En ce début d’année 2019, difficile de faire le tour de la galaxie cinématographique bretonne vu le nombre d’étoiles ! À ce jour, ce ne sont pas moins de 19 sélections au sein de festivals nationaux comme internationaux qui ont été annoncées, et nombreuses se transforment en nominations et récompenses.
Bien entendu, il est courant que des films produits ou co-produits en Bretagne intègrent les sélections officielles. Mais la particularité de ces derniers mois réside peut être dans le nombre de sélections et dans les échelles de celles-ci. Cette fois les films sortent des frontières bretonnes pour conquérir les compétitions internationales. Ainsi Jeter l’ancre un seul jour co-écrit par Blandine Jet et Paul Marques Duarte, réalisé par Paul Marques Duarte et produit par Blue Hour Films a traversé la planète pour être présenté au festival de courts métrages de Sydney, le Flickerfest. Après avoir démarré par Off-Court Trouville et le Festival Européen du film court de Brest, le film sera également à Clermont-Ferrand dans la sélection Adami et les breton.ne.s pourront le retrouver le samedi 9 février à 18h00 lors de la trentième édition du festival Travelling.
Ce film entièrement fabriqué en Bretagne et tourné à Saint-Malo confirme la force de la filière régionale. La grande majorité de l’équipe est issue de Bretagne, qu’il s’agisse des créateurs comme des techniciens. Pour le producteur du film, Thomas Guentch, les succès des films soutenus par la Région Bretagne ne sont pas rares. « Chaque année, des films produits en Bretagne sont remarqués et sélectionnés. C’est une nouvelle preuve qu’il y a ici une filière structurée, des auteurs talentueux, des techniciens compétents, des producteurs créatifs et qui prennent des risques. Ces succès montrent que l’accompagnement par la Région porte ses fruits. » Le producteur insiste également sur la dimension collective de ce succès. « La force du territoire réside dans sa diversité. On voit qu’il y a des talents en animation comme en fiction, en court métrage comme en long métrage. Certains films sont entièrement issus du territoire, d’autres sont co-produits avec d’autres pays. Cette pluralité est une force et il est important de continuer à accompagner cette dynamique. Par ailleurs, les coproductions internationales sont de formidables opportunités qui permettent aux œuvres de rayonner. En accompagnant ces projets, la Région lance un signal très positif qui est un atout majeur pour le développement de la filière sur notre territoire. Ces films sont de formidables ambassadeurs. »
Parmi ces succès rayonnants, on retrouve, par exemple : Le Quatuor à cornes, coproduction franco-belge initiée par la société Vivement Lundi !, finaliste du Prix Lux Louis-Delluc du Meilleur film français pour enfants, les courts métrages d’animation : Ce magnifique gâteau ! réalisé par Emma de Swaef et Marc James Roels et Entre sombras de Alice Eça Guimarães et Mónica Santos (coproductions Vivement Lundi !) ou le long métrage 3 jours à Quiberon de Emily Atef (coproduction Tita Productions), qui voyageront respectivement aux Emile Awards, aux César, ou encore au European Film Awards.
Cette démarche d’ouverture, le producteur Gilles Padovani, fondateur de .Mille et Une. Films, la défend depuis plusieurs années. S’il trouve que la Région a toujours été un partenaire à l’écoute, il est ravi de voir qu’aujourd’hui elle passe à la vitesse supérieure et envisage d’élargir encore ses soutiens et leurs champs d’application. « Produire des films quand on est installé en région n’est pas simple. Paris regroupe 80% de l’audiovisuel en France. La coproduction internationale permet de construire des partenariats forts. Cela assigne une vraie place aux productions régionales. C’est d’ailleurs une démarche que le cinéma d’animation suit depuis très longtemps. Cela créé une vraie émulation sur le territoire et permet aux producteurs de développer de nouvelles compétences. Aujourd’hui, on peut constater des retombées, par exemple avec le Groupe Ouest. Un grand nombre d’auteurs en région peuvent aujourd’hui se dire ‘pourquoi pas moi ?’, c’est un écosystème complet qui se met en place. »
Et cette volonté d’ouverture porte ces fruits comme on peut le constater avec le dernier long-métrage Bitter Flowers réalisé par Olivier Meys et produit par .Mille et Une. Films. Cette coproduction française, belge et suisse a été sélectionnée dans pas moins de 5 festivals et vient de remporter le Prix du meilleur premier film aux Magritte.
Pour financer un long métrage de fiction comme d’animation, l’engagement financier des productions est tel que les films ne pourraient exister sans ces partenariats trans-frontaliers. « Pour JPL Films, la coproduction internationale ne s’inscrit pas dans une stratégie de développement, c’est un outil indispensable au financement de projets exigeants qui sans ça ne pourraient pas voir le jour », explique Jean-François Bigot, producteur délégué de JPL Films. « Pouvoir réunir le budget nécessaire qui permet de mettre en œuvre le film imaginé, c’est très encourageant » insiste Camille Raulo, productrice déléguée dans la même maison. Il est aussi important de noter que le processus de coproduction ne se limite pas à la dimension pécuniaire d’un projet. « La coproduction n’est pas toujours financière, elle peut être entièrement artistique car nous sommes reconnus pour notre savoir-faire en stop motion. Notre société existe depuis 25 ans. Au fil du temps, les professionnels avec qui nous travaillons ont pu développer leur art. Un savoir-faire exigeant et reconnu existe sur le territoire. Avec Raymonde ou l’évasion verticale réalisé par Sarah Van den Boom, c’est plus de 60 sélections, dont 9 Prix internationaux pour une oeuvre de moins de six mois », détaille Jean-François Bigot et d’ajouter : « Il ne faut pas oublier que lorsque la Région soutient un projet de film, nous avons pour obligation d’embaucher localement. Cette condition est structurante pour la filière. En étant deux sociétés de productions avec des lignes directrices bien distinctes sur le territoire, nous sommes responsables de l’écosystème de l’animation en Bretagne. C’est une grande responsabilité et il faut pouvoir donner du travail à tout le monde. »
Clara-Luce Pueyo
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