Start Motion / Diplôme National d’Art : une nouvelle génération de talents en Bretagne ?


Depuis 2021, l’École Européenne supérieur d’Art de Bretagne – site de Lorient (l’EESAB), propose un Diplôme National d’Art (DNA) option Art, mention animation volume. Cette formation, validée par un diplôme national conférant le grade de licence, s’adresse à toute personne désirant pratiquer les techniques de l’animation-volume. 

En septembre 2024, le DNA prend une nouvelle envergure grâce au projet « Génération(s) Start Motion » qui a obtenu un financement de « France 2030, la grande fabrique de l’image » porté par Films en Bretagne en partenariat avec l’EESAB et l’AFCA, permettant ainsi de le déployer.

Ce DNA s’inscrit dans une longue histoire (plus de 20 ans !) entre cette technique du stop motion et la Bretagne. Nombre d’auteurs et d’autrices, de technicien·nes de renommée nationale et internationale vivent et travaillent sur notre territoire. Par ailleurs, les sociétés rennaises JPL Films et Vivement lundi ! et leurs studios, font partie des acteurs incontournables de Stop Motion en Europe.

La suite était donc logique que de créer un diplôme visant à transmettre un savoir-faire qui s’est élaboré ici et à accompagner l’émergence d’une nouvelle génération de créateurs et créatrices. 

Quelques mois après la rentrée, nous sommes allés à la rencontre de Guy et Nathalie Prévost, référent·es du DNA, qui font partie de cette histoire…


1) Pouvez-vous nous raconter vos parcours et nous expliquer votre lien avec l’animation en volume ? 

Guy : J’ai fait mes études supérieures à l’Ecole des Beaux-Arts de Rennes. Deux années au dessus de ma promotion, Emmanuelle Gorgiard* et Jean-Marc Ogier* étaient étudiants, avec qui j’ai vite sympathisé. L’année suivante, Bruno Collet* et Laurent Gorgiard* s’y sont inscrits. Quelques années d’études ensemble ont permis de créer des liens forts en élaborant des projets collectifs. Assez rapidement, Laurent s’est consacré à un premier film d’animation (Manège infernal – épisode pilote) qu’il tournait dans une chambre de son appartement, et certains soirs ou week-ends nous pouvions assister à la fabrication ou au tournage. Plus tard, en 2006, Bruno m’a demandé de réaliser des images-clés pour Le Jour de Gloire… ainsi que des séries de peintures de ciels qui ont été scannés et ajoutés au montage. C’était très nouveau et surprenant pour moi, et j’ai adoré participer à ce film.

Nathalie : Quand je suis rentrée à mon tour aux Beaux-Arts de Rennes, Jean-Marc Ogier, Emmanuelle et Laurent Gorgiard, Bruno Collet et Guy étaient dans les années supérieures. Il arrive en école d’art que les promotions soient très soudées entre elles et développent une complicité liée aux centres d’intérêts et pratiques développées, on y construit alors une famille ; ce fut notre cas à Rennes. J’ai passé un diplôme en peinture mais je m’intéressais aussi au costume et j’avais une pratique de la couture ; aussi Laurent m’a demandé de réaliser le costume du personnage principal pour son premier court-métrage Manège infernal. Plus tard, après ma formation en costume de scène c’est Bruno qui m’a appelé pour la réalisation de costumes en 2002 et 2003 chez Vivement lundi ! . En 2002 j’ai aussi réalisé plusieurs costumes pour Ponpon de Fabien Drouet* et Benjamin Bottela* chez JPL films.

*Emmanuelle Gorgiard est décoratrice et réalisatrice (Le Cid, Dorothy la Vagabonde) ;

*Jean-Marc Ogier est chef décorateur d’une trentaine de films (des films de Marc James Roels et Emma de Swaef, Sarah Van Den Boom…) ;

*Bruno Collet est réalisateur (Le Petit Dragon, Mémorable…) ;

*Laurent Gorgiard était réalisateur (L’Homme aux bras ballants) ;

*Fabien Drouet est réalisateur et directeur de la photographie (Interdit aux chiens et aux Italiens) ;

*Benjamin Bottela est réalisateur (Quatuor à Cornes).

 

2) Racontez-nous la genèse du DNA option art mention animation en volume…comment cela s’est-il passé et pourquoi ce DNA a pris place à l’EESAB de Lorient ? 

Guy et Nathalie : Le DNA-Art mention Animation-Volume s’est monté à l’EESAB-Lorient en 2021 car il y avait depuis longtemps un véritable engouement des étudiants pour cette forme de récit filmique. En effet, depuis 2005, nous faisions venir chaque année à l’école pendant une ou deux semaines pour des workshops spécifiques des intervenants en film d’animation (auteurs et réalisateurs, techniciens, story-boarders, scénaristes …). Cet engagement continuel a laissé des traces, et en 2019 la formation continue Start Motion s’est logiquement déroulée à l’école d’Art de Lorient. Ensuite, les moyens étant réunis (plateaux de tournage, outils, et budget), nous avons décidé d’organiser une première année d’études menant à un DNA mention Animation-Volume pour 5 étudiants de l’option Art. Nous en sommes à la quatrième promotion qui comprend 8 inscrits, et ce cursus maintenant bien établi se déroule bien.

 

3) Pouvez-vous nous décrire votre conception pédagogique du DNA et les perspectives que vous avez ? Quels sont les différents profils des étudiant·es qui suivent le cursus ? 

Guy et Nathalie : Notre leitmotiv est de réunir pour une année d’étude quelques étudiants motivés qui vont pouvoir réaliser leur propre film d’une durée courte et en stop motion. Nous attendons d’eux qu’ils soient auteurs du récit qu’ils mettent en œuvre. En cela ils reçoivent un enseignement un peu particulier qui reste très ouvert sur l’Art, dispensé par des enseignants sensibles à la question du récit, orienté vers les différentes formes de film d’animation, vers la marionnette. Leurs cours et recherches croisent d’autres médiums comme la vidéo, le dessin et la peinture, le volume et la sculpture… Nous sollicitons chaque année plusieurs intervenants pour les accompagner (en animation, conception de marionnette, modelage et moulage, régie et décor). Nous imaginons que ce DNA va pouvoir se poursuivre tant que les moyens nécessaires à le faire fonctionner existeront, et tant que des jeunes plasticiens manifesteront leur intérêt pour ce cursus spécifique.

Les profils des étudiants de la mention sont très variés, mais si au début nous sélectionnions des candidats venus d’autres écoles (publiques ou privées), nous constatons de plus en plus que des étudiants de première année, dès leur entrée à Lorient, sont motivés pour suivre cet enseignement. Donc dans les années qui viennent, nous allons forcément sélectionner plus d’étudiants issus directement de l’EESAB-Lorient.

 


Les étudiant·es de la mention Animation-Volume (promotion 2024-2025) :

Hyeonji Lee, Eliot Bryon, Yuna Bitoun, Mariia Kudym, Lucile Fèvre, Marie-Sarah Lautram, Lou Deu, Ju Teyssonneyre.

Les intervenant·es (années 2023-2024 et 2024-2025) :

Gilles Coirier (animation), Fabien Drouet (animation), Jean-Marc Ogier (décor et mise en place tournage), David Thomasse (squelettes de marionnettes), Maud Gallon (modelage et moulage).



Pour aller plus loin (sur l’histoire bretonne du Stop Motion) :

● L'animation : une longue et belle histoire, une filière d'excellence !

● Le Portugal, la Bretagne, Annecy : une histoire à suivre


Les partenaires ("Génération(s) Start Motion") :

  • Films en Bretagne pour les volets formation continue, recherche, observatoire et résidences
  • L’Ecole Européenne Supérieure d’Arts de Bretagne (EESAB) pour les volets formation initiale, formation continue et recherche
  • L’AFCA (Association Française du Cinéma d’Animation) pour les volets résidence et observatoire
  • L’État au titre du dispositif « France 2030 : La Grande Fabrique de l’Image »