Le Festival national du film d’animation migre à Rennes.


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Dimitri © Yves Lannoy / Vivement Lundi ! / Beast Animation / Nadasdy Film

La première édition du Festival national du film d’animation date de 1983, il y a tout juste 35 ans. C’était à Marly-le-roi dans les Yvelines. Depuis, le festival a élu domicile à Auch, dans le Gers, puis à Bruz, en Ille-et-Vilaine, pour sept éditions. Cette année, cette vitrine nationale du film animé déménage à nouveau, et s’installe à Rennes, ville notamment réputée pour son cinéma d’animation en volume. Pour Clémence Bragard, nouvelle programmatrice du festival, cette re-localisation est aussi l’occasion de donner une autre envergure à l’évènement.

La montgolfière à l’effigie de l’oiseau migrateur Dimitri, héros de la série animée éponyme, vient d’obtenir l’autorisation municipale de déployer ses ailes sur l’esplanade Charles de Gaulles, à Rennes, samedi 7 avril. Le symbole du petit oiseau animé, conçu dans les studios rennais de Vivement lundi !, et représenté là sous la forme d’une montgolfière, en dit long sur les ambitions et sur la dynamique qui circule au sein de l’équipe du festival, dont la nouvelle programmatrice côtoie depuis déjà quelques années ceux qui naviguent entre l’infiniment petit et l’infiniment grand. Modératrice et présentatrice pour le Festival international du film d’animation d’Annecy, coordinatrice sur le Festival international du film d’animation d’Ottawa, l’un des plus gros évènements mondiaux dédiés au cinéma d’animation, Clémence Bragard n’est cependant pas qu’une gestionnaire des grands rendez-vous. Elle aime aussi les belles histoires bien écrites. Adhérente depuis 2009 à l’Association Française du Film d’Animation (AFCA), qui facilite les rencontres et la formation des forces vives du secteur de l’animation en France, Clémence est également à l’initiative d’une résidence d’écriture au Danemark « The Animation Workshop » en direction des auteurs de films d’animation, de jeux vidéos, et de nouveaux médias.

Clémence bragard
Clémence Bragard © Elodie Maynard

La logistique et la coordination étant assurées par Julien Pareja, seul permanent breton du festival, c’est depuis le siège de l’association à Paris, que Clémence a façonné, à l’aide de comités de sélection, la programmation du festival. « Pour les compétitions primées, l’une professionnelle l’autre étudiante, nous avons visionné environ 43 heures de films produits entre juin 2016 et la fin de l’année 2017. C’est un travail collectif partagé entre des membres de l’équipe, du CA, et d’anciens lauréats » situe Clémence, « mais le travail de programmateur ne concerne pas que la sélection des films, ou le choix des thématiques, il vise aussi à l’harmonie globale de chaque édition. Cette année le volet professionnel prend par exemple une place un peu plus importante que l’édition précédente, avec une journée supplémentaire de rencontres thématiques. Le panel est large, mais on peut citer par exemple le zoom pointé sur les premiers contrats d’auteurs, ou encore la réflexion proposée sur l’adaptation des oeuvres littéraires, dont le Quatuor à cornes est une illustration. Samedi nous élargirons d’ailleurs ces rencontres à l’ensemble du public, autour de  Pachamama, un long métrage en fabrication, puis sur le thème de la musique à l’image. »  

Grâce au concours du TNB et de l’Arvor, qui mettent à la disposition du festival 4 salles, sa capacité d’accueil est supérieure à l’année dernière, d’autant plus que la ville de Bruz reste partenaire, et que 7 programmes sont prévus dans la salle bruzoise du Grand Logis. Autre avantage notable du déménagement : le rendez-vous n’est plus qu’à 1h30 en train de la capitale. « Le choix de l’implantation du festival à Rennes est aussi lié à cette proximité avec Paris, d’où proviennent de nombreux professionnels du secteur que nous souhaitons voir nombreux du 4 au 8 avril prochain. Il est aussi cohérent que le Festival national du film d’animation s’implante sur un territoire très fertile en termes de production et de formation aux métiers du secteur. On compte sur la seule ville de Rennes l’école Pivaut et l’école LISAA pour les arts graphiques, l’ESRA avec sa branche animation et l’école spécialisée Créative Seeds, qui toutes alimentent le vivier de professionnels en Bretagne, sans parler des formations moins spécifiques mais néanmoins nécessaires à l’industrie du film animé. Du côté des producteurs, les sociétés JPL Films, et  Vivement Lundi !, sont très actives. Vivement lundi ! sera d’ailleurs cette année particulièrement mise à l’honneur, puisque, pour ses vingt ans, nous lui avons consacrée deux séances anniversaire ; la première avec la projection en avant première du Quatuor à cornes, la seconde comme une carte blanche laissée à la production, sur « le meilleur de Vivement lundi ! ».


Les films d’animation ne se limitant pas aux petites et grandes histoires pour le cinéma, la section « Panorama » du festival mettra en lumière les autres espaces créatifs dont se saisissent les professionnels ou amateurs passionnés d’images et d’objets animés. « Une soirée musicale permettra notamment de découvrir une sélection d’une quinzaine de clips, dont l’un d’entre eux sera d’ailleurs primé et doté par Wacom et TV Paint », précise Clémence, qui rend grâce aux partenaires du festival qui permettent ces distinctions. Par ailleurs « le Salon des nouvelles écritures », une exposition d’œuvres multimédia, offrira aux publics une expérience personnelle de nouveaux types d’œuvres animées et créées sur diverses plateformes : pour tablettes, avec lunettes de réalité virtuelle ou ordinateurs. Enfin, « une fenêtre ouverte sur les films bricolés en atelier par des amateurs, jeunes et moins jeunes, montrera l’étendue des possibles du film d’animation à petit coût, à portée de mains » conclue-t-elle.

Si le plus fort de l’activité du festival aura lieu à Rennes, des séances, notamment scolaires, seront proposés dans des villes avoisinantes comme Bain-de-Bretagne, Fougères, ou encore Combourg. « Nous enregistrons à peu près 2000 réservations pour ces séances qui ont toujours eu beaucoup de succès. Le jeune public et le très jeune public ont d’ailleurs leurs séances dédiées sur l’ensemble des sites, évidemment ». Des projections itinérantes seront également proposées sur d’autres territoires alentours par la Caravane ensorcelée, partenaire du festival. Entre nomadisme, migration et transhumance, le Festival national du film d’animation a certainement trouvé à Rennes un beau pâturage pour grandir. C’est tout ce qu’on lui souhaite.

Yves Mimaut

photos du diaporama : la Caravane ensorcelée © Fusina Dominik, Dorothy la vagabonde © Vivement lundi !, Festival national du film d’animation 2017 © Gwendal Le Flem


En savoir plus :


Pendant le festival, un rendez-vous Films en Bretagne :

Séminaire – Les outils et les moyens de production d’un film en volume

Jeudi 5 avril de 10h à 11h30 – TNB Rennes (Salle Piccoli)
En partenariat avec l’AFCA

Inscription : Accessible aux professionnels ayant une accréditation pour le festival, ou sur inscription auprès de Films en Bretagne dans la limite des places disponibles, avant le 3 avril.)

Animé par Denis Walgenwitz, auteur-réalisateur. En présence de Laurent Versini, directeur exécutif des Contes Modernes (La tour), Kim Keukeleire, chef animatrice volume (Ma vie de courgette, L’Ile aux chiens) et Florian Duval, producteur de Double mètres animation (Noevus, Kiwi).

– Les films d’animation nécessitent des moyens importants et spécifiques pour les produire, ainsi qu’une organisation parfois complexe. A partir d’études de cas, passage en revue des outils d’organisation et de coordination entre la production et les différents départements de cette technique particulière en pleine évolution. –

Ce séminaire s’inscrit au sein d’une matinée dédiée au volume dont vous retrouverez toutes les informations sur le site du festival.