La société de production rennaise 5J productions devient Les Films de l’Heure Bleue et accueille deux nouveaux producteurs, Brewenn Hellec et Corto Fajal. Un regroupement de producteurs autour d’une forte envie de cinéma, sans distinction de genres, ni de formats, une envie d’audace et d’ampleur avec d’emblée un pied dans le long-métrage.

 

Brewenn Hellec rentre tout juste de Lorraine, « nous tournions un film de Philippe Orreindy, un court-métrage que nous faisons avec France 2 ». Thomas Guentch, d’Allemagne où il rejoignait Hicham Lasri (1), un réalisateur qu’il produit, à la prestigieuse Berlinale. Corto Fajal, entre deux sessions de coaching au Groupe Ouest (lire article paru sur ce site ici), prépare activement le tournage de son prochain long métrage documentaire Nous, Tikopia, coproduit par ses nouveaux associés, une aventure qui le mènera sur une île au large de la Papouasie-Nouvelle-Guinée. Des chassés-croisés qui reflètent le foisonnement des projets et l’ambition de la nouvelle société de production rennaise qui, comme l’annonce leur pitch sur leur site et les réseaux sociaux, « veut voir grand et accompagner des créations dici et dailleurs ». Ces axes forts, les producteurs des Films de l’Heure Bleue les déplient avec gourmandise : « Nous portons plusieurs projets à dimension internationale, dont des coproductions comme celle qui nous lie à la société marocaine Pan Production. Head bang est le 5ème long-métrage dHicham Lasri, un jeune cinéaste marocain de la nouvelle génération et déjà bien identifié par les festivals majeurs, Toronto et Berlin. Nous avons tourné cet automne à Casablanca. Nous sommes ravis den être le producteur délégué français. Le film a été soutenu par la Région Bretagne et toute la post-production se déroule à Rennes depuis plusieurs mois, notamment chez AGM Factory. »

Les autres longs formats documentaires en développement riment aussi avec horizons lointains : Ouagadougou en pleine transition démocratique avec Demain, citoyens de Emilien Bernard, les îles Salomon avec Nous, Tikopia et une base scientifique en Antarctique avec Dernières nouvelles des étoiles de Jonathan Millet. « Nous avons très envie de créer des passerelles avec dautres territoires, français ou du globe, que ce soit par le biais de coproductions, ou par lintermédiaire des sujets ou des lieux de tournages. »

 

Demain, citoyens de Emilien Bernard; Head Bang de Hicham Lasri; Nous, Tikopia de Corto Fajal; Dernières nouvelles des étoiles de Jonathan Millet.

 

« Nous sommes aussi attentifs aux projets qui s’écrivent ici », précise Corto, « le développement de fiction longue en région avec des auteurs du territoire est un de nos objectifs. » Cet ancrage local, doublé du souci de participer à l’émergence de compétences en Bretagne est un point de jonction revendiqué par les trois producteurs. « Si on y arrive aujourdhui, cest parce quon a les pieds dans le territoire, quon est persuadés quil y a des auteurs en régions et quon a envie de les accompagner. » Brewenn Hellec évoque ici les documentaires Quatre Saisons de Pauline Burguin, Lart de lautre d’Antoine Tracou et Week-end à Bréhat de Toinon Maguerez, et les œuvres d’expérimentations LAmérique et A chair perdue de Darielle Tillon.

Thomas Guentch commente : « Jaime aussi accompagner des projets dont la structuration et la fabrication sortent des schémas classiques, comme les films de Darielle Tillon. Ce sont à tout point de vue des films dessai et de recherche. Le fonds projets innovantsde la Région nous y encourage, le CNC aussi avec le FAIA (Fonds dAide à lInnovation Audiovisuelle). La pluralité des financements comme celle des rythmes de production est intéressante. » Les Films de l’Heure Bleue creusent le sillon du court-métrage, « nos premières amours » souligne Brewenn, « les télévisions locales nous ont fait confiance depuis nos débuts et nous continuerons à leur proposer nos projets, comme aux diffuseurs nationaux, et notamment France 2 avec qui nous avons fait deux films déjà. »

 

Un programme alléchant, officiellement présenté pendant Travelling lors d’une soirée de lancement en présence de nombreux professionnels. Brewenn précise qu’il s’agit bien de « continuer les démarches pré-existantes et désormais de faire route ensemble. Nous avons une dizaine de projets en développement, et dautres tout juste naissants. » Une course de fond déjà bien lancée que Brewenn explique aisément : « L’éventail de projets en cours est constitué des films initiés par les trois producteurs au sein de leurs différentes structures qui produisent depuis plusieurs années, et les relations de confiance avec les partenaires sont en place. Cest différent dune création, cest plutôt un nouveau départ, un nouvel élan qui donne de l’énergie ! » et Corto de rajouter, « Thomas et Brewenn sont très prometteurs, chacun dans un registre différent, et ils portent des ambitions capables de réveiller la mienne ! »

 

Complémentaires et indépendants

 

En phase, soucieux d’être à l’écoute les uns des autres et de renouveler leurs pratiques, ils souhaitent s’appuyer sur les compétences de chacun, croiser leurs réseaux, leurs regards sur les stratégies quant aux films produits, leurs sensibilités sur les projets. « Le maître-mot de tout ça, cest l’émulation. Chacun va porter ses projets, en toute indépendance, mais pourra sappuyer sur les deux autres, dans une forme de collaboration transversale, » énonce Corto, « c’est bien la complémentarité des regards et des pratiques que nous recherchons avec cette structure à trois têtes. »

Jusqu’ici, leurs coups de cœur ont guidé leurs choix, « nous nous sommes toujours engagés sur des films qui nous faisaient vibrer », entonnent de concert Thomas et Brewenn. « Nous souhaitons continuer ainsi et on sait déjà que nos élans seront différents. La réflexion quant à la stratégie de production se fera par contre à trois. D’évidence, nous maintiendrons une relation classique dauteur/producteur autour de l’œuvre, ce duo est essentiel et doit le rester quelle que soit la structuration de la société. Notre réflexion commune sopèrera plus haut, pour les prises de recul. »

 

Mutualisation à l’oeuvre 

 

Ce regroupement de producteurs « leur a semblé naturel » également pour des raisons plus prosaïques. « À trois, nous sommes plus solides. Les locaux du 13, rue Nobletz à Rennes accueillent désormais Thomas au quotidien. Autour de nous des prestataires et la possibilité de louer du matériel image et son, de monter, mixer, étalonner. Cest évidemment porteur puisque cest un lieu de travail, de passages, de rencontres avec des techniciens, des réalisateurs. Mais notre implantation ici ne nous « marie » pas avec nos voisins. Par exemple, le documentaire de Pauline Burguin a été post-produit à Carhaix. » Brassage de gens, d’idées, mise en commun de matériel, d’espace, du loyer, du bilan comptable, autant de coûts fixes en moins pour s’offrir une plus grande force de frappe et espérer « une structuration rapide et efficace. Nous travaillons régulièrement avec Yann Pichot, chargé de production et accueillons depuis peu un stagiaire de Licence Pro GPAME. La mutualisation devrait nous permettre de pérenniser rapidement une équipe légère autour de nous. »

 

Structuration soutenue par le dynamisme du territoire

 

« Que ce soit du côté de la politique de soutien par les collectivités, des diffuseurs traditionnels et sur le web, des compétences, en écriture et techniques, la région et son écosystème sont hyper favorables et nous devrions profiter de cet élan ! Avec une telle vitalité autour de nous, et les expériences que nous avons engrangées, nous nous sentons prêts pour œuvrer à plusieurs endroits : télévision, cinéma, courts et longs métrages, séries aussi ! » Audacieux et pleins d’élan, les producteurs des « Films de l’Heure Bleue » ne manquent ni d’envie, ni d’énergie, préludes d’une belle aventure !

Elodie Sonnefraud

(1) Le film Starve your dog d’Hicham Lasri, long métrage de fiction (2015) produit par Pan Production et Matrice Media était en sélection à la Berlinade. Thomas Guentch coproduit le prochain film de ce réalisateur.

 

Lien(s) en relation avec ce sujet

 

Les Films de l’Heure Bleue : son site, sa page Facebook
Le film de Pauline Burguin Quatre saisons sera projeté en avant-première, dans le cadre du Festival Couleurs du monde, au Cinéma Le Grand bleu à Carhaix le 2 avril à 17h.