LE BLEU TE VA BIEN : premier film, en première diffusion dans l’heure D


Avec Le Bleu te va bien, partagez le chemin d’une famille chamboulée, une mère et ses trois filles, dans l’inéluctable interdépendance des aidantes et de celle qui a besoin d’être accompagnée…

Le premier film de Lucie Rivoalen est diffusé pour la première fois le mercredi 20 juillet, sur l’antenne de France 3 national, dans l’heure D, à 23h30 – l’occasion pour Films en Bretagne de faire remarquer ce film remarquable, de faire un focus son parcours de diffusion qui commence bien et sur une auteure en pleine éclosion.

 

 

 

 


Le film

L’année de ses 57 ans, Maryvonne, atteinte d’un syndrome mnésique, est placée dans l’EHPAD de Landerneau.

Ses trois filles, Lucie, Justine et Lise, encaissent les conséquences de la maladie, mettent leurs vies personnelles en suspend pour soutenir leur mère et s’adapter à cette situation à laquelle elles n’étaient pas préparées à l’approche de la trentaine.

Lucie décide alors de filmer de l’intérieur ce corps familial chamboulé. Elle y explore les liens resserrés ou distendus, éprouve les distances nécessaires et parfois impossibles.

Intentions

En 2015, je filme ma mère pour la première fois. Elle m’emmène visiter la maison dans laquelle elle va emménager. Ce jour-là, nous restons à la porte parce qu’elle n’a pas les clefs. C’est le tournage le plus court de ma vie, un instant sur le seuil, au bord d’une vie nouvelle.
À cette époque, Maryvonne marche avec une béquille, suite à une tentative de suicide. Je filme cette béquille comme une prolongation d’elle-même. Et je la filme elle, dans toute sa féminité, tel un personnage sorti d’un film d’Almodovar. Très maquillée, habillée de couleurs vives et poussant la coquetterie jusqu’à assortir son foulard bleu à la couleur de la porte de sa future maison.

Cette femme que je filme est le personnage le plus encombrant de ma vie. Longtemps, j’ai souhaité qu’elle me laisse tranquille, qu’elle disparaisse de mon existence. Un jour j’ai compris que je ne lui échapperai jamais.
Alors, plutôt que de courir, et elle derrière moi, j’ai avancé vers elle avec une caméra.

Au lieu d’une vie nouvelle annoncée sur le seuil d’une maison fermée, Maryvonne a continué à s’enfoncer. En septembre 2017, avec mes sœurs, Lise et Justine, nous apprenons que notre mère est hospitalisée. Manifestement, elle tient un discours assez incohérent, plutôt inquiétant. Nous sommes seules, avec l’équipe médicale, à tenter de comprendre la situation. On nous annonce qu’elle souffre probablement du syndrome de Korsakoff.
Cette maladie implique des troubles mnésiques sérieux et irréversibles, notamment de la mémoire immédiate, ainsi qu’une inflammation des nerfs qui explique ses difficultés à la marche. Assez vite, il semble évident qu’elle ne pourra pas rentrer chez elle. Justine, Lise et moi mettons brutalement nos vies personnelles respectives en suspens. Nous recherchons activement des solutions entre les rendez-vous avec l’assistante sociale de l’hôpital, la reprise en main de son compte bancaire et le déménagement de son appartement. C’est lors de cette période intense et mouvementée que je recommence à la filmer de manière assez spontanée. Et c’est ici que démarre le film.

J’utilise les outils dont je dispose à ce moment-là : une caméra super 8 et un téléphone portable. À travers l’œilleton, j’appréhende cette nouvelle réalité. On entre petit à petit dans une quotidienneté maitrisée qui repositionne ma mère au centre de la famille et nous redonne une place, à nous aussi, à côté d’elle. […]

Avec mes sœurs, nous avons fait corps, les unes soutenant les autres afin de porter notre mère. Nous nous sommes organisées à distance pour gérer le quotidien de Maryvonne. Cette logistique a pris beaucoup de place dans nos échanges. Dans le récit, je mets en lumière les résonances que cette situation a entrainé chez chacune, autant que dans la dynamique familiale.
L’histoire de ce film est celle de beaucoup de familles et rejoint des questionnements actuels autour de la perte d’autonomie, et de son nécessaire accompagnement. Le choix du placement en institution est très clivant dans une famille. Il est difficile de traverser cette étape qui marque une bascule dans la vie de l’autre, si proche qu’elle nous fait aussi vaciller.

Le cheminement du spectateur, de la spectatrice suit celui de nos réflexions, à moi et mes sœurs, et de nos prises de position, en tant que filles de Maryvonne, tiraillées entre le devoir de prise en charge et la nécessité de construire nos propres vies de femmes. L’obsession de vivre le mieux possible cette interdépendance inéluctable est resté un des moteurs de la narration tout au long de la fabrication du film.
Au sein de ce huis clos familial, j’ai souhaité mettre en relief notre sentiment d’isolement face à cette situation. Ainsi une question reste centrale tout au long du récit : l’installation de notre mère en EHPAD peut-il permettre une forme d’épanouissement pour nous, et de sérénité pour Maryvonne ?

Le bleu te va bien n’est pas le portrait d’une femme abîmée. Le passé ne constitue à aucun moment l’enjeu dramatique du film. Il ne s’agit pas d’expliquer, de révéler pourquoi les choses en sont arrivées là et pourquoi Maryvonne a basculé de cette manière. Ce n’est pas non plus un film sur « les Ehpads », ni même sur un Ehpad.

La maladie de ma mère a brutalement et maladroitement reconstitué notre famille, qui était très lentement en train de se disloquer. J’ai cru au démarrage que ce projet porterait sur l’accompagnement d’une personne vulnérable. Finalement, j’ai pris conscience que je faisais un film sur le sens de « faire famille ». Est-ce un lien, un lieu, un espace ou une forme ?

Le bleu te va bien est une exploration des mutations de notre famille en pleine tempête. Au fil de cette histoire, la cellule familiale, soudée par nécessité, doit évoluer pour ne pas s’étouffer. Pour s’accorder et s’épanouir, chacune doit gagner du champ. Cette recherche de la juste distance est notre quête, à la fois commune et solitaire.


Lucie Rivoalen : une étoile est née ?

Pour ce premier film, « délicat dans tous les sens du terme » – comme le précise à juste titre le dossier de presse – , Lucie Rivoalen a commencé à filmer sa mère en 2017. Autant dire qu’au fil de ces cinq années de fabrication, le film accompagne la cellule familiale au plus proche de ce qui se passe, au moment où ça se passe, et dans les émotions qui passent…

 

Ce projet documentaire a aussi été un « grand chemin » fait de rencontres professionnelles : Lucie a notamment pu bénéficier du soutien de Ty Films (Mellionnec) au travers de la formation « Du désir de film à l’intention », puis de la résidence d’écriture aux côtés de la réalisatrice et scénariste Céline Dréan. Il y a aussi Marie-Pomme Carteret qui donnera au montage quelque chose d’aussi puissant que subtil, dès l’ouverture du film, où tant de choses se jouent dans une liste de plats à cocher ensemble…

Mais, Lucie ne vient pas tout à fait de nulle part… Dans le cadre d’une activité associative intense, elle est à la fois réalisatrice, intervenante extérieure, coordinatrice, monteuse et technicienne depuis dix ans !  Elle travaille notamment au sein de Zéro de conduite, une association dédiée à d’éducation à l’image et à la production de films. Elle a été l’une de ses membres fondatrices, les ateliers d’éducation à l’image et les créations collectives lui permettent toujours aujourd’hui de partager sa pratique, de l’interroger et de la nourrir.

D’ailleurs, sa définition des qualités d’un·e réalisateur·trice est éloquente : « Capacité à travailler en équipe, écoute, persévérance, générosité, implication, mélange des genres ». Autant de qualité qu’on retrouve, au fil de Le Bleu te va bien.


Fiche artistique & technique

Documentaire 51 minutes
écriture et réalisation : Lucie Rivoalen • image & son : Lucie Rivoalen • montage :  Marie Pomme Carteret • montage son :  Henry Puizillout et Corinne Gigon • étalonnage : Denis Le Paven • mixage : Tudy Le Nedic • Musique originale : La ti ça mem composée par Lys Perdrieau (éditions Vivement Lundi !)

une production Vivement Lundi ! • productrice déléguée : Aurélie Angebault
avec la participation de France Télévisions, de TVR, Tébéo et Tébésud et les soutiens du CNC et de la Région Bretagne

Ce film a bénéficié de la résidence d’écriture Ty Films

 


diffusion

La première diffusion antenne de Le Bleu te va bien est programmée dans L’Heure D, collection de documentaires d’auteurs sur la société contemporaine et la culture qui sont les fruits d’une collaboration active entre l’antenne nationale de France 3 et ses antennes régionales : sur France 3 national le 20 juillet à 23h30.

 

Le documentaire est déjà diffusé sur France.tv : disponible en streaming ICI
Le film sera également diffusé sur France 3 Bretagne, TVR, Tébéo et Tébésud à partir de la rentrée.