Rien n’arrête Dimitri : après la télévision, le web !


Le succès de Dimitri lui fait pousser les ailes : en passe de gagner son public de tout petits sur les écrans de France 5, le personnage créé par Agnès Lecreux ne se satisfera pas d’une audience télévisuelle, il enchantera bientôt le web !

Alors que les équipes réunies sur Dimitri – le prequel de 26 minutes et la série d’Agnès Lecreux – s’apprêtent à livrer le passereau à France Télévisions Jeunesse, d’autres petites mains s’affairent pour les rejoindre sur la ligne d’arrivée le 28 avril. À leur tête Céline Dréan, réalisatrice de documentaires devenue en un tournemain créatrice d’une minisérie documentaire animée à destination du web, Dis-moi Dimitri. Nous avons déjà conté l’aventure d’Agnès au pays de l’animation dans un précédent papier. Le charme de son petit personnage a si bien opéré qu’il sera également programmé sur la plateforme web de France Télévisions Éducation sous une nouvelle forme : 26 mini-programmes de 2 minutes chacun. Une nouvelle histoire, celle de Dis-moi Dimitri, qui n’en est pas tout à fait une autre !

« Quand Jean-François Le Corre m’a appelée en me proposant de prendre en charge la réalisation de cette série, j’ai d’abord été étonnée : je réalise des documentaires, je n’ai jamais fait d’animation autrement que comme directrice de production… et je ne suis jamais allée en Afrique ! », nous confie Céline Dréan. « Il n’a toutefois eu aucun mal à me convaincre. »
Le projet avait alors germé depuis longtemps dans l’esprit du producteur de Vivement lundi ! Cette idée originale d’une mini-série éducative et ludique, complémentaire de la série animée Dimitri, faisait partie du dossier proposé au projet soutenu par Media (1) et qu’il avait présenté au Forum Cartoon en 2011.

Comme toujours en animation, l’idée prend corps avec le temps et à mesure que les partenaires s’associent à l’affaire. Après l’envoi d’un pilote en mai 2013, reçu avec enthousiasme par France Télévisions, la production est lancée en décembre 2013. Ces 26 mini-programmes devront être livrés avec le reste du package Dimitri.

Dis-moi Dimitri, qu’est ce que c’est ?

Tous les épisodes de la mini-série sont structurés de la même façon : une voix d’enfant pose une question naïve à Dimitri – « Dis-moi Dimitri, pourquoi le zèbre a des rayures ? » – à laquelle le passereau donne une réponse farfelue. Makeba la girafe intervient alors sur un ton plus didactique et explique la problématique de l’épisode, toujours en lien avec l’Afrique.
Chaque épisode est autonome par rapport à l’ensemble et par rapport à la série dont il est le complément : « Nous pensions adosser chaque mini-doc à un épisode de la série mais il s’est avéré que ce n’était pas toujours pertinent : pour certains épisodes documentaires, la question susceptible d’être posée figurait déjà dans l’épisode de la série. Nous nous sommes donc détachés de cette contrainte. »
Cette mini-série documentaire destinée aux tout petits doit pouvoir servir de support pédagogique aux professeurs des classes maternelles, en plus d’amuser la toute jeune galerie. Cela implique que les différents épisodes suivent scrupuleusement la charte de la chaîne et ses préconisations, mais également qu’ils soient cohérents avec les programmes de maternelle. Vivement lundi ! s’est donc adjoint les services d’une consultante en la personne d’Anne-Marie Burban, directrice d’école maternelle à Rennes, dont Céline Dréan nous dit que c’est « une femme que Jean-François et moi connaissons et que nous estimons ; elle a vérifié que nous étions cohérents par rapport au programme destiné aux 3-6 ans, à toutes les étapes ».

Pour illustrer ces leçons de choses qu’elle a écrites, Céline Dréan s’est occupée de réunir et de monter des contenus hétérogènes tels des stock-shots obtenus sur des sites d’achat d’images, des images 2D et des interventions inédites de Dimitri face caméra, avec les mêmes bulles en papier kraft que pour la série contenant les commentaires de l’oisillon sous la forme de dessins très enfantins, images tournées spécifiquement pour les mini-docs.

Deux animateurs suisses qui coréalisent le programme ont été appelés en renfort : Yves Gutjahr et Claudia Röthlin. « Il y a eu cinq semaines de tournage pour des plans supplémentaires de Dimitri de face dans différents décors. Il n’était évidemment pas question pour moi d’animer. Claudia et Yves m’ont prêté main-forte et heureusement qu’ils étaient là ! Le processus de production en volumes est tellement compliqué que je n’aurais pas pu être sur tous les fronts ; sans compter que le planning nécessitait que le tournage et le montage se chevauchent ! », précise Céline Dréan. « Ce qui est vraiment spécifique ici, c’est le fait de mélanger des images documentaires avec des images d’animation. C’est aussi ce qui fait la difficulté de la réalisation : ça demande de faire en sorte que tout fonctionne à la fois esthétiquement et en termes de rythme ; c’est aussi un peu plus compliqué et laborieux techniquement, que de manipuler et d’agencer tant de matériaux différents », ajoute-t-elle.

Écritures

Pourtant, la réalisatrice n’en est pas à son premier challenge, elle qui qualifie modestement son parcours « d’un peu particulier » : « Je me retrouve toujours en train de faire des choses que je ne connais pas ; c’est fatiguant mais j’apprends beaucoup à chaque fois. Il faut croire que c’est ma manière de fonctionner. » Directrice de production chez Vivement lundi !, réalisatrice d’un webdoc (Les Murs de la Casbah) et de plusieurs documentaires qu’elle réalise et qu’il lui est arrivé de cadrer en apprenant sur le tas… Céline Dréan se laisse volontiers porter par les défis qu’elle se lance à elle-même ou qu’on lui demande de relever.

Dis-moi Dimitri est bien loin de ses pratiques d’écriture scénaristique, exercice dont elle se délecte – « je fais partie des réalisateurs qui aiment écrire. J’en ai même vraiment besoin, c’est une étape nécessaire pour moi dans le processus de création » ‑ mais qui ne mobilise pas du tout les mêmes énergies en fonction de la nature des projets. « En documentaire, tu écris un film fantasmé que le tournage rend un peu plus réel, avant que le montage ne vienne défaire les derniers écheveaux de tes fantasmes. Tu es toujours en train de réfléchir au sens des choses et le temps est une part importante de la réalisation. En animation au contraire, il faut tout écrire très précisément dès le début pour monter l’animatic qui servira de base au tournage. Il faut alors que tout soit arrêté. L’animation coûte tellement cher que tout doit être décidé une fois pour toutes, car ensuite il n’y aura pas la possibilité de modifier quoi que ce soit, sinon d’infimes détails et de manière tout à fait exceptionnelle. C’est très troublant pour moi, ça me demande de mobiliser une énergie presque inversée. Pour ce qui est du sens des choses en revanche, c’est beaucoup moins inquiétant que le documentaire, sans compter que l’animation est un travail collectif : j’ai écrit seule mais ensuite je ne l’ai plus été. »

Points de suite

En sus de ce grand plus à la série Dimitri que constituent ces éclairages documentaires, France Télévisions Éducation a demandé à Vivement lundi ! de créer un quizz de six questions accolé à chaque épisode. Ce quizz sera publié sur le site de la chaîne pour prolonger l’aventure, et continuer d’apprendre en s’amusant.
Forte de cette nouvelle expérience, qu’elle dit avoir trouvée « globalement très amusante », Céline Dréan laissera de côté ses « premières amours » (l’animation, en tant que directrice de production) pour revenir à son domaine de prédilection qui est aussi un champ d’investigation perpétuelle : le réel. « Je suis contente de retourner au documentaire, me caler sur un autre rythme, retourner à l’écriture au long cours… »
Gaell B. Lerays
(1) MEDIA est un programme de l’Union Européenne de soutien à l’industrie cinématographique, audiovisuelle et du jeu vidéo.
Dis-moi Dimitri réalisé par Céline Dréan, coproduit par France Télévisions Education, Radio Télévision Suisse, Nadasdy films et Vivement lundi! avec le partenariat de la Région Bretagne, du Cinéforum (Suisse), de la Loterie Romande (Suisse) et du CNC.

La web-série sera diffusée à partir de début mai sur France Télévisions Education.

Sur FRANCE 5 dans Zouzous : diffusion de la série Dimitri (26 x 5′) réalisée par Agnès Lecreux en co-réalisation avec Ben Tesseur et Steven De Beul, à partir du 28 avril à 7h30, et diffusion, le 3 mai à 9h45, d’un film de 26 mn intitulé Dimitri à Ubuyu réalisé par Agnès Lecreux en co-réalisation avec Fabien Drouet, Ben Tesseur et Steven De Beul.