L’arbre continue de pousser


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Projection de courts métrages, discussions avec les équipes de tournage, petits fours et playlist endiablée, c’est dans une ambiance festive que l’ARBRE a fêté ses 20 ans, samedi 17 novembre à la Parcheminerie à Rennes, dans le cadre de la présentation des films du 6e atelier de réalisation.

L’ARBRE a choisi de souffler ses bougies entre projections et professionnels de l’audiovisuel. Rien de plus normal pour l’association qui, depuis 20 ans, propose aux Auteurs et Réalisateurs en Bretagne de se rassembler autour de leurs pratiques et de leurs projets.  Olivier Bourbeillon se souvient : « Comment est née l’association  ? C’est tout bête  ! Il y a 20 ans, les réalisateurs ne se connaissaient pas. Un jour, j’ai appelé Laurent Gorgiard pour lui proposer de créer une association afin que les réalisateurs puissent se rencontrer. Je faisais de la fiction, lui de l’animation. Et puis des documentaristes comme Ariel Nathan et Philippe Baron nous ont rejoints. »

C’est donc dans la rencontre que l’ARBRE s’enracine. Et depuis, l’association a bien poussé. Les initiatives bourgeonnent et les fruits abondent  ! En témoignent les quatre films projetés samedi et réalisés dans le cadre des Ateliers de réalisation co-organisés avec Actions Ouest et ALRT – l’Association Ligérienne des Réalisateurs et Techniciens.

« Kristell présente les ateliers, Pierre-François annonce les films, Bénédicte anime les débats et Lara s’occupe du buffet  ! ». À quelques heures de la projection, « l’esprit d’équipe » anime déjà les organisateurs. Cela tombe bien c’est sous cette thématique que ces derniers ont choisi d’inscrire la 6e édition des Ateliers de réalisation. En résulte quatre courts métrages de fiction, réalisés en une semaine.

Deux jours de tournage, deux jours de montage, c’est le principe un peu fou de ces ateliers qui ont lieu tous les deux ans, tantôt en Pays de Loire, tantôt en Bretagne. Cette année, c’est à Moncontour dans les Côtes d’Armor que se sont retrouvés, pendant une semaine, cinq réalisateurs, une douzaine de comédiens et autant de techniciens. Tous bénévoles, ils ont travaillé main dans la main mais d’arrache-pied pour donner le jour à quatre films projetés à l’issue de l’atelier devant les habitants du village.

Constatant que les jeunes réalisateurs ont tendance à se concentrer sur la technique aux dépens de la direction d’acteurs, les trois associations organisatrices ont imaginé un dispositif de sélection original : « Sur une cinquantaine de candidatures, nous avons invité 32 comédiens des Pays de Loire et de Bretagne à l’édition 2017 de Travelling et les avons présentés à de jeunes réalisateurs, explique Kristell Menez, co-présidente de l’ARBRE. À ces derniers, nous avons demandé de choisir trois comédiens et d’écrire un scénario basé sur cette rencontre. Un mois plus tard, nous recevions une quinzaine de projets. Nous en avons conservé quatre. » Dans cette même perspective, l’acteur Serge Avédikian a également accompagné chaque réalisateur dans son approche de la mise en scène.

Pour Jean-Philippe Davodeau et Alain Brasseur qui signent Il n’y aura pas de match retour, seule co-réalisation, tout est allé très vite. « L’élu de Moncontour a présenté sa commune de 800 habitants en précisant que la moitié d’entre eux résidait à l’Ehpad, se souvient Jean-Philippe Davodeau. L’idée d’un scénario impliquant les résidents de l’Ehpad s’est alors imposée. Ensuite, ça s’est précipité, nous avons été sélectionnés en avril pour un tournage en juin. La difficulté principale fut de faire jouer les résidents en si peu de temps, tous n’étant pas forcément conscients de participer au tournage d’un film. »

Résidents de l’Ehpad, mais aussi habitants du village, sont ainsi mis à contribution, partageant la scène aux côtés de comédiens professionnels. La constitution des équipes techniques, elle procède d’un savant dosage. « Les ateliers, reprend Kristell Menez, s’inscrivent dans un esprit de compagnonnage. Il s’agit de permettre à des novices et des professionnels de l’audiovisuel de travailler ensemble. Cette année, le plateau de tournage a rassemblé des techniciens expérimentés et des jeunes diplômés de l’ISB de Brest – Image et Son Brest ». Pour d’autre, ça a été l’occasion de valider une reconversion ou de se perfectionner  : « Habituellement, je suis 2e assistant et en tant que tel, je n’ai pas souvent l’occasion de m’occuper de la mise au point », confirme Oscar Kurkjian, 1er assistant opérateur sur La Conquête du pain.

Quatre films sont nés de ces ateliers, charge maintenant aux diffuseurs intéressés de s’en emparer. Quant à la 7e édition des Ateliers de réalisation, rendez-vous est donné dans deux ans, en Pays de Loire. Entre temps, l’ARBRE propose aux auteurs et réalisateurs en Bretagne d’autres occasions de se rencontrer.

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Les 20 ans de l'Arbre à la Parcheminerie © Elodie Gabillard


« Réaliser un film est souvent un processus long, complexe et solitaire, c’est essentiel de pouvoir échanger entre auteurs, de solliciter d’autres regards » assure Philippe Baron. Ainsi sont nées, il y a plusieurs années, les Échange de regards et l’année dernière, C’est quoi ton histoire ?, deux formules d’ateliers basées sur la rencontre et conçues sur deux jours, mais intervenant chacune à différentes étapes d’avancement du projet. « En 2017, il n’y a pas eu d’Échange de regard. On s’est aperçu que les adhérents n’osaient pas nous solliciter. Alors Gaëlle Douël s’est proposée de coordonner les ateliers et ça a tout changé ! », analyse Bénédicte Pagnot, co-présidente de l’association et adhérente depuis 2002. La réalisatrice n’exclut d’ailleurs pas de voir un jour renaître Les désirs de films. « Des discussions à bâton rompu entre adhérents de l’ARBRE et un réalisateur venu présenter son film. Les échanges faisaient ensuite l’objet d’une retranscription et donnaient lieu à une publication. Il y a eu une vingtaine d’éditions, la dernière doit dater de 2009. Puis, Les désirs de films se sont arrêtés, faute de bonnes volontés pour s’atteler à la retranscription… ».

Avec une cinquantaine de membres et un bureau, cette année exclusivement féminin, l’ARBRE rentre dans sa 21e année avec un emploi du temps bien chargé. Le 30 novembre se tiendra, à la Parcheminerie, une réunion nationale de la Boucle documentaire qui rassemble 16 organisations régionales et nationales d’auteurs réalisateurs. Ce jour marquera également l’ouverture du festival Les Étoiles du documentaire à Rennes, organisé par Comptoir du Doc en partenariat avec la Scam. Le comité de sélection des films se compose pour moitié d’adhérents de l’ARBRE et de membres de l’association Comptoir du Doc.

Et puis des perspectives au long cours se font jour. Il y a l’idée de relancer les Journées de l’ARBRE, des réunions thématiques qui permettent aux adhérents de se réunir en dehors de l’Assemblée générale. La volonté aussi d’exister davantage auprès du public finistérien. « Notre siège social est désormais implanté à la Maison des auteurs de Mellionnec, ce qui nous permet de nous rapprocher de Ty Films. Et puis, nous sommes en contact avec Christian Ryo, le nouveau directeur du Festival de cinéma de Douarnenez. Ensemble, on réfléchit à une manière de construire des ponts entre les thématiques du festival et les réalisateurs bretons ».
À ce rythme peu de doute, l’ARBRE va devenir une forêt  !

Elodie Gabillard