Né en 1986, la même année que la première édition du Festival européen du film court de Brest, Arthur Lemasson, nouveau programmateur, ouvrira l’événement ce soir. Arrivé sur Brest au mois d’Avril, il a retenu plus d’une centaine de films pour l’édition 2016. Un métier d’engagement que la nouvelle recrue prend à bras le corps. Rencontre !
– Films en Bretagne : D’où nous vient ce jeune programmateur du festival du film de court de Brest 2016 ?
Arthur Lemasson : De la région parisienne. J’y ai suivi des études de cinéma et ensuite travaillé, entre autres comme assistant de production, pour Canal Play, et comme programmateur pour le festival Silence on court, dédié aux jeunes réalisateurs de courts métrages.
– Comment avez-vous rejoint l’équipe du festival brestois ?
J’ai eu vent du poste de programmateur du Festival européen du film court de Brest par une annonce sur profil culture. Je n’ai pas hésité à postuler. L’opportunité était trop belle pour le cinéphile que je suis. La programmation est quelque chose que j’aime beaucoup : on y voit énormément de films, et il y a une dimension artistique, très personnelle, dans le travail de sélection, de thématisation, et d’harmonisation des courts. Par ailleurs, ma fonction ne s’arrête pas là au sein de l’équipe du festival, je suis aussi chargé de diffusion pour l’association Côte Ouest, qui tout au long de l’année propose des projections de courts métrage, principalement sur le département du Finistère.
– Vous parlez d’une dimension artistique, comment définiriez-vous votre touche personnelle ?
Je suis très attentif au scénario des films et aux liens qu’ils peuvent établir avec les tendances ou évènements qui agitent le monde. Sans parler d’actualité, j’aime quand les films portent un regard original sur l’espace dans lequel on vit, en l’occurrence l’espace européen pour ce festival. J’aime aussi la pluralité, à titre d’exemple, 31 films ont été sélectionnés pour la compétition européenne, et pas moins de 28 pays y sont représentés. Je dispose de plusieurs fenêtres de programmation, liés à des thématiques, des sélections particulières comme Made in Breizh par exemple… Je tâche de trouver un juste équilibre entre la durée des films, leur genre, leur gravité… Un festival comme le nôtre est un moment de plaisir partagé où l’atmosphère doit être légère. Je ne finis jamais mes séances par un film noir, à moins qu’il soit aussi très drôle.
– Qu’entendez-vous par tendances ?
Et bien l’on remarque par exemple que beaucoup de cinéastes s’intéressent à la relation qu’entretiennent les hommes avec les nouvelles technologies. Le délitement des liens sociaux est aussi au cœur des préoccupations, y compris des miennes. Nous recevons beaucoup de films engagés, par exemple sur les migrants, où encore sur la vie dans les quartiers… J’essaie donc de rendre compte, par mes choix, des idées qui circulent, de l’air du temps.
– Comment s’effectue concrètement cette sélection ?
Nous avons reçus environ 1600 films, achevées en 2015 ou 2016. Un premier tri est réalisé par un comité de sélection d’une trentaine de personnes, constitué de membres de l’équipe de Côte Ouest (salariés et adhérents), et travaillant en groupes. Ensuite je regarde les 800 films issus des choix du comité, et je fais ma programmation.
– S’agit-il uniquement de fictions ?
Principalement, bien qu’une séance soit exclusivement consacrée aux films d’animation. Certains films sont à la frontière entre le documentaire et la fiction.
– Comment considérez-vous le court métrage par rapport au long ?
Les films sélectionnés durent entre 1 minutes 30 et 30 minutes, il y a de fait une efficacité narrative, une écriture spécifique. Mais le court métrage est du vrai cinéma, au même titre que le long. Il a en plus cette capacité à être produit plus rapidement, et donc à pouvoir porter un regard sur le monde avec plus d’immédiateté, et ainsi coller à son époque, comme le roman. Si le genre se porte bien , il a du mal à exister en salle, c’est pourquoi notre mission de diffusion est importante. Le court est, bien sûr, aussi un tremplin pour les créateurs.
– Comment abordez-vous cette première en tant que programmateur du Festival européen du film court de Brest ?
Avec enthousiasme, nous avons déjà beaucoup de pré-réservations, et nous attendons comme l’année dernière environ 28000 spectateurs. J’ai hâte de faire découvrir au public notre programme, et j’espère de tout cœur prolonger l’aventure les années suivantes. C’est un métier de passion !
Propos recueillis par Yves Mimaut
Films en Bretagne vous convie à deux événements pendant le Festival Européen du Film Court de Brest :
- La projection des films issus du Concours Estran :
Vendredi 11 Novembre – Le Quartz, Grand théâtre. Toutes les infos ici !
- Un séminaire : Analyse de lecture de scenario de court-métrage de fiction
Jeudi 10 Novembre, de 14h à 17h – Le Quartz, salle de commission 5.
Plus d’infos ici.
Inscriptions jusqu’au 8 novembre (Sous réserve de places disponibles) auprès de Maud Brunet, chargée de la formation à Films en Bretagne, formation@filmsenbretagne.org
Toute la programmation est accessible ici.
Téléchargez la grille du Festival.