La société de production Les Films de Rita et Marcel s’est créée à Brest en 2015. La diffusion de sa série « On K’Air », vendredi 16 à Brest puis sur les chaines locales de Bretagne, est l’occasion de découvrir cette jeune structure et son créateur, Jules Raillard.
Les Films de Rita et Marcel, c’est avant tout une histoire personnelle, celle de Jules Raillard. Cette jeune société de production bretonne et brestoise est née il y a trois ans d’une envie de faire. Assistant réalisateur et régisseur sur des courts, longs métrages et publicités pendant douze ans entre Paris et la Bretagne, Jules Raillard a petit à petit eu envie d’être plus près des films. « Plus on grimpe dans la préparation des films en amont, plus on a envie d’intervenir encore plus tôt dans la chaine ». En parallèle, il écrit depuis toujours, des scénarios, des histoires, et il est parfois passé à la réalisation de quelques « objets ». C’est bien cette évolution naturelle de sa pratique professionnelle qui lui a donné l’élan de monter une structure de production. Il fait aussi état d’une certaine frustration à participer aux tournages les uns après les autres, telle une machine répétitive et sans recul. Une réflexion qui s’alimente au fil des ans, « j’avais l’impression de tourner en rond au sein d’une pratique professionnelle et d’un secteur qui se répète ».
La création des Films de Rita et Marcel, en référence à ses enfants, était aussi un acte cohérent avec ses choix de vie, la venue à Brest en famille notamment et le souhait de s’éloigner des tournages parisiens.
La création de la société a permis à Jules Raillard de produire son court métrage Putain, un film qu’il voit davantage comme un travail technique, un outil. Mais « un travail trop solitaire » qui lui a révélé l’évident besoin de création collective.
En 2016, des films institutionnels ont rapidement laissé la place à la coproduction du court métrage J’aime Eva Marsh avec Origine Films et son producteur Olivier Berlemont rencontré par l’intermédiaire de ses collègues brestois Les 48° Rugissants. Jules Raillard tient le rôle de producteur exécutif de cet ambitieux court métrage de genre, très codé, au casting composé de très jeunes comédiens et usant d’effets spéciaux aboutis. Il apprend beaucoup à cette occasion et apprécie les conditions du coproducteur : « je n’avais pas le poids financier du projet mais les moyens pour accompagner la réalisation et les challenges techniques à résoudre, et j’étais présent sur l’ensemble de la fabrication ». Achevé en 2017, le film connaît depuis un joli parcours en festivals avec une trentaine de sélections et de belles distinctions (1). Un second projet en coproduction avec Origine Films est d’ailleurs en cours : Tout se mérite de Pierre Amstutz-Roch.
2017, c’est aussi l’aboutissement de la production de la série On K’Air. En gestation depuis plusieurs année, On K’Air a d’abord été écrite dans un format long métrage par Jules et Gilles François, directeur de production aujourd’hui basé à Lyon et avec qui il a auparavant écrit Putain . Développée ensuite avec une société de production parisienne dans une version plus courte, la forme qui ne prenait pas. Ils se sont alors essayé au format « pastilles », en autoproduction, il y a plus de cinq ans déjà. C’est leur diffusion sur la plateforme KuB en 2016 qui a redonné de l’énergie au projet. Ces huit épisodes sont devenus des pilotes et Jules Raillard a repris l’écriture avec Cédric Dosne, coordinateur d’écriture pour la télévision (notamment En famille, sur M6) et dont il développe le prochain court métrage : Les yeux ouverts.
La version 2017 de On K’Air, série de vingt épisodes de 3’30 environ, raconte les aventures énergiques de deux animateurs d’une radio locale. Tournée à Brest dans les locaux de Radio U, elle a vu le jour soutenue par KuB, les télévisions locales de Bretagne et la Région. Jules Raillard revendique la série low-cost et l’humour efficace et souhaite que « l’amusement de la fabrication se voit à l’écran ». Avec une diffusion dès la fin février, On K’Air vient s’insérer dans la dynamique d’émergence de séries de fiction écrites et produites en région.
Si Les Films de Rita et Marcel n’a pas de ligne éditoriale franche, Jules Raillard fait le choix d’aller régulièrement vers la comédie, aussi « par peur de m’ennuyer ». Mais si c’est un genre en apparence plus simple en fabrication, il est plus difficile à défendre en phase de développement et notamment auprès des commissions. Aujourd’hui il souhaite aller vers d’autres types de projets et élargir le champ des styles, ne pas s’enfermer dans ce genre.
Être producteur lui a permis de concrétiser son besoin d’accompagner la création, de porter les projets dès l’écriture. Dans l’idée de mettre en place un collectif, des univers, de mettre des auteurs en réseau et d’y développer des projets, « comme un espace de respiration, une famille créative ». La cohérence de la structure va au-delà des projets et passe par des personnes, il veut avant tout produire des « gens qu’il aime bien ».
Jules Raillard a trouvé facilement une place dans le paysage audiovisuel breton : au sein du collectif des producteurs et de Films en Bretagne. Une place qu’il occupe avec plaisir dans un univers dont il apprécie et loue avec sincérité la bienveillance. Chacun est conscient que la réussite de l’un d’entre eux sert globalement une filière. Ce réseau, il le vit aussi au quotidien en partageant des bureaux avec les 48° Rugissants. Un quotidien d’échanges et de partages de pratiques, chers à son avancée professionnelle. Il se dit d’ailleurs qu’un jour ils passeront peut-être le cap d’une coproduction ensemble.
L’envie future d’un collaborateur est également là. Si au début, il craignait d’être seul par peur de ne pas savoir faire, il y a finalement pris beaucoup de plaisir. Aujourd’hui, il revient doucement sur cette idée, maintenant qu’une méthode claire de travail est établie, une pratique posée, il aimerait accueillir un-e collaborateur-trice (« et pourquoi pas trois, quatre, cinq ! ») sur la même longueur d’ondes : « humain-e, pragmatique, qui connaît le travail » et qui viendrait alimenter cet espace de collaboration et de stimulation.
2018 réserve plusieurs projets en développement : la saison 2 de On K’Air, une nouvelle série Sandrine écrite par Pauline Göasmat et Gabrielle Pichon, des courts métrages – ceux de Cédric Dosne, d’Edgar Imbault et de Constance Lefevre, de Pierre Amstutz-Roch -, et un documentaire de Mikaël Riou, L’autre de 48. De quoi trouver de l’énergie et en transmettre…
Véronique Langlois
(1) J’aime Eva Marsh de Rémy Rondeau a reçu le Prix du Public au Festival du film de l’Ouest et au Slash film festival Vienna (Autriche) ; le Prix du Meilleur court-métrage au Sustefest (Mexique), au Terror de Cordoba (Argentine), au HorrorFest (Afrique du Sud) ; la Mention spéciale du Jury au Short of the year (Espagne) ; et le Prix de la Meilleure Actrice pour Élyne Craipeau au Maniatic Film Festival (Espagne).
Le site des Films de Rita et Marcel et sa page Facebook.
La série On K’Air sera projetée en avant-première au cinéma Les Studios à Brest le 16 février à 18h30. Elle sera également diffusée du lundi 26 février au dimanche 4 Mars sur Tébéo : 19h30 et 20h30 et sur TVR à 20h45. D’autres diffusion sur TébéSud et KuB sont à venir.