Le 4 juillet dernier lors de l’Assemblée Générale de Films en Bretagne a été élu le nouveau conseil d’administration et son président, Serge Steyer. Bien connu de l’Union des professionnels qu’il a dirigé de 2008 à 2011, il revient sur les raisons de son engagement dans le collectif. Serge Steyer est aussi réalisateur de documentaires de création.
Serge Steyer n’est pas breton, du moins natif comme on peut le dire parfois, mais il travaille et vit en Bretagne depuis une quinzaine d’années. Alsacien d’origine, producteur basé à Paris dans les années 90, après avoir été directeur de production chez Agat films et JBA productions, il a progressivement orienté sa vie professionnelle vers la réalisation de films documentaires et sa vie personnelle au Bono dans le Morbihan. Trente films plus tard, sa filmographie se compose de portraits d’intellectuels et d’artistes ou traite d’écologie ou de spiritualité. Après quatre ans d’abstinence, il revient aujourd’hui à la réalisation avec un film en montage et un autre en cours d’écriture.
Le cristal et la fumée s’intéresse à l’artiste lorrain Patrick Neu et à l’élaboration d’une exposition personnelle au Palais de Tokyo. Impulsée par Stéphane Manchematin (universitaire et producteur de documentaires à France Culture : Sur les Docks, A voix nue, ndlr) cette co-réalisation n’était pas gagnée d’avance. Serge Steyer avoue avoir eu quelques réticences à se lancer dans l’aventure : un partage des tâches qu’il imaginait complexe même si Stéphane Manchematin avait collaboré à une dizaine de ses précédentes réalisations ; et un film d’une grande exigence formelle doublée d’un sujet, l’art contemporain, « tout pour rendre difficile l’accès aux chaînes de télévision ». La foi dans le projet de son complice l’encourage et il sait qu’il va y retrouver un de ses sujets de prédilection, « le processus de création, la construction de la pensée et sa concrétisation en œuvre et puis j’aime la capacité qu’ont les artistes à aller au bout d’un rêve, ils rêvent et ne veulent pas s’en tenir là ». Le projet, développé conjointement par .Mille et Une. Films et Bix Films, trouve ses premiers partenaires, Vosges-TV et la Région Lorraine. Le duo commence à tourner, met quelques jours à trouver ses marques et le personnage, d’un abord plutôt mutique, se révèle d’une formidable présence. Après visionnage du teaser, France 3 avec son Pôle Nord-Est et La Case de l’oncle doc s’engagent et la production s’appuie désormais sur le soutien des Régions Alsace, Bretagne et Lorraine, de la Communauté Urbaine de Strasbourg, du CNC et de la Procirep-Angoa. Stéphane Manchematin prend davantage en charge le son et Serge Steyer l’image. « La découverte de la HD et de son énorme potentiel m’ont permis de revenir à un travail soigné sur la lumière, les mouvements… J’y ai retrouvé la précision du super 16, que j’ai connu à mes débuts. » Deux versions du film sont en cours de montage, un 52 minutes pour France Télévisions et une version longue pour Vosges-TV et les salles.[/vc_column_text][vc_video link= »http://vimeo.com/73134975″ animation= »flip-x »][vc_column_text disable_pattern= »true » align= »left » margin_bottom= »0″ animation= »bottom-to-top »]
Et puisque Serge Steyer est de retour à la réalisation, un second projet est en cours d’écriture, « il s’agira cette fois d’une comédie documentaire » nous promet son auteur… En attendant le déluge est accompagné par Estelle Robin You des Films du balibari. C’est via Films en Bretagne qu’est née cette nouvelle collaboration. Leur rencontre date de la mise en place du tutorat de jeunes auteurs dont Estelle Robin You assure l’accompagnement en tant que productrice.
Transition faite, revenons sur la présence de Serge Steyer aux manettes du conseil d’administration de Films en Bretagne. Elle s’inscrit bien dans une continuité puisqu’il y a déjà exercé de nombreuses fonctions. Rédacteur pour la Lettre de Films en Bretagne, directeur de publication de la Photographie de l’activité audiovisuelle et cinématographique en Bretagne et du manifeste pour une véritable décentralisation audiovisuelle en France en 2007, il fût directeur de l’association dès 2008 pendant trois ans. Des années marquées par la rigueur, imposée par l’état de fragilité dans laquelle se trouvait la fédération – difficultés financières et instabilité de la direction – des années qui ont permis de reconstruire une équipe de salariés et de regagner la confiance des administrateurs et des partenaires institutionnels.
Initiateur du projet éditorial RAP ! dont l’objectif est de « nourrir le champ politique et le débat citoyen » sur la réforme de l’audiovisuel public, Serge Steyer y apporte sa touche personnelle faite d’un réel intérêt pour le fait politique, d’exigence et de curiosité. Et c’est aussi ce qui le conduit à revenir dans le collectif, « Films en Bretagne doit être en lien direct avec les réflexions menées au niveau national, notamment dans le cadre de la future réforme de l’audiovisuel ou de sa décentralisation », il ajoute « nous devons réfléchir au sens global de notre collectif et savoir en quoi il peut servir la communauté des professionnels ». Ranimer la flamme de l’engagement est bien est l’un des objectifs du nouveau président du CA, « faire en sorte qu’on puisse pratiquer nos métiers dans des conditions décentes tout en n’oubliant pas que notre engagement a une autre dimension. Les œuvres que l’on produit ont un rôle dans la société, un impact du fait de leur diffusion, des débats qu’ils suscitent. Voilà deux bonnes raisons d’avoir une réflexion et une démarche collective à Films en Bretagne ».
L’autre volonté du président est que le CA s’interroge sur la montée en puissance de Films en Bretagne qui a vu ses missions se multiplier, accroissant d’autant le travail de son équipe salariée. Il espère que les administrateurs sauront « rééquilibrer l’organisation, réidentifier les priorités et retrouver un volume de travail compatible avec nos moyens humains ». Le 30 août prochain se tiendra la première réunion de travail du conseil d’administration présidé par Serge Steyer, souhaitons que les dispositions qu’il souhaite insuffler trouvent un écho favorable.
Elodie Sonnefraud