COOPÉRATION INTERCELTIQUE : des opportunités pour la Bretagne ?


Du 7 au 9 juin, Quimper accueille le Celtic Media Festival 2022. L’an dernier, la société douarneniste Tita Productions s’était distinguée en remportant le Prix Esprit du festival. Trois questions à Fred Prémel, un producteur qui parie sur les relations de la Bretagne avec l’Irlande et les Cornouailles britanniques.

 

 

 

 

 

En 2021, La Tribu des dieux de Loïc Jourdain, que vous aviez coproduit avec la société irlandaise Lugh Films, a remporté le Prix Esprit du Celtic Media Festival. Qu’a apporté cette distinction à la carrière du film et à votre stratégie de coopération avec des partenaires celtes ?

C’est une belle histoire parce que Loïc est breton, qu’il vit en Irlande depuis des années, et que le film raconte les bouleversements vécus par une communauté insulaire du Donnegal. Des problématiques sociales et politiques très proches de celles que peuvent connaître certaines populations en Bretagne. Le prix « Esprit » est arrivé en fin de parcours du film en festivals après la sélection du film au FIPADOC et la nomination aux BAFTA Irlandais. Il est venu récompenser les années de travail documentaire de Loïc autour de ces questions et il nous a permis de valider un modèle de production que les diffuseurs d’outre-Manche n’avaient pas imaginé.

La participation de Tita au financement du film a été déterminante, puisque la part française représente 50 % du budget de 185.000 euros. Cela a prouvé aux partenaires irlandais notre capacité à venir apporter une réelle plus-value artistique et économique à un projet d’initiative irlandaise, notamment à travers l’apport du COM (contrat d’objectifs et de moyens) des télés bretonnes, des soutiens de Bretagne Cinéma et du CNC.

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La Tribu des Dieux de Loïc Jourdain @ Tita productions, Lugh Films, Dearcán Media

 

Depuis des années, la Bretagne cherche à nouer des partenariats avec les pays celtes dans le domaine la production audiovisuelle sans obtenir de résultats concrets. Qu’est-ce qui nous manque ?

Il y a la volonté mais il manque encore la conviction que cette coopération peut être stratégique et offrir des débouchés de marché et de coproduction pour la filière audiovisuelle bretonne. Films en Bretagne et la Région Bretagne ont accompagné plusieurs délégations au Celtic Media Festival et la venue de cet évènement à Quimper va dans la bonne direction. A nous maintenant, producteur·trices et créateur·trices, de nous saisir de cette opportunité pour nouer des relations de coproduction durables. Cela ne se fera pas en un jour, mais peut-être en mutualisant des expériences et des compétences entre les acteurs bretons, pour être en capacité de comprendre le fonctionnement des systèmes irlandais et britannique (tax credit), les formats et les attentes des diffuseurs. Il faudrait aussi instaurer des rencontres plus régulières, avec des objectifs ambitieux mais réalisables.

Nous avons une place géographique privilégiée, la Manche est notre frontière. Soyons aussi moins complexés : depuis 10 ans, la filière bretonne évolue très vite et marque des points à l’international, que ce soit en animation, en fiction ou en documentaire. Affichons-le !

Le Pôle audiovisuel de Douarnenez-Cornouaille, dont vous êtes le co-président, est engagé dans un rapprochement avec des partenaires celtes. Pouvez-vous nous en dire davantage ?

Autour de Screen Cornwall, du Cinema Lab et la School of Film and Television de Falmouth, des producteur·trices, des auteur·es et des financeurs en Cornouailles britannique sont en train de s’organiser avec le Cornwal Council, dans un contexte post-covid. Il y a des similitudes avec la situation douarneniste où de nombreux auteur·es et technicien·nes s’installent et partagent des valeurs. Depuis deux ans, nous apprenons à nous connaître, à découvrir nos compétences respectives.

Dans le partenariat, le développement des langues bretonnes et corniques a une place privilégiée, mais ce n’est pas le seul axe fort. Nous sommes en train d’imaginer des coproductions autour de court-métrages et de documentaires, de réfléchir à des formations croisées. L’idée est de développer des compétences singulières dans le cadre d’une coopération britto-cornouaillaise. Le CMF à Quimper sera l’occasion de se voir et de poser des objectifs à l’horizon 2025.

Propos recueillis par Jean-François Le Corre
Juin 2022

Dans le cadre du CMF, Fred Prémel participera, avec d’autres professionnels bretons, à un FOCUS ON BRITTANY, mercredi 8 juin à 12h15 au Centre des congrès du Chapeau Rouge.

www.celticmediafestival.co.uk

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