À l’annonce du déménagement du cinéma rennais L’Arvor, 21 structures se sont regroupées pour imaginer une seconde vie au bâtiment de la rue d’Antrain, et ouvrir à l’image en mouvement sa nouvelle maison. Cyrielle Dozières, directrice du festival Court Métrange et Nathalie Georges, coordinatrice générale de l’association L’Oeil d’Oodaaq, racontent ce projet au long cours.
Comment cette aventure a-t-elle commencé ?
Nathalie Georges : « Cela fait plus d’une décennie qu’un projet associatif commun autour de l’image est en réflexion. Notre volonté première a toujours été de nous réunir, et ce autour de différents axes. Nous souhaitons répondre à la question logistique avec la possibilité de mutualiser nos moyens, comme avec des bureaux partagés par exemple. Nous avons également la volonté de nous rencontrer, de partager et d’interroger l’image en échangeant autour de nos lignes artistiques. Et enfin, il y a l’enjeu du public et de la diffusion des formes que nous défendons et qui ne correspondent pas un circuit commercial classique. L’annonce du déménagement de L’Arvor a ancré d’un seul coup ces réflexions dans le réel et nous a fédérés. Nous avons alors imaginé concrètement le projet structurel et la manière de faire vivre le lieu. Il fallait donner vie à ce qui était en discussion depuis des années. »
Cyrielle Dozières : « En effet, la mobilisation a été immédiate. Presque toutes les structures que nous avons sollicitées pour imaginer la future Maison du cinéma ont répondu présentes. Au total, nous sommes aujourd’hui 21 et nous avons le souhait de rester ouverts. Ce n’est pas un pari facile car les structures sont très différentes les unes des autres. Clair Obscur par exemple est une association de taille et historique alors que Les Contrebandiers de Moonfleet est une association née en février dernier. Nous devons donc composer avec ces différences fortes mais c’est aussi un atout que nous revendiquons et cela rejoint notre volonté de faire ensemble et de mutualiser au sein d’un même lieu. »
La directrice du festival Court Métrange insiste également sur la dimension de relève que doit assurer la Maison du Cinéma. « Le bâtiment actuellement occupé par L’Arvor est un lieu historique auquel les Rennais sont très attachés. Dès le départ, cette implication des citoyens a été un point majeur de notre réflexion sur l’occupation potentielle du lieu. Nous aimerions que les Rennais se reconnaissent dans ce qui va être proposé, que cette Maison du cinéma soit un lieu ressource et que les habitants puissent participer à la vie de ce lieu. »
Comment avez-vous choisi de structurer la Maison du cinéma ?
Nathalie Georges : « La Maison du Cinéma est un projet associatif qui a pour objet la diffusion de différentes formes de l’image en mouvement. En aucun cas il ne s’agit d’une structure concurrentielle aux cinémas commerciaux qui existent déjà sur la Métropole. Ce n’est pas une nouvelle salle d’exploitation mais un lieu de rencontre et de diffusion pour un cinéma qui ne trouve pas sa place dans les salles traditionnelles. Nous diffusons du court métrage, du documentaire, de l’art vidéo, du cinéma de genre, du cinéma expérimental… Il s’agit pour nous de réunir tous ces différents cinémas dans un même lieu et de pouvoir les montrer et les diffuser. »
Cyrielle Dozières : « Les tailles des structures qui ont rejoint le projet sont très variées, les budgets le sont tout autant, comme les modèles de fonctionnement. La collégialité est donc un point très important de ce projet. Nous voulons garder cette ouverture, d’où l’enjeu de la collégialité. Nous n’aurons pas de président par exemple. Si le projet est accepté, la création d’un poste sera indispensable pour que la collégialité soit garantie. On ne pourra pas penser un collège de 21 structures, gérer l’administration du lieu, traiter la comptabilité, imaginer les programmations, rester impartiaux, etc., en même temps. Il faudra une personne qui portera l’esprit de la Maison du cinéma et qui sera garante de cette collégialité. Cette personne sera salariée par le projet et non par l’une des 21 structures en particulier. »
À quoi ressemblera le lieu ?
Nathalie Georges : « Nous imaginons le lieu comme un endroit de mutualisation constitué de deux espaces. Nous garderions une salle de projection pour proposer une programmation à l’année et nous souhaiterions transformer l’autre salle en lieu de rencontre modulable. On pourrait y organiser des rencontres professionnelles, et y accueillir les activités d’éducation à l’image de la Maison du cinéma. L’éducation à l’image est un point très important de notre projet et c’est une activité déjà en cours dans beaucoup des 21 associations portant le projet. »
Cyrielle Dozières : « Le bâtiment de l’actuel cinéma est une porte d’entrée. Si le projet est viable et validé par les Rennais, il n’est pas exclu qu’après trois ans, nous cherchions un lieu plus grand où regrouper tous nos bureaux par exemple. Cela semble rejoindre l’ambition de la Ville de Rennes qui parle d’un Pôle audiovisuel depuis plusieurs années. En cela, notre projet nous semble répondre à cette volonté. Pour l’instant, rien n’est acté ni signé mais je crois vraiment qu’avec la Ville, nous nous retrouvons autour de l’idée de réunir les structures de la Métropole et de défendre l’image en mouvement. »
À quelques jours de la présentation de leur proposition à la Ville de Rennes, le rythme s’est donc accéléré pour les 21 structures qui ont pensé la future Maison du cinéma. Ce projet collégial et ouvert à tous les publics est concomitant au déménagement de l’actuel cinéma et devrait voir le jour au printemps 2020.
Clara-Luce Pueyo
21 structures associées autour du projet de Maison du cinéma
- Courts en Betton
- UV7A – Festival Court Métrange
- Clair Obscur
- Aka
- peti peti
- L’ARBRE (Auteurs et Réalisateurs en BREtagne)
- ZANZAN FILMS
- Equinok Films
- l’Atelier d’ARAN
- Association 97mm
- Les Contrebandiers de Moonfleet
- Les productions du Petit Ecolier
- Ligue de l’enseignement 35
- Pôle-Fromage
- ZERO DE CONDUITE
- Association COMPTOIR DU DOC
- 7ème Lune
- AFCA – Association française du cinéma d’animation
- Manual Focus
- Insisyphes (en cours de création)
- L’Oeil d’Oodaaq