Laura Nikolov, Productrice chez Coorigines Production


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Laura Nikolov est productrice au sein de la société rennaise Coorigines Production créée en 2023. Elle travaille avec beaucoup de cinéastes étrangers, donnant à voir des récits et des imaginaires auxquels nous avons parfois peu accès. Elle produit notamment From Ground Zero, documentaire qui réunit 22 court-métrages réalisés par des cinéastes à Gaza. A l’occasion de sa sortie en salle le 12 février, nous sommes allés à la rencontre de celle qui soutient un cinéma indépendant qui relie les lieux, le temps, les cultures. 


3 QUESTIONS À LAURA NIKOLOV

Films en Bretagne :

Tu as fondé la société Coorigines à Rennes en 2023… peux-tu nous expliquer ce qui a guidé la création de cette société et ce qui t’a amené à devenir productrice de cinéma ?

Laura Nikolov :

J’ai longtemps travaillé dans le domaine culturel, en France et à l’étranger, avec la conviction que la création artistique et la connaissance d’autrui sont liées et indispensables pour déconstruire les peurs et les clichés, sources de bien des maux. En fondant Coorigines Production, je voulais aller plus loin dans cette logique, contribuer à créer des œuvres, des films qui vont dans ce sens, et tenter de les porter aussi loin que possible.


Films en Bretagne :

La société est récente, mais vous avez déjà beaucoup de films en développement et en production… peux-tu nous parler du choix des auteurs et autrices que vous accompagnez ? Quel est votre « désir de cinéma » ?

Laura Nikolov :

Le choix des auteur.ices et des projets découle de cette ligne directrice et nous amène à travailler beaucoup avec des cinéastes étrangers (Palestine, Égypte, Liban, Asie centrale). Cela revient, d’une manière assez classique, à proposer un regard décentré pour mieux approcher la complexité de la vie tout en la rendant compréhensible. C’est donc un cinéma qui cherche à enrichir notre imaginaire et notre perception du monde.

Concrètement, nous sortons Songe de Rashid Masharawi en avril 2025 et développons son prochain long-métrage, Citadins, soutenu par la région Bretagne. Nous avons également coproduit le premier long-métrage d’une réalisatrice égyptienne, Noha Adel, Le Printemps vint en riant, un film poétique et entraînant, salué lors du CIFF (Caire) avec quatre récompenses. Il sortira probablement en septembre et propose un regard singulier, frais et bienveillant sur les femmes égyptiennes aujourd’hui.

Nous avons également des projets en France, qui ont en commun de suivre des personnages au parcours de vie atypique, offrant ainsi une autre perspective sur notre époque ou sur leur art.


Films en Bretagne :

Vous avez une belle actualité en ce moment, puisque From Ground Zero sort en salle le 12 février. Il faisait par ailleurs parti de la short-list des Oscars dans la catégorie Meilleur film étranger…Même s’il n’a finalement pas été retenu, c’est un beau parcours ! peux-tu nous parler davantage de ce projet et de ce que cela représente pour vous ?

Laura Nikolov :

C’est un projet complètement fou, vu les circonstances. Il s’est quelque part imposé de lui-même alors que nous travaillions avec Rashid Masharawi sur le développement de Citadins, que nous avons mis en pause afin de produire From Ground Zero. Et je me suis lancée dans ce projet par conviction qu’il était nécessaire, sans oser rêver au parcours qu’il aurait, tout en le faisant exactement pour cela…

Il est représentatif de cette volonté de donner la parole, de proposer un autre regard, ici celui des habitants de Gaza sur leur propre vie. Ce film a été conçu pour que la voix des artistes gazaouis.es puisse sortir de Gaza, pour raconter des histoires produites, dites et montrées par ceux et celles qui y vivent. C’est leur vision, leur mémoire, ce qu’ils veulent transmettre au monde. Son format, composé de plusieurs courts-métrages, est particulier et choisi à dessein.

Le chemin jusqu’à l’étape de nomination est en soit un Oscar pour l’équipe, y compris et surtout à Gaza. Nous sommes toutes et tous tellement fièr.es d’avoir mené le film jusque là et de l’intérêt toujours croissant que lui porte le public à travers le monde. Cela rend extrêmement fiers et heureux tous.tes les cinéastes à Gaza. Je suis également ravie de pouvoir mettre en lumière le travail de post-production entièrement effectué à Rennes par notre équipe.

C’est une belle reconnaissance et une grande visibilité pour démarrer, qui a suscité de nombreuses rencontres et déjà ouvert de nouveaux horizons.

Propos recueillis par Lubna Beautemps pour Films en Bretagne, janvier 2025.