Ici tout le monde l’attend avec impatience ! Et c’est une manière de mettre la commune en relation avec un réseau régional et national. L’année dernière, nous avons organisé une seule projection, celle de Jon Face au Vent, de Corto Fajal, on a eu 80 personnes. Ce n’est pas le seul événement cinéma de la commune, mais il est très bien identifié.
– Qu’est-ce qui a changé avec l’ouverture du Grain de Sel, le nouveau centre culturel ?
– Le Grain de Sel, c’est un centre culturel avec une médiathèque de 700 m2 et une salle de spectacle de 256 places, il vient juste d’ouvrir, il y a quelques semaines. Son nom a d’ailleurs été trouvé par une habitante de Séné. En référence aux marais salants bien sûr, mais pas seulement. La philosophie du lieu, c’est que tout le monde y mette son grain de sel ! Il a été pensé avec une politique culturelle très participative, avec le système des GLOP : Groupe Local d’Orientation et de Programmation. Il y a un Glop pour la lecture, le théâtre, la danse ou encore les arts-plastiques. Et un groupe appelé le GLOP cinédoc. 6 personnes y participent : une élue, moi-même, l’animateur audiovisuel, et 4 habitants de la commune. Nous sommes allés tous ensemble aux deux journées de visionnage des films, proposé par Cinécran pour le Mois du Doc, à Vannes. Nous en avons choisi trois, suite à un débat collégial animé ! Nous avons retenu C’est beau la politique vous savez, un film sur Edgard Pisani, Rock Da Breizh, sur les relations entre musique tradi et rock en Bretagne, et The Pipe, sur une communauté irlandaise qui résiste à l’implantation d’un pipe-line.
– Comment arrivez-vous, en tant que médiathèque aux moyens limités, sans publicité, à programmer 5 films en un mois sur une commune de taille modeste ?
– C’est un peu un pari, on ne sait pas encore si on arrivera à avoir 40 ou 50 personnes par projection, comme on l’espère. Mais il faut dire qu’en plus des trois documentaires choisis par le Glop, deux autres films se sont rajoutés à la demande d’associations locales ! L’un est proposé par le CCFD, sur les Roumains, Tiers Paysage. Et l’autre film a été proposé par le comité de jumelage avec la Galice, sur le collectage dans cette province espagnole: Tempo Da Recolleita. C’est une dimension collégiale supplémentaire ! C’est sans doute lié à la taille de la commune, ici les bénévoles se bougent, et les élus sont présents à la projection des films.
– Comment pratiquez-vous ce Mois du Doc plus précisément ?
– De manière avant tout conviviale. Le Glop et l’invité membre de l’équipe du film se retrouvent avant la projection pour un casse-croûte, puis après le film et le débat, il y a un pot pour tout le monde. Sur l’animation du débat, on est encore en apprentissage, on est bien conscient que ça se prépare. Nous veillons à parler autant du fond que de la forme du film. Il est important que le réalisateur ou la réalisatrice soient présents pour l’échange, ou un autre membre de l’équipe, comme le monteur. Les spectateurs sont ravis d’avoir quelqu’un qui est de l’autre côté, dans les coulisses, dans l’envers du décor, qui raconte les ficelles, ce n’est pas si fréquent. Et d’avoir ce temps moins formel d’après-débat, c’est important : les plus timides peuvent poser des questions, prolonger la discussion. Pour nous c’est primordial, cette dimension humaine, c’est moins sec que d’aller au cinéma et puis de rentrer chez soi…et j’ai l’impression que les réalisateurs apprécient aussi ces rencontres !
Propos recueillis par Brigitte Chevet
Photo du Grain de Sel : copyright mairie de Séné