Esprit es-tu là ?


Rencontre avec Maxime Hervé, fraîchement de retour sur ses terres natales après cinq années passées outre-Atlantique. Trajet dun jeune compositeur, de Montréal à la ferme familiale

L’ESPRIT DE L’ENFANCE

Il n’est pas rare que le désir de cinéma provienne d’une expérience majeure traversée dans l’enfance. Et que ce souvenir, d’une voix, d’un rythme, d’un visage ou d’un mouvement ait laissé une trace encore aujourd’hui. « C’est arrivé assez simplement. J’ai été marqué par la musique écrite par John Williams pour Star Wars, par celle composée par James Horner pour Willow ou encore par l’œuvre de Klaus Doldinger et Giorgio Moroder pour LHistoire sans fin » confie le compositeur sur ses souvenirs.

Il y a une quinzaine d’année, Maxime Hervé est assis dans une salle obscure et écoute les compositions de Hans Zimmer. Il est en train de regarder Batman Begins. La musique y est épique, orchestrale, bref sensationnelle, et c’est bien directement aux sens de l’adolescent qu’elle s’adresse alors.

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À l’époque, Maxime Hervé est batteur. Il joue dans des groupes de rock et imagine difficilement que la composition orchestrale soit accessible à ceux qui n’ont pas suivi le conservatoire. Il s’inscrit alors en licence Musique et musicologie de l’Université Rennes 2 et poursuit son cursus avec le DESS Musique de film à l’Uqàm (l’Université du Québec à Montréal). « Au départ, j’ai écouté mes émotions, celles vécues dans les films grâce à la musique, et je suis parti à la recherche de ces émotions rencontrées dès l’enfance. C’est ce qui m’a donné envie de me former à la musique à l’image », raconte Maxime Hervé.

TROIS ESPRITS MAJEURS

Très vite, l’étudiant d’alors part à la rencontre de professionnels car il a bien conscience que c’est en faisant des gammes qu’il pourra progresser. Une série de mails plus tard, il devient l’assistant du compositeur Mychael Dannatout juste récompensé par un Golden Globe et un Oscar de la meilleure musique pour le film l’Odyssée de Pi. Pendant cinq mois, il vit et travaille à Los Angeles et découvre la composition pour de grosses productions hollywoodiennes. Maxime Hervé revient ensuite à Montréal pour assister le compositeur Michel Corriveau avec qui il compose pour deux séries, Mensonges et Versailles. « Avec Michel Corriveau, je suis allé plus loin dans la technique et l’intention portée par un son. Il m’a appris à amener l’émotion avec justesse en travaillant dans le détail » explique-t-il.

En parallèle, il se rapproche de la Hacienda Creative à Montréal pour découvrir le travail dans une entreprise de post-production où il sera l’assistant du directeur créatif Brian D’Oliveira. Le jeune diplômé retrouve ses premières amours avec la musique de jeux vidéos. Il participera par exemple à la fabrication de celle de Resident Evil 7.

Le studio travaille également pour d’autres branches artistiques, Maxime Hervé redécouvre ainsi un domaine qu’il avait jusqu’alors mis de côté, le documentaire : « Je l’associais aux vieilles cassettes VHS de mon grand-père. Ma vision du documentaire a changé en travaillant à la Hacienda Creative. Une vraie passion pour ce cinéma est née » confie le compositeur.

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Progressivement, Maxime Hervé se voit confier la composition de titres pour des longs métrages documentaires, jusqu’à devenir chargé de projets. « Après ces cinq années passées outre-Atlantique, nous souhaitions rentrer avec ma compagne. Nous sommes tous les deux originaires de la région de Rennes. On ne se voyait pas rester vivre au Québec. Mon attachement au cinéma français a aussi pesé dans la balance, » détaille le compositeur. Les instruments glanés durant ces cinq années sont délicatement emballés pour la grande traversée.

UN ESPRIT EN EXPLORATION

Les quelques 80 instruments sont ensuite déballés au cœur de la ferme familiale de Maxime Hervé, en Ille et Vilaine. En grimpant l’échelle de la grange, on découvre aujourd’hui un studio de musique aménagé. « En travaillant avec l’équipe de la Hacienda Creative, j’ai appris à forger mon son. Il fallait se saisir des quelques 250 instruments à disposition là-bas pour créer de la musique. Nous étions des chercheurs de sons. Nous faisions très peu appel aux banques digitales.

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C’est cette démarche de création que j’ai ramené avec moi. Aujourd’hui je veux aller plus loin en enregistrant hors des murs du studio, dans des lieux insolites tel un manoir, ou encore une chapelle. Chaque espace ou lieu fait résonner un son à sa manière. Et c’est cette dimension naturelle, et non recréée, du son qui m’intéresse » raconte le compositeur.

Maxime Hervé se consacre en ce moment au documentaire et considère avoir trouvé en Bretagne un terreau inattendu. Actuellement, il compose la musique du prochain film de la réalisatrice rennaise Brigitte Chevet produit par Aligal Production. « Que ce soit le documentaire, la fiction ou les jeux vidéos, c’est être au service des émotions qui me porte, » conclut Maxime Hervé.

Clara-Luce Pueyo

Photographie de Une © Altess

Cet article, comme les précédents ou prochains publiés sous la catégorie “Musique et cinéma”, s’inscrivent dans le cadre du travail d’identification et de mise en valeur de compositeurs pour l’image par Films en Bretagne.

Ces portraits complètent  le catalogue de compositeurs pour l’image mis à disposition des auteurs, producteurs, associations de diffusion qui souhaitent intégrer des musiciens à leurs projets (musique de film, ciné-concert,…).

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