BREF sur la crête des Nouvelles Vagues bretonnes


Dans son prochain numéro, Bref fait la part belle au cinéma breton. La rédaction du magazine a travaillé en partenariat avec Cécile Eveno, en charge du court métrage à la Région Bretagne. L’enjeu : dresser un état des lieux des dispositifs d’aides territoriales et présenter une sélection de sept courts métrages bretons, véritable vitrine de la production locale. Christophe Chauville, membre de la rédaction, nous explique ce choix, et soutient le combat des professionnels pour le maintien des fonds d’aides. 

– Quelles sont les spécificités de la Bretagne dans le domaine du court métrage ?

Christophe Chauville : Le court métrage correspond à l’émergence du cinéma français tel qu’il est aujourd’hui. Nous avons eu l’occasion de le rappeler à la Journée professionnelle du Jour le plus court qui a eu lieu à l’Assemblée Nationale le 19 décembre dernier. C’est un vivier inépuisable qui demeure le laboratoire du cinéma.

La région Bretagne possède une véritable caractéristique dans ce paysage. Elle a su imposer un choix audacieux, qui n’est pas évident. Celui du cinéma d’auteur. Jusqu’à présent, l’engagement des élus a permis de faire émerger cette spécificité. Avec les régions Centre, Nord-Pas-de-Calais et Aquitaine, la Bretagne arrive à maturité sur ce plan en se concentrant sur la personnalité d’auteurs et leurs univers originaux, et en se coupant d’enjeux strictement économiques. L’implantation ancienne d’un tissu professionnel fort contribue également à cet engagement. Installé dans une philosophie de soutien aux jeunes auteurs, la Bretagne – et ses différents échelons territoriaux finançant le cinéma – tiennent le cap de ce cinéma d’auteur avec succès, et ce, même s’il n’a pas le vent en poupe. Beaucoup de jeunes cinéastes ont été soutenus ces dernières années et leurs films sont remarqués, notamment par la critique. Dans la sélection du DVD Nouvelles vagues bretonnes, on peut voir des personnalités très diverses. Des risques sont pris et les films sont réussis. La confiance allouée aux réalisateurs confirme le succès de ce raisonnement.

– Par exemple ?

Le choix de soutenir un film d’animation tel que Tempête sur anorak n’est pas évident. Il s’agit d’une animation pour adulte, très référencée, un peu trash, à l’esthétique singulière. C’était un véritable pari. Aujourd’hui, le film a été sélectionné dans une quarantaine de festivals à travers le monde et a déjà reçu six récompenses.

Il existe aussi des producteurs qui font preuve d’une grande audace formelle et qui peuvent accompagner les auteurs dans la durée. C’est un véritable atout pour défendre un univers singulier. Les liens se croisent et se complètent pour créer un ensemble qu’il faut voir perdurer.

– Et vous avez voulu le faire savoir dans un contexte de reflux budgétaire ?

Oui, c’est justement ce qui nous amène à faire ce dossier consacré aux problématiques territoriales. Il était tout naturel de dédier un numéro à l’une des régions les plus actives dans l’approche du cinéma et du court métrage en particulier. Un sommet est atteint au niveau des aides des collectivités. Aujourd’hui, nous allons entrer dans une période de reflux. Nous soutenons les professionnels dans leur combat du maintien de ces fonds. La culture est prise dans un engrenage de coupes budgétaires à tous les niveaux. Et dans l’économie du court métrage, le moindre soutien qui disparaît est dommageable. Cela peut avoir une répercussion directe sur l’existence du film. Les collectivités locales sont donc bien plus qu’un simple partenaire. Un projet soutenu par celles-ci se voit doté d’une crédibilité déterminante. Ce soutien peut déclencher des pré-achats de la part des chaînes de télévision et des financements au niveau national. Le fonctionnement tel qu’il existe en région Bretagne au niveau audiovisuel a fait ses preuves. C’est un apport inestimable, unique. Plus largement, le modèle du CNC associé aux collectivités locales et aux chaînes de télévision est un fonctionnement idéal pour le court métrage et qui reste très envié à l’étranger. Cela fait partie d’un combat politique pour que la culture, le cinéma et le court métrage en particulier continuent d’être soutenus.

– Vous pensez à la menace de suppression du fonds d’aide du Conseil général du Finistère ?

La position du Conseil général du Finistère reste floue pour le moment. Ce qui est certain, c’est le fort attachement des réalisateurs à leur territoire. C’est une véritable source d’inspiration, de création. Sur les sept courts métrages de ce nouveau numéro de la Petite collection, trois ont été soutenus par le Conseil général du Finistère, avec un vrai choix éditorial et des prises de risque. La lumière du Finistère et ses paysages en font une terre cinématographique par excellence. Ce patrimoine reste à explorer.

Propos recueillis par Clara-Luce Pueyo

Le dossier Nouvelles vagues bretonnes sera présenté au Festival International du court métrage de Clermont-Ferrand. Christophe Chauville sera également présent au Festival Travelling à Rennes pour le programme Court A l’ouest où trois films de la sélection du 38è DVD de la Petite collection seront diffusés. Le DVD quant à lui sera disponible à partir du 30 janvier.

 Edité par l’Agence du court métrage – association pour la promotion et la diffusion des films de courts métrages -, Bref existe depuis plus de 25 ans avec pour mission de créer un lien entre ceux qui fabriquent les courts métrages, ceux qui les diffusent et ceux qui les regardent. Lancée en 2007, la Petite collection vient compléter et enrichir le contenu de la revue Bref qui propose à chaque parution un DVD rassemblant quelques-uns des films évoqués dans les pages du magazine. Édités par Chalet Pointu, ces DVD sont offerts aux abonnés, mais sont également disponibles à la vente sur le site www.chaletfilms.com.

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