Couleurs du soir après l’orage • Par Hervé Alexandre


Comme vous toutes et tous je suis confiné, avec en plus l’étiquette « à risque », puisque je ne suis pas un agneau de l’année. Ni même du siècle.

Ce qui me différencie de vous tous, en plus de la date de naissance, est que je suis entré dans l’univers du cinéma et de l’audiovisuel de façon très tardive, et après une carrière professionnelle dans un tout autre domaine que je croyais plus violent que celui dans lequel j’arrivais et dont je m’étais fait une image certainement trop idéalisée.

Assez vite dans cette nouvelle vie professionnelle et face à de nombreux échecs, dont aucun avis favorable d’un comité de lecture du FACCA, j’ai failli tomber dans une frustration et paranoïa presque létale pour ma société de production et ma propre activité.

Mais je me suis finalement « débrouillé » sans argent public (ou quasiment pas) pour passer cette étape difficile, et développer une filmographie que j’estime honorable et presque conforme à la ligne éditoriale que je souhaitais.

Mais du fait des financements toujours très tendus et bas, me reste le profond regret des rémunérations souvent minimales ou trop faibles de celles et ceux qui ont accompagné mes projets.

Mais ce que je retiens au final, est que cela m’a permis de nombreuses rencontres, souvent d’une grande valeur tant au niveau humain qu’artistique et une approche des œuvres et des artistes auxquelles (Bescherelle m’autorise ce féminin) je n’aurais pas eu accès sans cette entrée tardive dans notre univers professionnel.

Ce prologue, se veut juste une introduction explicative à ce qui va suivre.

Quand tout fonctionne, quand tout roule, il est difficile, voire incongru, de bouger un système qui a globalement de bons effets ; on ne cherchera légitimement qu’à en gommer ou améliorer des aspects marginaux.

La période inédite que nous vivons est cruelle et dramatique pour certains.

Elle nécessite des actions dans le présent, dont nous ne sommes certains ni de la justesse ni de l’efficacité.  

Et elle met en péril toutes nos organisations, quelles soient sociales, économiques politiques, et philosophiques.

Et c’est justement parce qu’il y a péril que ce temps doit aussi nous obliger à penser dès à présent, l’après immédiat puis le moyen et le long terme, à remettre tout à plat, en s’affranchissant de tous les prérequis, en détruisant tous les paradigmes ; de revisiter tous les moyens que l’on a mis en œuvre jusqu’à présent, d’en inventer d’autres, en gardant et renforçant nos objectifs suprêmes, nos propres valeurs fondamentales.

J’ai longtemps hésité à garder les huit propositions qui vont suivre, à ne pas m’autocensurer, à me demander si certains points n’étaient pas ceux d’un aigri, ou passant pour tels, à craindre qu’une forme de bien-pensance me rejette dans un camp qui n’a jamais été et ne sera jamais le mien.

Et je me suis finalement dit qu’il était tout aussi lâche de ne pas aller dialoguer (ce qui consiste je le rappelle à parler mais aussi à écouter) avec ceux qui sont éloignés de mes propres valeurs que de céder à la parole calibrée de mon milieu professionnel et de ma classe sociale.

Et comme en cette période le mot « courage », aux deux sens du terme ; prise de risque et supporter de grosses charges de travail, doit être réservé à celles et ceux qui agissent contre la maladie et pour la satisfaction de nos besoins élémentaires, je me dis que ce n’est pas le moment, pour le confiné « confortable » que je suis, bien en sécurité, de céder à la moindre couardise face à une action qui ne peut ni me tuer ni m’épuiser.


Huit couleurs que pourrait avoir notre ciel après l’orage.

1 / Tentons d’améliorer le retour de l’argent de la Région Bretagne vers les personnes physiques et morales basées en région qui interviennent directement pour produire, réaliser, distribuer et diffuser les œuvres pour le cinéma et l’audiovisuel.

Dans un premier temps je pensais à une solution bien plus drastique que celle que je vais aborder ici.

Mais je me suis inquiété de ce qu’elle pourrait passer pour être un « fantasme du repli sur soi » qui la disqualifierait immédiatement par un réflexe d’ostracisassions immédiates qui nous évite souvent de rejeter des bonnes questions au prétexte facile que nous n’apprécions pas les réponses que certains et certaines leur apportent.

J’ai été un peu rassuré par cette lecture: « Le repli sur soi, volontaire et réfléchi, rendrait le monde beaucoup plus paisible ». Riss dans son édito de Charlie Hebdo du 22 avril 2020. Mais c’est vrai que nous sommes peut-être un peu moins « Charlie », depuis quelques temps.

Mais voici l’analyse sur laquelle je me suis basée.

  • Une étude réalisée sur trois ans qui incluait fictions et documentaires montrait, en ce qui concerne les sociétés de production, que 50 % des aides vont hors Bretagne (Presque la totalité en IdF), 40 % en Ille et Vilaine, 10 % en Finistère, Morbihan et Côtes d’Armor étant non significatifs. Je répète qu’ici ce n’est pas le faible chiffre de mon département que je relève, mais bien la moitié qui part vers l’est ;
  • Quand je regarde, quand cela est possible, des génériques de films ou téléfilms aidés par la région, je constate souvent, sans que sur ce point je puisse étayer ce constat par une statistique, que le personnel breton est rare et souvent en position de renfort ;
  • Et quand je regarde les dépenses éligibles je me dis que là est peut être le problème et donc la solution. Et je vais être provocateur, mais si toutes les dépenses en Bretagne sont des frais d’hôtel, de restauration, bref des dépenses qui n’impacte ni les sociétés de production, ni les techniciens et auteurs, ni les prestataires, j’estime que nous laissons dilapider une partie de l’argent qui devrait aller plus directement vers l’industrie culturelle sur le territoire. Et je dis cela en notant, dans cette période aussi très difficile pour les restaurants, bars et hôtels, que pour eux, que l’argent passe par des structures bretonnes ou parisiennes importe peu. Et ce type de dépenses est, in fine, obligatoire pour un tournage sur le territoire. 
  • Ma proposition serait autour de ces points :

– Baisser le ratio des dépenses éligibles/ aide allouée ;

– Mais ne faire entrer dans ces dépenses que ce qui est engagé vers ou par des personnes physiques ou morales basées sur le territoire ;

– Je souligne au passage que cela me semble recouvrir les adhérents de FeB, en y ajoutant les prestataires ;

– Permettre aussi de rendre les frais généraux des personnes morales basées sur le territoire, dépenses éligibles.

J’ajoute que ne rien faire dans le sens de la protection plus directe de notre tissu culturel sur notre Région reviendrait à provoquer une sélection darwinienne, par laquelle les plus faibles, ou les moins adaptables disparaitront.

 

2 / Que la Région Bretagne rembourse partiellement ou totalement les charges sociales des intermittents et des auteurs ayant leur résidence fiscale en Bretagne, lorsqu’ils sont employés et/ou rémunérés par une entreprise de production elle même basée en Bretagne.

Là aussi je souhaite ne pas passer pour celui qui proposerait de sanctionner « les autres qui viennent d’autre part ».
Il ne s’agit pas du tout d’interdire, mais de promouvoir et d’aider les forces vives de la Région, voire d’en attirer.

 

3 / Permettre le mécénat pour des productions cinéma ou audiovisuelles, en donnant aux productions, dans des cadres spécifiques, un statut fiscal équivalent à celui « d’intérêt général » qui est ouvert à des associations impliquées dans la Culture.

Il s’agirait ici de permettre aux productions d’aller chercher de l’argent « privé » en offrant un intérêt fiscal équivalent à celui du mécénat (soit 60 % de crédit d’impôt pour les entreprises et 66 % de crédit d’impôt pour les particuliers).
Bien sûr cette décision ne peut être prise qu’au niveau national, mais ce peut être comparé à ce que font les fondations ou les fonds, voire les Sofica, sauf que là ce serait la responsabilité pleine et entière du producteur d’aller chercher puis de convaincre des personnes morales ou physiques avec en plus des arguments habituels, cet argument fiscal.
J’entends la critique souvent formulée face à ce type de proposition : une niche fiscale, encore une !
Là aussi cette pensée est trop marquée idéologiquement, et un petit calcul est assez démonstratif à cet effet.

Monsieur A et Monsieur B ont les mêmes revenus et doivent payer 660 € d’impôts.
Monsieur A paye 660 € d’impôts et dépense pour son plaisir personnel 340 €. Monsieur B donne à une association d’intérêt général 1000 €, et ne paye pas d’impôts (enfin si mais est remboursé de 660 €) mais ne peut pas dépenser pour son plaisir 340 €. Il a décidé de la destination de ses impôts, préférant par exemple aider MSF que de faire des ronds points et il n’a pas consommé pour lui les 340 €, qui seront quand même utilisés pour de la consommation par l’association.

Bien sûr, certaines sociétés jouent là dessus avec des armées de spécialistes de la fiscalité, mais ce n’est pas la règle générale et cela pourrait permettre une aide supplémentaire et complémentaire.

 

4 / Abaisser le seuil de devis pour bénéficier du crédit d’impôt.

Aujourd’hui celui-ci est fixé à 500 K €.
Pourquoi ne pas l’ouvrir à toutes les productions quels que soient les niveaux de devis ?

 

5 / Abandonner les comités composés d’experts professionnels, pouvant, directement ou indirectement profiter des aides pour lesquelles ils sont experts.

NB : Là je suis un peu gêné aux entournures car je sais que mon avis peut être sérieusement critiqué, car jugé motivé par la seule frustration liée à mes échecs, dont je me suis ouvert en introduction.

Et je ne peux pas assurer que cela soit faux car si j’avais largement profité de ce système sans doute ou peut-être me serais-je moins interrogé.

Je peux seulement dire que j’ai abandonné ma position de sélectionneur au sein du festival Armoricourt, festival de courts métrages en place dans ma commune, tout en y poursuivant mon engagement, justement parce que je sentais que je n’avais plus la neutralité requise pour juger des films en toute sérénité et sans mauvaise foi.

Et alors que j’avais pris la décision de ne plus le faire, j’ai lu une interview de Bertrand Tavernier disant qu’il avait été dans de nombreux comités quand il était critique de cinéma, mais que dès qu’il avait été réalisateur il s’y était refusé.

Bien sûr je n’aurais pas l’outrecuidance de me comparer à Monsieur Tavernier, et je sais que comparaison n’est pas raison, mais cela m’a conforté dans ma décision et dans ma position critique énoncée ci-dessus et développée ci-dessous.

Cette période inédite et la période précédente doivent nous éclairer sur les problématiques liées aux experts et à l’argent public.

  • Cette période inédite ;

– Nous avons vu toutes sortes d’expertises affluer par rapport au Coronavirus ;
– Ces moments ont permis de voir des experts sûrs d‘eux. Hélas, ici la réalité a vite tordu le cou à leur « vérité » ;
– D’autres experts ont fait preuve de plus d’humilité et se sont cantonnés à leur propre action sans impacter ni critiquer celle des autres.

  • La période précédente :

    – La période précédent a été marqué par une forte remise en cause des élites, quelles qu’elles soient ;
    – Beaucoup de reproches, pour édulcorer la terminologie, ont été émis par la rue, par les citoyens et par la justice à l’encontre des utilisations du bien public qui relevaient de l’illégalité et/ou d’un manque d’éthique, et/ou d’un entre soi qui semblait soit coupable soit regrettable.

Face à ces données factuelles de notre société :

  • Remise en cause de toute expertise ;
  • Soupçon par rapport aux modes d’affectation de l’argent public ;

Je pense qu’il est urgent de revisiter ce fonctionnement qui a eu de nombreuses vertus, mais qui me parait dangereux dans son maintien en l’état.

J’espère que mon message est assez clair et que ce que je crains ne correspond pas en l’occurrence, à mes pensées, mais à mon analyse d’un risque potentiel que cette procédure fait courir à tout le processus républicain et nécessaire de l’aide publique à la culture.

La réplique souvent formulée par rapport à une critique du système de comité d’experts professionnels est argumentée sur trois temps :

– Nous ne pouvons pas car c’est le CNC qui l’exige ;
– Et il n’y a pas moyen de faire mieux, et c’est ce qui fait la richesse du cinéma français ;
– Et quand c’est un expert qui parle on me réplique honnêteté, professionnalisme, etc.

Je reconnais humblement que je n’ai pas un degré d’expertise suffisant pour faire une proposition construite et finement élaborée pour utiliser d’autres méthodes des choix des dossiers aidés, mais je me permets quelques pistes.

Bien sûr avoir des professionnels du cinéma est indispensable, mais :

– Ce devrait n’être ouvert qu’à des personnalités professionnelles de la fabrication de films qui s’engageraient, pour copier les limites du « pantouflage », à ne pas profiter de ces aides ni à les avoir sollicitées 3 ans avant et à ne pas le faire 3 ans après. Et tout cela directement et/ou indirectement.
– Pourraient être inclus dans ces comités des diffuseurs, des exploitants de salles, des réseaux de spectateurs, des critiques, et aussi pourquoi pas des politiques… Car enfin le politique est élu pour nous représenter, et ce ne serait pas scandaleux que celui-ci puisse orienter les aides de façon factuelle afin que cela corresponde à son orientation « politique ».

Je finis en disant que je sais que la presque totalité des membres des comités de lecture sont très honnêtes, jugent selon leurs convictions profondes, leurs compétences.

Bien sûr !

Mais les experts ne pourront jamais prétendre qu’ils ne mettent pas eux-mêmes ou d’autres, dans leurs décisions, leurs propres affects, leurs propres points de vue mais aussi, j’ose l’écrire, pour certains, leurs propres intérêts qu’ils soient économiques ou artistiques.

Et comme aucun contrôle, soit administratif soit électoral ne peut être mis en place, je pense que nous devons faire preuve de prudence et revisiter ce système.

Pour détendre un peu votre lecture deux petits rappels historiques.

L’histoire des peintres impressionnistes, que tous les comités d’experts de l’époque rejetaient avec la conviction profonde de leur honnêteté intellectuelle et de leur compétence… Et c’est un propriétaire de galerie relayé par un critique puis par un autre artiste qui a permis à ce courant artistique d’émerger.

Et dites-moi, la nouvelle vague a été soutenue par le CNC à ses débuts ?

Et non ce fut un héritage qui permit à Claude Chabrol de faire son premier film.

J’ai mis volontairement ce 5éme point au milieu de ma contribution, pour permettre une pause et je suis conscient que je n’ai ni vraiment la légitimité à remettre ce système en cause ni une vraie solution à proposer.

J’ajoute que, sans aucun état d’âme, je continuerai de postuler aux aides en passant devant des comités de lecture tant que ce sera la règle.

 

6 / Quotas positifs

Imposer pour la production des films un équilibre quantitatif entre les sexes.

J’ai longtemps été opposé à ce type de quotas positifs, me disant (pour me rassurer, certainement) que seuls la compétence et le talent, devaient être les arguments du choix.

J’ai personnellement évolué sur ce sujet, et il me semble opportun, en cette période, d’accélérer un processus par ce type de quotas, qui devraient à terme être appelés à disparaitre… Au profit d’autres devant compenser d’autres discriminations.

La grande ligne de cette proposition serait qu’une société de production présentant un projet en Région Bretagne montre que celui-ci, soit permettra d’atteindre un équilibre entre les femmes et les hommes, soit de le maintenir, sachant que la priorité des investissements régionaux devraient aller vers les structures les plus « en ligne » avec ce principe.

Cela serait appliqué :

  • Pour l’équilibre réalisatrices/ réalisateurs dans les filmographies des sociétés demandeuses ;
  • Dans la chaine complète de la facture de chaque film aidé.

Je ne sais quel type de fonctionnement exact pourrait prendre cet aspect, mais puisque cela est possible pour des élections, bases de notre démocratie, cela devrait pouvoir être constitutionnellement possible pour notre industrie culturelle.

 

7 / Prise en compte de l’aspect préservation de l’environnement /impact moins nuisible, des projets.

Il s’agit ici de repenser globalement cet aspect sous diverses formes, dont j’ai pensé une liste qui bien sûr n’est nullement exhaustive :

  • Énergie électrique consommée :

– Éclairage ;
– Recharge des batteries ;

  • Impact carbone des déplacements :

– Pour les membres de l’équipe ;
– Pour le matériel ;
– Dans le choix des décors ;
– Pour le plan de travail ;
– Type de véhicules ;
– Vélos, si possible ;

  • Matériels « de vie » :

– Logements ;
– Table régie ;
– Repas ;

  • Alimentation :

– Produits de saison ;
– Produits à proximité ;
– Productions respectueuses de la nature (bio ou raisonnée).

Certaines régions sont déjà dans cette démarche, mais cela n’est que sous forme d’engagement et probablement que ce serait bien de pouvoir exiger quelques points d’amélioration sur ce chapitre là.
Là aussi imposons-nous ces objectifs et faisons de ce qui peut apparaitre comme des contraintes, des opportunités.

Ce point confronté à la hausse des coûts des tournages, du fait de tous les gestes barrières nécessaires pour la facture des films, serait un exemple positif pour notre société qui risque face à la crise économique de remettre à plus tard une gestion plus raisonnée et raisonnable de notre rapport à notre environnement.

Tentons de montrer qu’en plus de la création nécessaire d’œuvres, notre activité dans sa logistique quotidienne, crée du sens pour notre société.

8 / Permettre un tarif préférentiel au public breton dans les cinémas de la Région pour voir les films faits en Bretagne et/ou aidés par la Région. 

Ceci inclurait tous les formats, tous les genres.
Cela montrerait à l’ensemble de la population que la création cinématographique et audiovisuelle est très active sur le territoire.
Et égoïstement, cela me permettrait aussi de voir les films des autres sur des grands écrans, grands écrans qui me manquent cruellement.

Cela serait assez simple à mettre en place et pas très couteux.

Imaginons 100 cinémas avec dans l’année 5 séances avec 80 spectateurs et en baissant le prix de 2 euros = 80 000 euros….. Et cet effort de la Région abonderait les revenus des cinémas (qui vont en avoir besoin) et en grande partie la chaine de production bretonne.

 

Pour finir cette contribution, qui a la relecture est bassement terre à terre, je voudrais juste ajouter que l’art, qu’il soit en septième position ou à une autre place dans cette comptabilité non compétitive m’est essentiel, que dis-je, vital.

L’âge qui avance me prive des émotions sportives intenses (faire un match de rugby et le voir au stade ou à la télévision ne procure jamais la même intensité), des émotions procurées par la naissance de ses enfants et l’accompagnement de leur découverte de la vie, même si les petits enfants apportent partiellement ce même type d’émotion, me prive aussi de personnes aimées qui s’en vont, parfois trop jeunes, toujours trop vite.

Mais c’est pour cela que me sont vitales, presqu’au sens médical du terme, toutes les émotions que je pouvais vivre sereinement il y a peu et que je souhaite retrouver au plus vite : regarder un tableau en sentant sa matière, écouter de la musique vivante et des chansons autrement que virtuellement, aller au théâtre, regarder un ballet, une installation et surtout un film dans une salle de cinéma.

Et je sais que cette immense responsabilité repose avant tout sur les artistes., mais aussi sur toutes celles et ceux qui les aident, les encouragent, les entourent et payent pour que leurs œuvres puissent arriver jusqu’à nous et espérons-le jusqu’au maximum de personnes avec lesquelles nous devons faire société.

J’espère qu’il aura été compris que je ne veux pas que nous nous recroquevillons sur nous même, mais bien que nous nous protégions pour franchir cette étape cruelle et dramatique afin de pouvoir nous épanouir avec toutes nos forces vives intactes quand nous serons sortis de cette pandémie.

C’est la raison qui m’a poussé à mettre en exergue de cette contribution une image et un titre venant de Belgique, et j’en remercie ici Isabelle Françaix qui me l’a permis.

Mon seul moteur pour cette contribution est de faire quelques modestes propositions qui ont autant vertu à susciter le débat et l’échange qu’à être appliquées, afin que notre territoire, dont je me sens un des petits atomes, puisse pérenniser et amplifier cette vie artistique et culturelle qui nous est si nécessaire.

Qui m’est vitale.

Hervé Alexandre
Producteur • Matsylie Productions