L’animation : une longue et belle histoire, une filière d’excellence !

L'animation Rennaise vue par…

Tout a changé. Le numérique, les usages des spectateurs, le développement de la filière, l’arrivée des plateformes, les enjeux climatiques, l’instauration nécessaire de la parité, la formation… Un véritable monde est en mutation au cœur du cinéma d’animation ces dernières années. Dans ce contexte, il est intéressant d’observer ce que l’on appelle depuis un certain temps déjà, l’animation rennaise, et de se questionner sur les raisons qui font que, durant 30 ans, la flamme soit restée insolemment intacte… Ou comment l’animation rennaise s’est construit un avenir.

Comment expliquer que les acteurs historiques qui l’ont vu naître et qui ont conduit son développement soient encore animés de la même ferveur ? Comment peuvent-ils aborder les perspectives avec un appétit et un goût pour les aventures artistiques et humaines aussi vif ? Comme souvent, la réponse est multi vectorielle.

À l’origine, derrière un engouement et un désir fort d’images, les enjeux majeurs concernaient la formation, l’apprentissage. Le fait que le développement initial de l’animation en territoire breton reposait sur le fait d’apprendre, de comprendre et de maîtriser cet art particulier est aujourd’hui encore fortement présent et explique le soin apporté au renforcement de la filière (formation Start Motion en 2018). Ici, apprendre et transmettre des savoirs ne relève pas d’une tendance, mais d’un besoin humain assez fondamental pour s’enraciner durablement. Fait d’autant plus notable qu’il s’exprime sur un territoire où la densité des écoles d’animation reste faible.
Un autre facteur à considérer est le fait que les acteurs de la filière ont eu très tôt l’intuition d’une notion forte du territoire. Forte car elle a tout de suite été multiple, en croisant des dynamiques régionales et européennes. Forte car elle s’est gardée d’une vision strictement économique, en lui incluant sans complexes une dimension culturelle affirmée. Aujourd’hui, l’animation rennaise est présente sur l’ensemble des typologies et formats de productions.

Elle démontre ainsi qu’elle a su développer de façon égale sa capacité de production et son potentiel créatif. Et cela constitue une caractéristique résolument exemplaire à l’échelle nationale et européenne. Enfin, cette histoire de l’animation rennaise inspire une pensée restée intacte et qui fût celle que l’on pouvait avoir lors de la découverte des premières productions présentées il y a 30 ans. En voyant ces premiers films, on était saisi d’admiration (mise en scène, animation, lumière, musique…) et parcouru d’un sentiment d’impatience, d’une excitation pour ce qui allait immanquablement être accompli.

Denis Walgenwitz

Denis Walgenwitz est réalisateur, producteur et observateur avisé du secteur de l’animation qui a notamment participé au déploiement de la résidence animation de Ciclic, ancien président de l’Association Française du Cinéma d’Animation (AFCA) et actuellement délégué à l’animation à la Société des Réalisateurs de Films…

LA BRETAGNE, UN TERRITOIRE BIEN ANIMÉ !

 

L’animation bretonne continue d’avancer… Parce qu’elle repose sur un écosystème fort de ces projets et de ses talents créatifs, de compétences et de savoir-faire qui s’entretiennent et se renouvellent, du soutien confiant des institutions locales, de fondations solides et toujours en mouvement, d’une montée en puissance de l’activité.

Comme nous avons déjà eu l’occasion de l’évoquer en 2021 et 2022, – mais il ne faut pas bouder son plaisir quant à célébrer les réussites – l’animation bretonne connait une fois de plus une situation sans précédent… Le secteur avance et se structure depuis près de 25 ans en Bretagne, au gré des productions et des succès réguliers qui le portent.

Parmi les productions les plus récentes, comment ne pas signaler le succès en festivals et en salles de Interdit aux chiens et aux Italiens d’Alain Ughetto, celui de Yuku et la fleur de l’Himalaya de Rémi Durin et Arnaud Demuynck, les parcours remarqués de Nayola de José Miguel Ribeiro, de Noir Soleil de Marie Larrivé, Bear Hug de Margrethe Danielsen, Yugo Carlos Gomez Salamanca ou des Liaisons foireuses de Violette Delvoye et Chloé Alliez, la multitude de prix qui ont récompensé Un cœur d’or de Simon Fillot ou de Maalbeek d’Ismaël Joffroy Chandoutis en France et ailleurs, le grand chelem de Flee de Jonas Poher Rasmussen dans les plus grands rendez-vous internationaux (3 nominations aux Oscar tout de même !), la belle percée du Quatuor à cornes, et le défi relevé de la série Idéfix pour France Télévisions.

Autant de « faits d’armes », si on peut dire, qui ont réuni autant de collaborations artistiques et techniques fertiles, que de partenaires engagés, autant d’étapes franchies que de récompenses qui ont jalonné la structuration de cette filière d’excellence en Bretagne, portée communément par des sociétés de production qui rayonnent largement dans le paysage international, des studios aux savoir-faire et talents dont la réputation n’est plus à faire, des talents créatifs et techniques qui, du court au long, en passant par la série, font valoir une excellence bretonne dans tous les champs de l’animation (2D, 3D et Stop Motion).

Ce cheminement a pu s’appuyer sur la refonte, en 2019/2020, de la politique « audiovisuel et cinéma » de la Région Bretagne, qui a repositionné son fonds de soutien sur l’échiquier national, attractif pour des projets d’envergure souhaitant ancrer tout ou partie de leur fabrication sur le territoire : coproductions, recours aux studios, talents et savoir-faire locaux, prestataires… Ce cap a été décisif pour les producteurs du territoire dans le cadre du développement et de l’entrée en production de projet de plus en plus ambitieux, qu’il s’agisse de spéciaux 26 minutes, de séries jeunesse pour la télévision ou de longs métrages pour le cinéma. Les studios tournent à plein régime, les coproductions se renforcent, plusieurs projets très attendus sont actuellement en fabrication, en préparation ou en développement… Claude Barras, Irène Iborra, Jean-François Laguionie, Mathilde Parquet, Sophie Rose, Jean-Claude Rozec ou encore Sarah Van Den Boom sont actuellement au travail en Bretagne, ou en lien avec les forces vives du territoire.

Un positionnement nouveau de Rennes Métropole, en 2021/2022, en faveur du secteur audiovisuel et cinématographique, et la mise en place d’un nouveau dispositif de soutien à la filière au titre de son plan de rebond, est venu compléter cet accompagnement financier. Le dispositif Tempo’(dans le cadre d’une convention d’objectifs et de moyens avec la chaîne TVR) aura notamment permis de lancer en production les films Slocum de Jean-François Laguionie (JPL Films) et Of Unwanted things and people co-écrit par Blandine Jet et co-réalisé par Jean-Claude Rozec (Vivement Lundi !).

À cette attractivité financière, s’ajoute ce que la Bretagne s’est donné les moyens de développer au fil du temps : la structuration de son écosystème, les compétences pleinement identifiées, la confiance de ses partenaires et des équipées qui renouvellent leurs envies de travailler ensemble.

Aura sans doute été un germe de cette confiance, une position d’excellence du Stop Motion rennais eu égard à un écosystème riche et diversifié, et qui travaille actuellement aux enjeux du nouvel essor du Stop Motion via ses associations professionnelles (Films en Bretagne et le Collectif Happy Hands), ses partenaires institutionnels et professionnels. Outre les enjeux de formation et de réseaux, un chantier en faveur de la transition écologique et d’usages nouveaux dans le secteur du Stop Motion est actuellement au cœur des préoccupation des professionnels (voir infra).

Le Festival National du Film d’Animation qu’il a été si bon de retrouver sur les écrans des salles obscures à Rennes en avril dernier, avec la première édition d’un nouveau rendez-vous du Stop Motion dans l’agenda des professionnels, nous a également rappelé l’atout que représente un tel ancrage. Le festival, l’action de l’AFCA tout au long de l’année, les réseaux professionnels qui gravitent et se croisent sur le sol rennais animent et nourrissent la communauté professionnelle bretonne. Parce qu’un festival demeure un espace de visibilité, d’émulation et de concertation !


L'opération Annecy : un rendez-vous annuel au MIFA

 

Depuis 2012, grâce aux soutiens conjugués de Rennes Métropole et de la Région Bretagne, Films en Bretagne coordonne annuellement l’Opération Annecy au MIFA…

Chaque année, une délégation, composée de femmes et d’hommes qui portent ensemble une vision d’excellence de l’animation en Bretagne, donne rendez-vous à l’ensemble de la communauté professionnelle internationale de l’animation au MIFA. Un espace de présentation dédié à l’animation bretonne est aménagé au sein du MIFA pour mettre en visibilité la vitalité et la richesse de la création régionale, ses talents, ses films à venir… mais également recevoir en toute convivialité de futurs collaborateurs de création, de futurs partenaires, de futurs projets.

Rennes Métropole et la Région Bretagne sont également présentes aux côtés de la délégation et de l’équipe de Films en Bretagne pour recevoir les professionnels du monde entier.

Films en Bretagne édite également chaque année un annuaire de la production et des ressources régionales spécifiquement centré sur l’animation : films récents, sociétés de production, studios, prestataires, écoles et organismes de formation, dispositifs de soutien financiers, festivals… Pour tout savoir sur l’animation et son écosystème en Bretagne !

Retrouvez l’essentiel de l’Opération Annecy 2023 – ICI 

 


Génération(s) Start Motion : un projet d'avenir

 

Dans le cadre de l’appel à projets « France 2030 : La Grande Fabrique de l’Image », en partenariat avec l’École Européenne des Beaux-Arts de Bretagne (EESAB) et l’Association Française du Cinéma d’Animation, Films en Bretagne a développé le projet Génération(s) Start Motion.
L’équation est la suivante : il s’agit de constituer un Hub International du Stop Motion, appuyé sur le développement local en Bretagne, qui doit affirmer un leadership français dans une démarche d’ouverture européenne.

En partenariat formation-industrie avec deux des sociétés de production et deux des studios français les plus conséquents du secteur de l’animation Stop Motion en Europe, en partenariat pédagogique rapproché avec L’École Européenne Supérieure d’Arts de Bretagne (EESAB), en partenariat culturel et évènementiel avec l’Association Française du Cinéma d’Animation (AFCA), en partenariat R&D avec le laboratoire Compositic (laboratoire de recherche appliquée rattaché au CNRS et hébergé par l’Université Bretagne Sud), Génération(s) Start Motion est un projet ambitieux visant à renforcer et à significativement renouveler les ressources humaines de l’animation Stop Motion en France, accompagnant entre autre une adoption transversale et transformative des nouvelles technologies.

Préside à cette entreprise de faire de Génération(s) Start Motion un pool public de formation et d’accompagnement de la filière animation – nous nous attachons à réunir les conditions d’accessibilité, de diversité et d’égalité des chances concernant la formation, autant qu’à la diffusion d’un service public d’éducation artistique et culturelle (EAC), avec les partenaires compétents de tous les territoires de Bretagne, mais également des pays qui font partie de ce projet.

Ce projet d’envergure européenne, s’articule autour de quatre volets :

    • un plan pluriannuel de formation : formation initiale généraliste d’une jeune génération de talents du Stop Motion, formation continue de spécialisation des jeunes talents, formation des professionnels aguerris en hyperspécialisation (nouvelles techniques, innovation), en accompagnement vers des fonctions « cadres » et des « mobilités de métiers » ;
    • une résidence artistique de développement : résidence rennaise de développement de projet en lien avec les productions, mais également les acteurs de l’éducation aux images – articulation notamment avec le Festival d’Animation de Rennes ;
    • un projet de recherche innovant au travers du « Green Puppet Lab » : recherche matière dans un double objectif d’éco-transition et de santé au travail pour les professionnels du Stop Motion – en partenariat avec l’EESAB et le laboratoire de recherche appliqué Compositic (Lorient) émanant du CNRS et hébergé par l’Université de Bretagne Sud ;
    • un observatoire appliqué du Stop Motion pan européen : collecte de données quantitatives et qualitatives, promotion de l’excellence française du Stop Motion à l’international, mise en réseau intergénérationnelle des professionnels du Stop Motion européen, communication dynamique du projet Génération(s) Start Motion (promotion, évaluation, expérimentation).

Dans la continuité d’une expérimentation conduite à périmètre régional grâce à l’EESAB de Lorient et à la Région Bretagne (2018/2019), Génération(s) Start Motion propose ainsi de stimuler et d’accompagner une transition majeure du secteur du Stop Motion en France et en Europe de l’ère du cinéma et de l’audiovisuel du 20ème siècle à celle du 21ème siècle. Il s’agit de faire cheminer un secteur d’excellence artisanale vers sa mutation industrielle, dans un environnement intégrant nouveaux récits et nouveaux formats, nouvelles technologies et hybridations, dans un environnement intégrant pleinement les enjeux de transition (écoresponsabilité, santé des personnes, innovation/recherche).

GENERATION(S) START MOTION vient de recevoir la confirmation du soutien de l’état au titre du dispositif « France 2030 : La Grande Fabrique de l’Image ».

LES PARTENAIRES DU PROJET

Films en Bretagne
pour les volets formation continue, recherche, observatoire et résidences

L’Ecole Européenne Supérieure d’Arts de Bretagne (EESAB)
pour les volets formation initiale, formation continue et recherche

L’AFCA (Association Française du Cinéma d’Animation)
pour les volets résidence et observatoire

PANORAMA DE L'ANIMATION BRETONNE

Ce document bilingue (FR/EN) illustré présente un panorama des compétences et périmètres d’action distincts de l’animation en région Bretagne.

  • La création et production : établissements de production et leurs productions de l’année et/ou un focus sur leur production récente
  • Les ressources industrie et savoir faire : studios, technicien·nes, prestataires, industries techniques de l’animation et de la postproduction
  • Les parcours de formation : cursus de formation initiale ou continue 
  • Les partenaires institutionnels et/supports :  structures institutionnelles et/ou festival 

Animation en Bretagne – Lire sur Calaméo

Pour aller plus loin…

Les articles dédié à l’animation rédigé par Films en Bretagne
L’annuaire des professionnel·les
de l’animation en Bretagne édité par Films en Bretagne
L’étude Panorama de l’animation volume (2017) réalisée par le Collectif National des Techniciens et Réalisateurs du Volume Animé visant à faire l’état des lieux de ses métiers en France.
Découvrez l’AGrAF, Les Auteurs Groupés de l’Animation Française qui œuvre depuis 2003 au développement des conditions de travail, de formation et de rémunération des auteurs de l’animation, notamment.