Retours d'expériences : « Il faut sauver la Plateforme et le Parcours d’auteur·ice·s ! »


Il faut sauver la Plateforme et le Parcours d’auteur·ice·s !

Les coupes budgétaires massives voulues par Christelle Morançais, la présidente de Région Pays de la Loire, et votées par le conseil régional en décembre 2024, ont mis en grave péril de nombreuses structures culturelles ligériennes avec, pour conséquence immédiate, des suppressions de postes, et, à l’horizon 2026, le risque de disparition pure et simple.

La Plateforme, Pôle cinéma et audiovisuel des Pays de la Loire, bien connue des professionnel·les breton·nes, a ainsi vu sa subvention régionale 2025 diminuer de 50% et a dû renoncer à un poste sur trois.

Malgré cette attaque sans précédent, nos collègues ont réussi à maintenir la huitième édition du « Parcours d’auteur.ices ». 12 auteur·ices, dont deux bretonnes, ont donc été accueillis cette année, avec le sérieux et la générosité qui font la marque de fabrique du dispositif.

Ce « Parcours », né de la volonté de pallier l’absence totale de soutien régional à l’écriture, accueille à parité les documentaristes et les scénaristes de fiction et se déploie sur 6 mois, à mi-chemin entre résidence et formation à l’écriture. Il est ouvert aux auteur.ices de toute la France, avec une attention particulière portée aux talents des régions partenaires de Deux Temps Trois Mouvements (Bretagne, Centre – Val de Loire, Pays de la Loire).

Alors que la Plateforme se démène pour sauver l’édition 2026 et trouver les moyens de poursuivre ses activités et maintenir ses postes, Films en Bretagne a souhaité publier les retours d’expérience de trois femmes qui cheminent avec le « Parcours », façon de dire notre reconnaissance et notre solidarité.

Madeleine Leroyer, co-présidente de Films en Bretagne.


Retour d'expérience de Solenn Barbosa-Dias, autrice-réalisatrice

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Formée en réalisation de documentaire aux ateliers Varan et, plus récemment, à l’écriture de fiction au Master scénario de l’Université de Nanterre. Je suis membre du collectif rennais Eskemm Films. Actuellement, je travaille sur un projet de documentaire À prendre soin et un court métrage La fugue, sélectionné à la résidence du Moulin d’Andé, prix Suzanne Lipinska.

Son retour d'expérience :

L’accompagnement proposé par le dispositif Parcours d’auteurices m’a permis de pousser l’écriture de mon film documentaire. Je suis arrivée avec un projet dont les pistes narratives étaient multiples. J’avais à la fois une motivation très forte pour ce projet, mais aussi des moments de doutes. Le fait de participer au dispositif m’a permis de prendre confiance dans le film que je porte. J’ai pu échanger avec plusieurs professionnels et, accompagné de notre tuteur, Vincent Pouplard, j’ai pu expérimenter plusieurs pistes dramaturgiques.

Je termine ces six mois d’accompagnement avec un dossier d’écriture, la sensation d’être plus solide sur mes intentions et sur mes envies de réalisation. Cela m’a permis de l’inscrire dans le champ professionnel. J’ai pu également bénéficier de retour de producteur et productrice sur mon dossier de film. Ces retours sont très enrichissants et permettent de continuer à croire dans son projet de film. J’ai pu également faire de nombreuses rencontres avec les personnes qui participaient à ce dispositif. Des auteurs et autrices avec qui nous continuons d’échanger et nous nous organisons des temps d’écriture.

C’est un métier dans lequel nous sommes souvent isolé·e·s et ce type d’accompagnement est plus que nécessaire pour mener à bien nos projets de films.


Retour d'expérience de Lara laigneau, autrice-réalisatrice

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Je me suis formée en parallèle à l’écriture et à la réalisation documentaire (Ty films, Eskemm films, La Plateforme) et sors actuellement un deuxième film, un court documentaire expérimental inspiré de l’œuvre artistique rennaise Anima Ex Musica, Le dernier refuge, produit par les Salines Films. Depuis plusieurs années, je suis membre d’Eskemm Films, de l’Arbre et je milite au sein de la Boucle documentaire (un réseau d’auteurices-réalisateurices au niveau national).

Son retour d'expérience :

Depuis que j’ai commencé en 2017 à me former à l’écriture et à la réalisation documentaire, j’ai toujours eu à cœur de prendre le temps d’explorer la forme la plus adaptée aux récits que je souhaite partager aux spectateur·ice·s. Etant dépendante des heures d’intermittence que je devais prester en tant que technicienne, il a parfois été difficile de jongler entre les tournages pour d’autres et l’écriture de mes propres films.

Néanmoins, le Parcours d’auteur·ice·s que j’ai terminé en juin m’a permis une forme de flexibilité de par sa construction en trois modules distincts reliés par des rendez-vous intermédiaires avec notre tuteur documentaire Vincent Pouplard. Se laisser traverser par les émotions qui parcourent nos projets, les laisser décanter et en extraire le nectar pour ensuite les coucher sur le papier : tout cela a été pour moi un apprentissage très riche, entourée par des camarades auteuric·es aux parcours variés.

Aussi, les rencontres organisées avec des intervenant·e·s aussi divers que des réalisateur·ices, technicien·nes, comédien·nes ont été déterminantes pour stimuler l’inspiration et appréhender nos films par des spectres différents, décalant notre regard de façon parfois originale (comme ce fabuleux atelier participatif autour du collage et des arts plastiques).

L’équipe organisatrice de la Plateforme a été d’une incroyable ténacité malgré les incertitudes liées au contexte économique et nous avons pu être soutenu·e·s par tous les partenaires qu’elle a su fédérer au fil des années d’existence du Parcours d’auteur·ice·s (L’association Pol’N, les cinémas de La Bernerie en Retz et de Nantes).

Un grand merci à elle !

Retour d'expérience d'Emmanuelle Jacq, productrice

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Emmanuelle Jacq a exercé pendant 10 ans comme directrice de production de fictions et de documentaires pour différentes sociétés avant de venir, notamment, productrice associée des Films du Balibari. Elle fait un crochet au poste de secrétaire générale du Festival des 3 Continents et, en parallèle, produit Pas comme des loups de Vincent Pouplard. Elle se consacre, depuis, à la production de documentaires de création en tant de productrice indépendante. Elle collabore avec différentes structures (A Perte de Vue, D’un Film l’Autre, 8,7, etc.) et intègre, en 2020, l’équipe de .Mille et Une. Films. Elle en reprend la conduite début 2023.

SON RETOUR D'EXPÉRIENCE :

Le Parcours d’auteur·ices de la Plateforme est un dispositif unique dans l’accompagnement des auteur·ices au stade de l’écriture. Les participant·es, majoritairement émergent·es, y confrontent leur projet à l’expertise de tuteur·ices qui les familiarise avec les codes du dossier de fiction ou de documentaire. Ce tutorat qui se déroule dans un temps long permet d’amorcer le processus d’écriture, de mûrir les projets en étant à l’écoute des retours et d’aboutir une première version du dossier qui correspond aux attentes du secteur. Cette première phase d’écriture est une très bonne préparation aux étapes suivantes.

Un autre aspect très bénéfique est la rencontre avec des réalisateur·ices expérimenté·es et également des professionnel·les de la diffusion, de la distribution ou de la production. Ces temps d’échange permettent de donner accès aux réalités et enjeux de l’écosystème auxquels les auteur·ices seront confronté·es par la suite. La formation au pitch est également un atout majeur puisque c’est un exercice et un format pratiqué à différents stades de la production d’un film et qui permet de convaincre des partenaires pour financer le projet.

J’ai produit deux documentaires issus de ce Parcours et un troisième sera terminé d’ici la fin de l’année 2025. Pour chacun des trois projets, j’ai pu constater l’évolution notoire des projets pendant le Parcours. À l’issue de cette formation, les auteur·ices étaient prêt·es à entamer la phase de développement. Travailler avec un·e auteur·ice qui est conscient·e des étapes de fabrication d’un film et du fonctionnement de l’écosystème est très précieux pour un·e producteur·ice. Cela donne aux participant·es de plus grandes chances de trouver une production et d’aboutir leur film. C’est également un label qui s’est s’affirmé au fil du temps et qui est aujourd’hui un vrai gage de qualité.


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