Depuis trois semaines, Comptoir du Doc a investi le théâtre de la Parcheminerie. L’association rennaise, qui fait la promotion du cinéma documentaire, connaît bien ce lieu où se tient, chaque année, Hors-Format. La nouveauté, c’est qu’elle a posé ses valises à la Parch’ pour une expérimentation de quatre mois : il s’agit de partager les locaux avec une consœur, l’association Lillico qui propose du spectacle vivant à l’attention du jeune public, et d’apprendre à travailler ensemble. Célia Penfornis, la coordinatrice de Comptoir du Doc, détaille le projet.
– La Parcheminerie et Comptoir du Doc, c’est déjà une longue histoire…
Célia Penfornis : Nous avons commencé à programmer des films à la Parch’ en 2003 dans le cadre de Documentaires au féminin. Puis en 2008, les Transmusicales qui fêtaient leurs 30 ans nous ont proposé d’y montrer des docs musicaux. Et, depuis quatre ans, nous occupons le théâtre à l’occasion de Hors-Format dont la cinquième édition se déroulera du 1er au 4 octobre prochain. Nous connaissons donc bien ce lieu central et convivial. Du coup, quand Benoît Careil, le délégué à la culture de la Ville de Rennes, nous a offert de partager l’endroit avec Lillico, nous avons sauté sur l’occasion.
– D’autant que vous étiez un peu à l’étroit dans vos locaux de la rue Jean-Guy…
Oui, Comptoir du Doc cherchait des locaux plus grands depuis des années. A une époque, nous avons même eu le projet de créer une maison de l’image avec d’autres acteurs culturels rennais. Mais l’idée n’a pas abouti. Malgré tout, nous avons gardé l’envie d’avoir un vrai lieu de programmation, pour être plus réactifs, pouvoir mieux accueillir nos adhérents et nos partenaires, mieux mettre notre vidéothèque en valeur, rendre notre projet plus visible.
– Comment allez-vous cohabiter et collaborer avec Lillico puisque c’est sur cette synergie que repose l’expérimentation ?
Il est vrai que nos deux associations n’ont ni le même projet culturel, ni le même fonctionnement, ni le même calendrier. Lillico programme sa saison à l’avance, la nôtre se construit tout au long de l’année. Après avoir fait connaissance, nous avons commencé par établir un planning de partage des espaces d’accueil et de la salle de spectacle. Elle sera régulièrement occupée en journée par leurs résidences d’artistes et leurs représentations, et en soirée par nos projections. Mais, au delà de ces questions d’organisation, la Ville de Rennes nous incite à trouver des points de jonction, à développer les échanges, à faire ensemble. Elle fait le pari que cette implantation dans un lieu partagé ira plus loin à terme.
Nous avons commencé à bâtir un programme commun de projection de films en profitant notamment des 20 ans de la société de production JPL Films. Ce programme est destiné au jeune public et nous profitons de l’expérience de Lillico en la matière. Cette manifestation aura lieu en décembre. Nous réfléchissons aussi à l’occupation des espaces d’accueil du théâtre. Nous pourrions y proposer des rencontres autour de la vie associative pour interroger nos pratiques. Ce dernier trimestre va nous servir de test. Nous avons mis en place une commission qui regroupe deux fois par mois des membres des deux associations. Chacun prend ses marques !
– En matière de programmation, quelles possibilités nouvelles ouvre cette implantation au cœur de la ville ?
Ce qui nous intéresse, c’est de mieux rayonner, d’être visible, accessible, consultable, de devenir un véritable centre de ressources. Jusqu’à présent, nous projetions les films en partenariat avec d’autres structures, d’autres lieux puisque nous n’avions pas de salle. Très concrètement, lors du prochain Mois du Film documentaire, nous allons programmer à la Parch’ cinq séances avec une ouverture et une clôture, ce que nous n’avions pas pu faire jusqu’à présent, faute de lieu. Cela n’empêchera pas une soixantaine de projections dans les salles partenaires. Autre initiative permise par le lieu : le public pourra passer une journée avec Jean-Louis Comolli et Vincent Sorel qui viendront parler de leur livre sur l’histoire du cinéma documentaire. Nous avons aussi imaginé, cette fois hors Mois du Doc, donner une carte de blanche aux adhérents pour qu’ils puissent montrer un film coup de cœur qui a été fondateur de leur intérêt pour le documentaire, ou encore monter un atelier de programmation avec les jeunes de la Mission locale qui se trouve juste à côté. Nous pourrions même développer des ateliers vidéo. Nous ne manquons pas d’idées. Tout cela, bien évidemment, nécessite des moyens supplémentaires et ne se fera pas en un jour !
– En programmant davantage de films, vous allez toucher un public plus large ?
Oui, c’est d’ailleurs une préoccupation commune avec Lillico : pouvoir élargir et croiser nos publics, rester présents sur l’ensemble du territoire et pas seulement en centre-ville. Cette installation à la Parch’ va nous permettre de multiplier les partenariats. Nous sommes, par exemple, sollicités depuis longtemps par les sociétés de production pour projeter des films en avant-première. Nous allons enfin pouvoir les accueillir. Reste à en définir le cadre logistique et financier car cela nécessite la présence d’un régisseur, d’un agent de sécurité. Mais une chose est sûre, c’est que nous allons pouvoir programmer davantage de films et donc ouvrir l’offre.
Propos recueillis par Nathalie Marcault
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Du 22 au 29 sept. à Nantes (Lieu Unique et Le Dix)
Du 01 au 04 oct. à Rennes (Théâtre de la Parcheminerie)