France 3 Bretagne a un nouveau directeur


Michel Dumoret est directeur de France 3 Bretagne depuis cet été. Lors de son passage à Saint-Quay-Portrieux pour les Rencontres de Films en Bretagne, dans un environnement marin, il a accepté de se présenter et de répondre à quelques questions, avec enthousiasme et bonne humeur.

 

On l’a déjà lu dans la presse, Michel Dumoret a 56 ans et il est né à Brest. Après son bac, il est parti à Paris où il a suivi un cursus en économie. Tout petit, déjà, il se rêvait avocat ou journaliste. Sans réseau relationnel pour y arriver, il saisit l’opportunité d’une formation de Journaliste Reporter d’Images pour bénéficier de conventions de stages. Et grâce à des rencontres, dont celle avec Yvan Levaï à Radio France, il entre, comme stagiaire, à France Info. Il sera ensuite de l’aventure des radios locales, passant par Laval, Amiens ou Guéret. Il garde des souvenirs forts de ce média de proximité, où les auditeurs viennent à la station pour communiquer avec leurs voisins.

Vient ensuite, à nouveau, un passage à France Info « pour traiter l’actualité chaude, et plus spécialement les questions européennes et d’éducation, qui restent encore aujourd’hui deux thématiques qui (lui) sont chères« . Puis, au hasard d’une nouvelle rencontre, le journaliste suit Martine Mauléon, qui crée alors la chaîne Demain, « dédiée à l’emploi, la formation, l’entreprise, avec une double ouverture sur l’Europe et sur les régions ». Pour faire de cette chaîne un véritable outil de développement local, Michel Dumoret va chercher des financements au niveau de l’Europe et des collectivités locales. Après cette aventure, c’est un retour au sein du groupe Canal +, pour la chaîne d’info iTélé. Nouvelle déclinaison de son métier de journaliste, il est chargé de suivre l’exécutif, en l’occurrence le Président Sarkozy. Puis ce sera France 3 et le poste de chef du service politique, suivi de celui de rédacteur en chef politique à France 2. Un itinéraire loin de la Bretagne, certes, mais pas cantonné au microcosme de l’audiovisuel parisien. Alors Rennes sera-t-il sa dernière affectation ? « Peut-être, je ne sais pas. Mon projet était de revenir en Bretagne, mais pas juste pour ma retraite. Je voulais un rôle actif, faire des choses. C’est une opportunité incroyable. On est venu me chercher et je suis heureux d’être là. Depuis toujours je suis revenu en Bretagne tous les mois, ici je me sens bien, il n’y a qu’à regarder autour de soi, cette lumière… »

Et quand on lui demande si ce ne sera pas trop difficile de quitter ce métier de journaliste qu’il aime tant, il ne voit que les bons côtés de ce nouveau poste : « cela va me permettre de m’ouvrir à d’autres horizons, c’est important de continuer à apprendre tout au long de sa vie. J’ai toujours eu envie de travailler sur des formats plus longs, d’initier des documentaires qui soient le reflet de la société actuelle, liés à l’éducation, à l’environnement, au social… De toute façon je me considère toujours comme journaliste. Cette crise des gilets jaunes, où les politiciens et les journalistes ont été montrés du doigt, je pense que l’on y a une part de responsabilité. Le service public a déserté. Il s’est enfermé. Il faut aller à l’extérieur, à la rencontre des gens. Quand des jeunes me demandent ce qui est important pour être journaliste, je réponds qu’il faut aimer les gens, être curieux ».

Lors de la conférence de presse de lancement de la saison, Michel Dumoret expliquait que la langue bretonne, qui lui semblait une langue morte il y a quarante ans, lui semblait aujourd’hui bien vivante. « Il me semblait qu’elle était utilisée au sein d’une communauté fermée. Elle s’est transformée. Elle est pratiquée par des personnes qui nous ressemblent. Cela fait partie de l’ancrage culturel. Dans un contexte de mondialisation, on a besoin d’ancrage au territoire. J’ai changé par rapport au breton. Cette langue fait pour moi maintenant partie de la modernité ».

La fiction est aussi, pour lui, un terrain d’investigation. Et si on lui fait remarquer que France 3 Bretagne n’a pas de créneau de diffusion de la fiction, cela ne l’inquiète pas :  » on va en trouver ! « , affirme-t-il,  prêt à recentrer les choses autour d’un projet éditorial, « qui tiendra bien sûr compte des contraintes budgétaires », avec l’envie, qu’on sent chez lui bien réelle, de faire bouger les lignes. « Il faut travailler sur le message à donner au public, se mettre à la place des téléspectateurs. Toucher le public jeune via les plateformes numériques, sans faire fuir le public historique de la chaîne. La fiction permettra aussi de toucher un public plus jeune ». Et dans cette économie contrainte, «  il faut faire des co-productions, on a de moins en moins d’argent, il faut s’allier pour ne pas se faire manger. Faire revenir Radio France Armorique dans les locaux de France 3 Bretagne est un signal fort. »

Souhaitons donc à Michel Dumoret de réussir ce qui lui tient à cœur. Et rendez-vous est pris aux Rencontres de Films en Bretagne 2020 pour un bilan de sa première année aux commandes.

Catherine Delalande