How do you FIL?


Vous le savez peut-être, ou pas… Au FIL, comprenez « Festival Interceltique de Lorient », on peut aussi voir des films. C’est Catherine Delalande qui nous le rappelle. L’ex responsable d’Accueil des tournages en Bretagne, jeune retraitée, coordonne désormais la programmation cinéma en lien avec la thématique du célèbre festival. Elle nous a confié l’essentiel de ce qui attend les spectateurs du 5 au 9 août 2019.

 

Catherine, pourquoi du cinéma au FIL et quel genre de films ?

Le Festival Interceltique s’intéresse à la création dans les pays celtiques. Ce que l’on voit plus c’est la musique, bien sûr, mais il y a aussi chaque année des expositions d’art, des rencontres littéraires, et donc il est normal que le cinéma y ait sa place. Les films choisis doivent pouvoir toucher le public le plus large possible, qu’il s’agisse du touriste qui vient pour la première fois en Bretagne ou des personnes connaissant déjà bien les pays celtiques. Il y a des films de fiction, de l’animation et des documentaires. Des films parlent de musique, comme Beyond Flamenco de Carlos Saura, de sa transmission avec Tempo da Recolleita (Galice), Vague d’Acadie (Acadie), La fête du chant traditionnel à Bovel et Tremen en ur ganañ (Bretagne). Mais on aborde également les luttes sociales avec A golpe de Tacon (Asturies) et Un homme est mort (Bretagne). Les identités sont au coeur de Kernow (Cornouailles) et Pride, du Pays de Galles, un « feel good movie » sur un groupe d’activistes gay et lesbien de Londres qui décide d’apporter son aide aux mineurs en grève contre les fermetures des mines dans les années 80… Année de la Galice oblige, il y aura deux films qui présentent le pays et son passé celtique. Pour l’Ecosse, ce sera le très beau film de Jason Connery (Le fils de Sean) Tommy’s Honour, qui parle de golf mais pas seulement, et L’Irlande sera représentée par Sing Street, l’histoire d’un jeune Dublinois qui monte un groupe pour séduire la plus jolie fille du quartier…

Un Homme est mort
Un homme est mort de Olivier Cossu

  Comment opères-tu pour choisir les œuvres ?

Yann, le coordinateur artistique du FIL, connaît bien l’audiovisuel. Il est assisté chaque année par un jeune en service civique. Ils font des recherches de leur côté, en sollicitant les délégués des différents pays celtiques. Moi, je surveille ce qui passe dans les festivals comme Dinard ou Douarnenez par exemple, et je suis de près la production en Bretagne, en visionnant tout ce que je peux trouver sur KuB, Zoom Bretagne, France 3, les chaînes locales, l’INA Atlantique, la Cinémathèque de Bretagne…, et en assistant au plus de projections possibles. Après il faut que l’on trouve le meilleur compromis car il n’y a qu’une dizaine de séances…

Les projections sont-elles accompagnées, font-elles l’objet de rencontres ?

Nous aurons quatre séances suivies de rencontres. Le lundi, la jeune harpiste Mera Royle de l’île de Man, proposera un peu de musique et un temps d’échange suite à la projection d’un court métrage qui lui est consacré à la séance de 16h15. Le mardi, Kris a accepté d’être avec nous suite à la projection de Un Homme est mort d’Olivier Cossu. Ce sera particulièrement intéressant car il est à la fois le scénariste de la BD qui a fait redécouvrir le film de René Vautier (Un homme est mort) réalisé en 1950, et co-scénariste du film d’animation de 2017. Enfin, le jeudi, Yves Cotten, le « papa » du Quatuor à Cornes, viendra nous parler de ses héroïnes, passées elles aussi du papier à l’image animée. Nous diffuserons le Quatuor à Cornes en version française, et non pas Ar Pevarad Kerniel, le film original produit par Vivement Lundi ! pour France 3 Bretagne, afin de rendre la projection accessible au plus grand nombre…

Yann Fanch Kemener
Tremen en ur ganañ de Ronan Hirien

  Des temps forts à ne surtout pas manquer ?

Une figure essentielle de la musique bretonne d’aujourd’hui, Yann-Fañch Kemener, nous a quittés en mars dernier. Le FIL lui rend hommage en images. Toutes les journées commenceront par 15 minutes de documents avec lui ou sur lui, en majorité prêtés par leurs ayants droit, et en particulier France 3 Bretagne. Le mercredi, nous diffuserons Tremen en ur ganañ, un long métrage documentaire réalisé par Ronan Hirien. Ce film est très important car il revient sur la vie et la carrière de l’artiste, alors que Yann-Fañch Kemener sait qu’il va partir et qu’il s’agira donc d’un film testament… Une rencontre suivra avec des musiciens avec qui il a beaucoup travaillé : Anne Auffret et Heikki Bourgault ; Daniel Le Guével, d’Amzer Nevez, qui a produit et diffusé nombre de ses spectacles, et Lillis O Laoire, chanteur traditionnel irlandais, qui pourra nous parler de la perception de son travail de collecteur à l’étranger.

Dans la suite des séances, chaque soir à 19H30, il y aura un ciné concert avec une partie créée pour l’occasion : La Cité du Soleil d’Orient. Le duo Empreinte Vagabonde (Heikki Bourgault et Morgane Labbe) repart d’un spectacle déjà donné mais nous propose en plus, ici, de découvrir Lorient, de l’après-guerre aux années 1960, avec un court-métrage fait d’une compilation d’images de la Cinémathèque de Bretagne.

Peux-tu nous donner, pour conclure, quelques repères pratiques pour profiter de la programmation cinéma au FIL : où, quand, comment ?

Les séances ont lieu du lundi 5 au vendredi 9 août, à partir de 14 heures, à l’Auditorium du Cercle Saint-Louis, place Anatole Le Braz. L’entrée est gratuite, sur présentation du badge de soutien (en vente 5 euros, permettant pendant les 10 jours du festival d’assister à de très nombreuses animations et concerts).

Propos recueillis par Marie Esnault. Retrouvez le programme complet du FIL sur : www.festival-interceltique.bzh/ #interceltique19