MARION BARRÉ : une cellule, deux têtes, de l’énergie et plein d’envies


Nouvellement arrivée en Bretagne, la Cellule Productions a maintenant un pied à Paris avec Soyo Giaoui et l’autre à Plonéour-Lanvern dans le Finistère, avec Marion Barré.  
Autodidactes et pleines d’énergies, ces deux productrices ont déjà produit une dizaine de courts métrages assez divers par leur forme et leur nature. Réalistes, expérimentaux ou encore de genre et plus onirique, en prise de vue réelle ou en animation, leur filmographie est surprenante ! 

Pour faire plus ample connaissance, Marion Barré se prête à nos 3 questions à…


FILMS EN BRETAGNE : Quel a été ton parcours professionnel et qu’est-ce qui t’a amené à la production ? Peux-tu nous raconter l’histoire de la Cellule Productions et ce qui t’a donné envie de prendre part au projet ? 

MARION BARRÉ : Dès la fin de mes études de commerce, j’ai été attirée par le secteur culturel, et j’ai travaillé pendant 2 ans dans le mécénat, au service de compagnies de danse et de cirque contemporains. Lorsque Soyo Giaoui, amie de longue date, m’a proposé de m’associer à sa société de production, j’ai tout de suite été séduite par l’aventure de la création d’entreprise, et du cinéma. J’avais tout à apprendre, et cela m’a plu ! Nous avons donc passé nos premières années à nous former, nous frotter aux projets institutionnels et à tester plusieurs formats : le court-métrage de fiction, d’animation, le documentaire de création, la série d’animation ado-adulte, la web-série de fiction. Je me souviens comme si c’était hier de la première aide financière que nous avons obtenue, alors que nous travaillions encore à l’époque dans le salon de Soyo ! quelle joie ce fut ! Depuis, nous nous sommes professionnalisées et recentrées sur la fiction et l’animation, tout en gardant une grande diversité dans nos projets.

 

FILMS EN BRETAGNE : Sur votre site il est écrit que vous défendez une ligne éditoriale « éclectique et audacieuse ». Qu’est-ce que cela signifie plus précisément pour vous et qu’est-ce qui guide vos choix ? Quelle est votre « vision » du cinéma ? 

MARION BARRÉ : Au départ, il y a la rencontre avec une histoire : nous aimons les histoires qui nous font réfléchir, qui nous poussent à nous intéresser à un sujet, nous encouragent à nous documenter, à nous instruire : c’est par exemple le cas du film de Sabrina, qui permet de dépasser les caricatures et les préjugés sur les femmes voilées, ou encore celui de Cléo, qui interroge – par l’absurde – la vacuité de la société moderne.
Puis il y a la rencontre avec une personne, et cette rencontre est presque plus importante que celle avec l’histoire ! Avec l’expérience, nous avons compris à quel point il est important d’avoir une relation d’estime mutuelle entre l’auteur.rice et le.a producteur.ice. En effet, produire un film, c’est s’engager sur le long terme, et autant que cela se fasse dans le respect, l’estime et la bienveillance !

 

FILMS EN BRETAGNE : Vous vous ouvrez depuis peu à l’international…peux-tu nous en dire un peu plus ? Qu’est-ce que cela vous ouvre comme perspectives, en termes de cinéma – d’esthétique et de narration – et de production ? 

MARION BARRÉ : Effectivement, depuis quelques années, nous avons décidé de développer notre activité à l’international. Il y avait avant tout l’envie de collaborer avec des auteurs et des producteurs étrangers, pour confronter et partager notre culture du cinéma avec celles d’autres pays. Mais cette ouverture représentait également l’opportunité stratégique d’attirer de très beaux projets de films issus de pays à l’industrie cinématographique moins structurée que la nôtre en France. Et cela a porté ses fruits : HIDE, film d’animation de Daniel Gray (France, Canada, Hongrie) a été sélectionné dans plus d’une trentaine de festivals en 2020 et 2021 (Clermont-Ferrand, Ottawa, L.A. Shorts, Sao Paolo International Short Film Festival, Odense, Leeds, PÖFF Shorts, Cinanima à Espinho, etc.) et primé notamment au Festival du film de Cracovie (Don Quixote Award) et à Animafest Zagreb (Special Award).
A Summer Place d’Alexandra Matheou (France, Chypre) poursuit lui aussi une belle carrière entamée à Tampere, suivie d’une vingtaine de sélections en France (Itinérances à Alès, Grenoble, Villeurbanne, etc.) et à l’étranger (Odense, Palm Springs, Uppsala, etc.). Il a également obtenu le Prix du Syndicat français de la critique de cinéma au Festival en plein-air de Grenoble en 2021, l’Aide après réalisation du CNC en 2022, ainsi qu’un achat par Ciné +. Pour couronner le succès de cette coproduction réussie, la Cellule coproduit le premier long métrage d’Alexandra Matheou, qui devrait sortir courant 2025 !

 

Propos recueillis par Lubna Beautemps, septembre 2023