
Colette Quesson a initié A Perte de Vue en 2011 pour produire des courts et longs métrages, fiction et documentaire et des courts métrages d’animation. Elle cherche à produire des films qui nous élèvent, nous engagent et ouvrent grand l’horizon ! Elle accompagne les projets de l’écriture à la diffusion, et aime coproduire, pour travailler en complémentarité et permettre la faisabilité de projets ambitieux. Précédemment, Colette Quesson était coordinatrice générale du Festival Premiers Plans d’Angers, a travaillé au démarrage du réseau européen de salles Europa Cinemas. Elle a été responsable du fonds d’aide de Ciclic-Région Centre, participant au financement de productions indépendantes et de beaucoup de premiers films.
Le 4 juin 2025, sort en salles le documentaire La terre des Vertus de Vincent Lapize qu’elle a produit. À cette occasion, elle nous a partagé son expérience…
RETOUR D'EXPÉRIENCE DE COLETTE QUESSON, PRODUCTRICE
Produire un deuxième film avec Vincent Lapize avec lequel je travaille depuis 12 ou 13 ans, c’est riche ! Parce qu’on se connaît bien, parce que la confiance a eu le temps de s’installer en profondeur, je pense comprendre intimement sa pensée, ses propos, le cinéma documentaire qu’il propose. Cela aide comme productrice qui doit transmettre son propre désir pour un film à des financeurs, des commissions très sélectives, des distributeurs. Et la collaboration tient dans la durée parce que nous progressons ensemble, nous continuons à apprendre, et pour ma part, parce que je reste toujours curieuse de ses idées, de sa recherche, de sa patte originale.
La terre des Vertus est le premier long métrage documentaire que je produis dans la filière « Cinéma » avec l’Agrément du CNC. Cela signifie qu’un distributeur doit être partie prenante dès le financement du film, même s’il y a une télévision en pré-achat (ce qui n’est pas notre cas ici). Le double financement distributeur/télévision est quasi incontournable en fiction, mais plutôt rare en documentaire, car les longs métrages documentaires sont peu nombreux dans les cases « cinéma » à la télévision et que le cinéma documentaire, avec son écriture propre, n’est pas ce qui est attendu dans les grilles « documentaires » des chaînes.
J’avais coproduit le précédent grand format réalisé par Vincent, Le Dernier Continent, avec Réel Factory et avec les chaînes locales de Bretagne, avec le soutien de la Région Bretagne, ainsi que Télénantes. Tourné de 2012 à 2014, Le Dernier Continent fait le portrait de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, théâtre d’une expérience politique mouvante et atypique, construite au jour le jour par les opposants au projet d’Aéroport Grand-Ouest.
En cours de production du 52’, pensant que nous avions le potentiel d’une sortie cinéma, nous avions fait appel à un financement participatif via Ulule pour financer la version longue du film. Et en 2015, j’avais fait le choix de distribuer le film avec A Perte de Vue, accompagné de Jean-Jacques Rue à la programmation, d’Annie Maurette à la presse, de Neven Denis sur la communication web et hors-média, et de l’incontournable Inès Lumeau sur toute la coordination.
Pour La terre des Vertus, nous avions dès l’origine le projet d’un long métrage avec Vincent. Le cœur du récit regroupe des questions essentielles sur lesquelles beaucoup de citoyens s’engagent ici et partout. Au-delà des militants, ces questions des jardins communs, du rapport à la terre nourricière, des humains reliés organiquement au vivant, et de la pression des promoteurs, pouvaient toucher beaucoup de gens.
J’ai proposé le film à quelques distributeurs, dont la plupart étaient prudents sur le fait de s’engager sur un minimum garanti sur un dossier, d’autant plus après la pandémie qui a fragilisé le marché en salles. Sarah Chazelle et Etienne Ollagnier de Jour2Fête m’ont fait une lettre d’intérêt, me disant qu’ils souhaitaient revoir le projet au montage. Au moment où je suis revenue vers eux, ils avaient suffisamment de documentaires dans leur line-up sur deux ans, et j’ai repris ma recherche de… distributeur ! C’est là que VraiVrai Films est entré en jeu : Florent Coulon son dirigeant a visionné le film vite, car il connaissait le travail de Vincent Lapize. Il a ensuite consulté son équipe de distribution avant de nous dire « Oui ! » ! VraiVrai Films est une structure établie à Saintes en Nouvelle-Aquitaine, et distribue des longs métrages documentaires depuis 2023.
Nous sommes très contents du travail à l’œuvre dans ces semaines avant la sortie : une équipe à taille humaine est concentrée sur le film, avec Marianne Rossi à la programmation, Carolina Honrubia à la coordination, Hélène Topouria à la communication web, Anne-Lise Kontz et Paul Chaveroux de N66 à la presse. Vincent et moi sommes toujours mobilisés pour accompagner le film en lien avec eux : c’est passionnant et très chronophage !
Un point essentiel à noter dans nos financements fragiles : deux régions nous ont fortement accompagné. Vincent a d’abord bénéficié de « L’aide au projet d’après » de la Région Nouvelle-Aquitaine. Puis A Perte de Vue a eu le soutien de la Région Bretagne sur le développement. Ces aides de l’amont sont tellement précieuses !! Puis des financements à la production, de la Région Bretagne, de la Région Nouvelle-Aquitaine et du Département de Charente-Maritime, en lien avec ALCA. Ce financement interrégional a tout simplement rendu ce film possible ! Et nous avons travaillé avec des techniciens talentueux qui se sont beaucoup mobilisés : Camille Fougère au montage, Pierre Bouchon à l’étalonnage, Antonin Dalmasso au montage son et mixage. Enfin, A Perte de Vue a bénéficié de la participation des solides Arwestud Films / Corto Fajal à Rennes et Alhambra Studios / Eric Debègue & Xavier Ferrand à Rochefort.
Si vous avez envie de soutenir ce film : RELAYEZ nos infos + et +, ALLEZ LE VOIR dès qu’une séance se présente. C’est la force des sorties documentaires : peu de séances, souvent bien accompagnées, et j’en suis sûre, avec un public touché qui repart avec l’énergie pour avancer !!!
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Propos recueillis par Films en Bretagne, mai 2025.
