Un Mois du film documentaire 2009 en grande forme et des inquiétudes sur les budgets futurs de la manifestation.
Publié par Images en Bibliothèques, le bilan de l’édition 2009 du Mois du film documentaire affiche une satisfaction bien légitime. En dix ans, la manifestation nationale a vu passer le nombre de lieux participants de 200 à 1226 et, en conséquence, a multiplié par trois ses spectateurs. Preuve de la belle vigueur du Mois du doc et de sa dimension fédératrice, entre 2008 et 2009, 196 nouveaux lieux ont rejoint le réseau de diffuseurs (une hausse de 19% !). Et, comme l’an dernier, la Bretagne peut légitimement bomber le torse : avec 195 lieux de diffusion, soit 16% du total national, elle arrive en tête des 17 régions organisant le Mois du doc.
Autres chiffres réjouissants : plus de 1500 films réalisés par 1350 réalisateurs ont été programmés l’an dernier. 91% des programmateurs interrogés par Images en Bibliothèques estiment qu’il est « important de programmer des films rares ou peu connus du grand public ». Et, comme le fait Estelle Caron (la présidente d’Images en Bibliothèques) dans son édito, il est pertinent de rapprocher ces statistiques d’un constat fait par les Etats généraux du documentaire de Lussas l’été dernier : en 1989, 70 % des documentaires de la sélection Incertains regards étaient produits avec le soutien des chaînes de télévision. Vingt ans plus tard, les pourcentages se sont inversés et 70 % des documentaires proposés se font sans le soutien des chaînes du premier cercle de diffusion (NDLR : de nombreux documentaires sont désormais produits avec le soutien des chaînes régionales et locales, que l’on peut considérer comme les second et troisième cercles de diffusion télévisuel). On peut donc estimer que la frange du cinéma documentaire la plus en manque d’écrans a pu trouver une nouvelle visibilité grâce au maillage du territoire constitué depuis dix ans par les structures participant au Mois du doc.
ET DEMAIN ?
Cette santé florissante du Mois du film documentaire devrait éclaicir un horizon culturel particulièrement chargé en ce début 2010. Mais, sans chercher à attiser la sinistrose ambiante, force est de constater qu’en ces temps de RGPP et de disparition de la taxe professionnelle, l’avenir de la manifestation peut aussi susciter quelques craintes.
En Ille-et-Vilaine, le Comptoir du doc constate la baisse de certains soutiens publics et s’inquiète de la situation budgétaire difficile du Département. Heureusement pour cette association très impliquée dans la coordination régionale du Mois du film documentaire, la situation est plus rassurante du côté de la Région, de la Procirep et de la SCAM qui ont augmenté leurs soutiens sur certaines actions tandis que la communauté d’agglomération Rennes Métropole s’est financièrement impliquée pour la première fois en 2010 sur le festival Images de Justice. Au Comptoir du doc, on estime que « globalement, la situation devient tendue » et on se prépare « à la baisse du financement du Conseil général sur le Mois du doc ». Option envisagée : la modification du soutien aux structures participantes, notamment en diminuant les prises en charges.
Même son de cloche dans le Finistère où Daoulagad Breizh, autre coordinateur régional, craint de voir « fondre » le soutien que le Conseil général 29 donne aux bibliothèques pour le Mois du doc. À cette crainte, s’ajoute l’hypothèse que de nombreuses structures participant au Mois du film documentaire risquent, elles aussi, de voir leurs budgets touchés par les restrictions budgétaires qui se profilent dans la majorité des départements. L’impact cumulé que cette situation pourrait alors avoir sur les futures éditions de la manifestation, peut être une source d’inquiétude légitime…
Jean-François Le Corre