
Sexothérapeute, thérapeute de couple et formatrice spécialisée en violences sexistes et sexuelles, Marine Bernadou s’appuie sur une solide formation en psychotrauma. Elle intervient à l’Atelier Marcelle et anime des ateliers VIAS en EHPAD et foyers de vie, alliant expertise de terrain et profonde humanité.
À l’occasion de la formation « Devenir référent·e harcèlement et discrimination dans le cinéma et l’audiovisuel », qu’elle mène avec Films en Bretagne, nous lui avons posé nos 3 questions…
3 QUESTIONS À MARINE BERNADOU
Films en Bretagne :
Quel est ton parcours ? Qu’est-ce qui t’a amenée à devenir formatrice prévention harcèlement et discrimination pour l’Atelier Marcelle ?
Marine Bernadou :
À l’origine, j’ai fait une école de cinéma et ai travaillé comme perchwoman.
C’est un milieu que j’aime, mais où j’ai été témoin (et parfois concernée) par des VMSS. À l’époque, je me suis souvent sentie seule et sans ressources pour réagir, car ces sujets étaient complètement passés sous silence, y compris à l’école de cinéma.
Après ma reconstruction, j’ai collaboré avec une association engagée sur ces questions au quotidien, ce qui m’a conduite plus tard à me former au métier de sexothérapeute et de formatrice sur la prévention des violences sexistes et sexuelles pour accompagner les personnes concernées.
Aujourd’hui, à travers mes formations avec l’Atelier Marcelle, j’ai à cœur d’offrir justement ce dont j’aurais eu besoin à ce moment-là et ce dont beaucoup de personnes pourrait profiter positivement : des espaces pour se former, échanger, réfléchir et prévenir, afin que personne ne se sente seul·e face à ces situations.
Films en Bretagne :
Tu animes des sessions de formation régulièrement en Bretagne pour former les professionnel·les du territoire. Quel constat fais-tu de la prise de conscience concernant les Violences Morales Sexuelles et Sexistes lors des échanges avec les participant·es en formation ?
Marine Bernadou :
Je vois une vraie évolution : la parole se libère peu à peu, et les participant·es sont de plus en plus conscient·es des enjeux. En revanche, il reste encore du chemin à faire pour comprendre en profondeur les mécanismes de domination et les formes plus subtiles de violence.
C’est aussi l’occasion d’aborder les spécificités du milieu, ses codes, ses modes de fonctionnement, et parfois ses zones grises, pour mieux repérer ce qui peut poser problème et réfléchir ensemble à des pistes d’action concrètes.
Films en Bretagne :
La plupart des personnes qui viennent en formation sont des intermittent·es déjà sensibilisé·es à la nécessité de cette formation, mais qu’en est-il des structures ? Les sociétés de production ont-elles pris la mesure des enjeux à l’heure où le CNC impose désormais un dispositif de prévention complet ?
Marine Bernadou :
Les choses avancent, mais pas partout au même rythme. Certaines structures se sont vraiment emparées du sujet et font un vrai travail de fond, tandis que d’autres peinent encore à s’y retrouver, souvent faute d’information ou de temps pour se former.
L’obligation du CNC a clairement permis de faire bouger les lignes, mais la vraie évolution se joue quand la prévention devient une habitude, un réflexe collectif. C’est là que la formation prend tout son sens : comprendre, échanger, et construire ensemble des pratiques plus saines et plus respectueuses au quotidien.
Propos recueillis par Films en Bretagne, octobre 2025.




