Douarnenez : le Gouel ar filmoù appelle à la rescousse !


Alors qu’il prépare sa 42e édition, le plus ancien des festivals bretons fait part de difficultés budgétaires sérieuses et appelle à contribution tous ceux qui lui sont attachés. Une campagne de « crowdfunding » est ouverte, partie publique et solidaire d’un travail de fond entamé pour restructurer l’économie de la manifestation. Christian Ryo, directeur du festival depuis l’automne 2018 nous a décrit la situation et les perspectives qui restent ouvertes pour cet événement unique en son genre, à la fois vitrine cinématographique et porte-voix des minorités.

 

La situation est défavorable mais, à Douarnenez, on s’organise pour sortir la manifestation de cette mauvaise passe, en appelant notamment à la solidarité les fidèles du festival. Les difficultés sont pressenties de longue date, ce n’est pas un coup du sort qui s’abat sur le Gouel ar filmoù, même si les événements se sont accumulés contre lui ces derniers mois. Directeur depuis peu, Christian Ryo fait face et analyse : « C’est un problème structurel auquel nous sommes confrontés. Les premières difficultés financières sont apparues en 2014-2015. Elles ont été lourdement aggravées ensuite par la suppression des emplois aidés ». De fait, seul un emploi bénéficie aujourd’hui d’une aide partielle, là où trois postes étaient auparavant financés.

Pas question cependant de réduire la masse salariale. Le festival requiert absolument l’ensemble des cinq salariés à la manœuvre aujourd’hui pour tenir la route. Quel poste pourrait alors faire les frais des économies drastiques devenues nécessaires ? Incompressibles aussi, les charges liées à la sûreté sont venues à leur tour plomber le budget du festival ces dernières années. « Certaines manifestations n’ont d’ailleurs pas tenu face à ces coûts imposés, » rappelle Christian Ryo.

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41e Festival de Douarnenez : Congo(s)

 

Aux commandes du festival, confiance et motivation restent cependant fortes. Et pour cause : à l’inverse de ses finances, la popularité du festival n’a cessé de croître d’année en année. 3 à 6% de spectateurs en plus sont ainsi enregistrés chaque fin d’été. « Et cela sans faire davantage de publicité », précise le directeur. « La ligne éditoriale, particulière et engagée, suffit à convaincre » et à drainer de nouveaux aficionados.

Mais cette affluence, dont se réjouissent évidemment les organisateurs, la manifestation dans son envergure actuelle ne peut malheureusement plus y faire face. « La ville n’a pas les équipements »,  relate Christian Ryo. C’était déjà compliqué jusqu’à présent mais voici que l’un des cinémas a fermé l’an passé, laissant le festival sans même le plan B que constituerait une salle polyvalente à équiper. « Ce type d’infrastructure n’existe pas en ville. Il faut alors créer les espaces, équiper des salles éphémères, ce qui coûte très cher ».

Cette carence pèse depuis des années sur l’organisation mais les répercussions financières sont aujourd’hui rédhibitoires pour le festival. Des mesures ont donc été prises pour assurer la prochaine édition. « Moins d’invités, moins de films, moins de musique aussi. On recentre sur le cœur même du festival, même si nous menons un événement pluridisciplinaire et que nous ne pouvons ni ne souhaitons gommer cet aspect ». Des partenaires prendront donc en charge les volets connexes à la programmation cinématographique. Les Arts à la pointe, Le Cri suspendu : les solutions viennent ici de la mutualisation avec d’autres associations du territoire. Et, pour amortir le surcoût logistique de cette édition plus difficile que les autres, les partenaires institutionnels ont exceptionnellement renforcé leur soutien.

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41e Festival de Douarnenez : Congo(s)

 

Côté finances, il est important de combler le déficit de trésorerie. « La campagne de financement participatif fonctionne très bien, avec plus de 21 000 euros collectés en une dizaine de jours. Cela montre que le festival appartient à tous, le lien est fort. Ce sont des témoignages agréables », concède Christian Ryo.

En parallèle de ces mesures d’urgence, l’association en charge du festival suit un plan d’attaque à plus long terme. L’enjeu est ici de définir un modèle économique pérenne pour l’événement. C’est sous l’égide de Bretagne active, structure d’accompagnement pour le secteur de l’économie sociale et solidaire, que se fait ce travail, en concertation avec la Région, le Département et la Ville. « On discute pour trouver des solutions, chacun dans son rôle », rapporte le directeur, qui ajoute que « tous ont conscience de l’importance du festival pour le territoire. Un événement aux retombées économiques incontestables et bienvenues en fin de saison estivale. Une manifestation qui a par ailleurs inspiré la création d’un écosystème lié à l’audiovisuel, avec des professionnels groupés en pôle image sur place, ou encore une section cinéma ouverte au lycée ».

La campagne de financement participatif est ouverte en ligne jusqu’au 7 juillet (lien vers la page). « Le moindre don nous est utile, encourage Christian Ryo, tout comme le sont les témoignages de l’intérêt que peuvent porter les gens au festival ».

 

Marie Esnault