Le Festival de Cinéma de Douarnenez a révélé sa sélection Grand cru Bretagne qui compte cette année 28 films. Regards sur la production 2009/2010 avec Erwan Moalic et Elen Rubin qui coordonnent ce panorama de la création en Bretagne.
118 films inscrits : n’est-ce pas un chiffre plus élevé que l’an dernier ?
L’an dernier, nous avions eu 100 inscriptions. Et cette augmentation s’explique principalement par le fait que nous ayons reçu plus de courts métrages de fiction.
Sur les 28 films programmés, une seule auto-production. Ces dernières années, j’avais cru comprendre que l’auto-production était en hausse. Comment expliquez-vous qu’elle soit si peu représentée dans le Grand cru 2010 ?
Effectivement, nous avons régulièrement reçu des films en auto-production ces dernières années, mais les films auto-produits ont toutes leurs chances d’être sélectionnés… ou pas, comme les autres. Sachant que cette année, sur les 118 inscrits, nous en avions 4.
En documentaire, quelles sont les tendances que vous avez perçues en visionnant la production 2009/2010 ?
Nous avons reçu une palette très large, tant au niveau des thèmes, qu’au niveau des formes. Si, certaines années, nous avions le sentiment d’un formatage trop visible, la production 2009/2010 nous a embarqué vers des histoires bien au-delà des Marches de Bretagne, tout comme pour des approches plus intimes jusqu’au fond du Kreiz Breizh. Avec une forme en adéquation avec un sujet. Nous ne sommes plus confrontés à des tendances que nous avons connues par le passé avec, par exemple, une prédominance du film à thématique maritime. Cette diversité a captivé les six membres du comité de sélection lors de plus de cinq journées de visionnage.
Les professionnels ont coutume de dire depuis deux ans, que le documentaire en Bretagne est plutôt fragilisé ou dans une phase de « décroissance » par rapport à la phase de développement du secteur du milieu des années 90 aux années 2004/2005. Qu’en pensez-vous ? Le constatez-vous dans les films reçus ces dernières années ?
Cette année, nous avons reçu plus de documentaires que l’an passé. N’est-ce pas une année en « trompe-l’oeil » du fait, par exemple, d’un aboutissement ces derniers mois, de films développés sur plusieurs années ?
Nous allons nous répéter, mais le comité de sélection a trouvé suffisamment de films correspondant à ses attentes et nous avons parfois été embarrassés, avec force débat et argumentation, pour arriver à notre sélection finale.
À l’inverse, le court métrage de fiction est dans une période de forte production. Quel regard portez-vous sur cette évolution du genre dans la région ?
Effectivement, nous avons aussi reçu plus de fictions que l’an passé. Même question que pour le documentaire : n’est-ce pas une année en « trompe-l’oeil » ? Cette année, le nombre de candidatures a été enrichi (entre autres) par les films de Paris-Brest Productions qui a produit une collection, et nous sommes dans une année où ont abouti les films du concours Estran.
L’an dernier, le festival réunissait les acteurs de l’audiovisuel en langue bretonne avec comme objectif l’organisation d’une filière. Quel bilan un an après ?
« La filière » a continué à se réunir pour partager sur ses aspects spécifiques, et pour travailler ensemble à des préconisations d’évolution du secteur. C’est « une niche » dans l’audiovisuel en Bretagne qui souffre des mêmes maux que le secteur audiovisuel dans son ensemble, mais qui en plus est méconnu du grand public, et des autres professionnels bretons.
Nous avons programmé une nouvelle journée de travail dans le cadre du festival.
Quel(s) regard(s) portez-vous sur la production en breton 2009/2010 ?
Elle est diverse, tant par le mode de production, les contenus et la diffusion. Une nouvelle maison de production a été créée, de nouvelles initiatives ont vu le jour, à la fois sur internet, sur France 3 Ouest et sur les télé locales. Elles s’adressent à des publics différents.
Les réalisateurs et producteurs constatent que les films du Grand Cru attirent moins votre public que les films du pays invité. Comment serait-il possible de modifier cette tendance ?
Nous ne savons pas. Nous avons également le cas sur les autres sections du festival, malheureusement. Peut-être le sujet du film ? Peut-être le jour ? Peut-être… ? L’an passé, j’ai accompagné le réalisateur Roland Savidan pour la projection de Louis Guilloux dans une salle pleine. Nous n’avons malheureusement pas de recette. Le festival de cinéma de Douarnenez propose plus de 100 films. L’attractivité du thème de l’année jouera toujours, et nombre de festivaliers penseront, à tort, qu’ils auront l’occasion de voir les films de Bretagne plus tard, alors que ceux des autres sections leur semblent peut-être plus difficiles d’accès.
Propos recueillis par JFLC
33′ Gouel ar filmoù – Festival de cinéma de Douarnenez
Dreistdibab Breizh / Grand cru Bretagne 2010
1 film d’animation :
Monstre sacré de Jean-Claude Rozec (10min) / JPL Films
17 documentaires :
À la gauche du père de Nathalie Marcault (1h05) / Moviala Films et Tarmak films
Cameroun : Sortir du Nkuta de Céline Metzger (52 min) / Les films du Balibari
Gant Youenn Vras, de Jean-Charles Huitorel (26 min) / Aligal Production
Klucis, l’homme qui créa l’image du paradis soviétique de Peteris Krilovs (56 min) / Vides Filmu Studija et Vivement lundi !
La Ciotat, un bateau dans la tête de Richard Hamon (52 min) / Tita Production et Vivement Lundi !
Le temps des grâces de Dominique Marchais (2h03) / Capricci Films
Le veilleur de Céline Dréan (49 min) / Vivement lundi ! et Groupe Galactica
Posté à bord de Charles Véron (52 min) / Aligal Production
Première Passion de Philippe Baron (54 min) / Vivement Lundi !, Blink Productions et Lobster Films
Radio Lorraine Coeur d’acier, la parole libérée de Isabelle Cadière (52 min) / Aber Images
Rond-point de Pierre Goetschel (52 min) / Les productions de l’œil sauvage et Candela Productions
The cat, the reverend and the slave de Alain Della Negra et Kaori Kiroshita (1h20) – Capricci Films
Ti Tilly Siri de Sébastien Le Guillou (13 min) / France 3 Ouest
Tro Bac’h e Botcol de Jérémy Véron (26 min) / Plan large Production
Une enfance en absence de Sylvain Bouttet (52 min) / Candela Productions
Ur Skragn en Uhelgoat de Sébastien Le Guillou (13 min) / France 3 Ouest
Vague à l’âme paysanne de Jean-Jacques Rault (54 min) / Mille et Une. Films
10 fictions :
Clichés de Nadine Naous (8 min) / Paris Brest Productions
Dounouia de Olivier Broudeur et Anthony Quéré (20 min) / Mezzanine Films
Enez Eusa de Marthe Sébille (13 min) / Iloz Productions
L’enfant do de Sonia Larue (23 min) / Paris Brest Productions
La carte de Stefan Le Lay (7 min) / Les films du Varech
Le + produit de Gaël Naizet (10 min) / autoproduction
Maso de Rodolphe Tissot (28 min) / La Luna Productions
Mauvaise graine de Bénédicte Pagnot (20 min) / .Mille et Une. Films
Ô jeunesse de Sylvia Guillet (10 min) / Paris Brest Productions
Sortir de Nicolas Leborgne (21 min) / Takami Productions
2 séances spéciales :
Escales à l’île de Sein avec La mer et les jours de Raymond Vogel (1958) proposé par la Cinémathèque de Bretagne et L’île à ma dérive de Jeanne Labrune (1979) proposé par l’INA Atlantique
Séance en langue bretonne, pour découvrir et échanger sur les nouvelles créations de l’année avec :
Brezhoneg bemdez (Lionnel Buannik Krouiñ), Deklik (France 3 Ouest), Istorioù Breizh (France 3 Ouest et Pois Chiche Films), Ken Tuch’ (Lionnel Buannik Krouiñ), Mat pell ‘zo (Kalanna Production), Micherioù (France 3 Ouest), Pennoù pentur (Gwengolo Filmoù), Sagga Brittia (Lionnel Buannik Krouiñ), L’Ouest en mémoire/Breizh O Veva (INA Atlantique).