La 21e édition du Festival du Film Britannique de Dinard s’annonce solide malgré la crise qui frappe ses partenaires d’outre-Manche.

Rennes, mardi 21 octobre, conférence de presse du Festival du Film Britannique de Dinard. Sylvie Mallet, maire de Dinard, et Hussam Hindi, directeur artistique du festival, arborent tous deux des cravates écossaises qu’il est difficile de ne pas remarquer. « Ce sont des cadeaux de Newquay, notre ville jumelle de la côte ouest de l’Angleterre » précise la présidente du festival avant qu’Hussam Hindi n’évoque la situation économique chez les Britanniques et les conséquences sur le budget du festival. On le savait déjà, l’été 2010 a vu disparaître le UK Film Council et la crise au Royaume-Uni a sévèrement touché les budgets publics. Dinard ne peut plus compter sur ses partenaires britanniques historiques qui ont tout simplement retiré leurs soutiens financiers (lire le billet du 25/07). Ces deux accessoires vestimentaires prennent soudain une autre dimension symbolique que celle d’une entente cordiale entre deux municipalités et pourraient faire office de cache-misère si le directeur artistique du festival ne s’empressait de nous rassurer : « l’édition 2010 du FFBD sera plus longue d’une journée et les professionnels britanniques, qui sont attachés au festival, seront aussi nombreux que l’an dernier ».
Comme aiguillonné par cette situation économique tendue, le programmateur de Dinard semble n’avoir rien lâché sur l’artistique et annonce une compétition « paradoxalement moins sombre que l’an dernier » et – avec une pointe de fierté – la venue de Peter Mullan sur la Côte d’Emeraude. Un invité qu’il espère depuis 2002, année où le festival avait découvert The Magdalene Sisters. Le comédien-réalisateur présentera Neds, son dernier film qui vient de remporter le grand prix du festival de San Sebastian. Aux cinéphiles les plus pointus, le festival proposera une véritable découverte : l’œuvre de Barney Platts-Mills, un réalisateur remarqué dans les années 70 (Léopard d’Or à Locarno en 72 pour Private Road) mais qui n’avait plus rien réalisé entre 1982 et 2010.
Traverser le Channel
En feuilletant le dossier de presse du FFBD, on remarque une nouveauté : la présentation du Cross Chanel Film Lab, « une plate-forme transmanche dédiée au développement de scénarios de films de long-métrage, et la construction d’un VFX Lab (…) une plateforme consacrée aux effets visuels numériques au service du cinéma de long-métrage à budgets moyens ou réduits ». Porté par le Groupe Ouest dans le Finistère, l’Art Center Trust en Cornouailles, le Cornwall Council et le South West Screen, ce projet a été lancé en septembre dernier et permet à deux projets bretons et deux projets cornouaillais d’être accompagnés dans leur phase de gestation.
Jusqu’à présent, le secteur cinématographique breton avait toujours eu du mal à trouver sa place dans une manifestation plus soucieuse de relations franco-britanniques que de développement de la filière régionale. La nouvelle donne économique au Royaume-Uni (et en particulier la nécessité pour les producteurs de trouver de nouvelles sources de financements) pourrait rendre la collaboration entre Bretons et Britanniques plus pertinente et Sylvie Mallet n’a pas manqué d’offrir les services du festival comme « tremplin » pour que les acteurs régionaux traversent le Channel. Après avoir tenté pendant des années, sans grand résultat, d’aborder les marchés gallois, irlandais et écossais via le Festival du Film et de la Télévision des Pays Celtiques, les producteurs et créateurs bretons pourraient trouver dans le FFBD un nouveau partenaire. Car comme l’a souligné Hussam Hindi, ces dernières années le festival a cherché à nuancer son « image parisienne qui a longtemps dérangé les professionnels bretons ». On pourrait également ajouter qu’en proposant en octobre un gros plan sur le cinéma irlandais et en annonçant déjà que l’invité en 2011 serait l’Ecosse puis le Pays de Galles en 2012, le Festival du Film Britannique semble également chercher à « décentrer » son tropisme naturel au-delà de la Tamise…
JFLC

> Festival du Film Britannique de Dinard du 6 au 10 octobre
Visuel : détail de l’affiche du FFBD 2010