[Série d’initiative régionale] « Les Portes du vent » d’Olivier Broudeur : retours d’expériences

La série d’initiative régionale Les Portes du vent sera diffusée à l’occasion de la Nuit de la fiction, le jeudi 27 novembre dès 22h55 sur France 3 Bretagne et sur france.tv, aux côtés de Si je veux, une autre fiction d’initiative régionale signée Bénédicte Pagnot.

Réalisée par Olivier Broudeur (et co-réalisée par Anthony Quéré), la série se déploie sur 10 épisodes de 12 minutes. Dans une ferme bretonne, à Penmarc’h dans le Finistère Nord, Gabriel, agriculteur tenace et laborieux, est confronté à un dilemme : lutter ou rendre les armes aux créanciers et huissiers qui le harcèlent, menaçant l’exploitation familiale héritée de ses ancêtres.

Produit par la société Les 48° Rugissants, basée à Brest, le projet a bénéficié d’un soutien de la Région Bretagne / Bretagne Cinéma, ainsi que de France 3 Bretagne et des chaînes locales TVR, Tébéo et Tébésud. Après un pilote tourné en 2018, le tournage de la série s’est déroulé en 2023, réunissant de nombreux talents bretons.

Pour le public, Les Portes du vent est déjà accessible en streaming sur france.tv, et le restera jusqu’au 9 septembre 2026.

À l’occasion de cette diffusion, trois membres-clés de l’équipe nous ont partagé leur expérience : les producteurs Maël Cabaret et Anthony Quéré, ainsi que le réalisateur Olivier Broudeur. D’autres retours de collaborateurices seront prochainement publiés.

Maël Cabaret et Anthony Quéré, producteurs

Diplômé du master Creadoc d’Angoulême puis formé aux fondamentaux de la production à Lussas, Maël Cabaret cofonde Les 48° Rugissants avec le désir de porter des films d’auteurs, sensibles et engagés. Sa filmographie réunit aujourd’hui douze documentaires, quatre fictions courtes et une série, ayant circulé en festivals et récoltés différents prix nationaux et internationaux. Il poursuit dans cet élan et élargit sa palette via de l’écriture sérielle en documentaire, ainsi qu’un long-métrage développé en coproduction internationale.

Après avoir initié des études d’architecture, Anthony Quéré se spécialise dans l’écriture, la réalisation, la production et la formation audiovisuelles. En 2014, il fonde, avec deux associés, la société Les48° Rugissants avec laquelle il produit des fictions et des documentaires. Il travaille également comme formateur dans différentes structures ( BTS audiovisuel, UBO, Le Groupe Ouest…) en gestion de production et comme intervenant en Écriture, Réalisation et Culture Audiovisuelle.

Leur retour d’expérience :

L’origine de ce projet remonte à 2015, lorsque Olivier Clech, alors directeur du pole tv du groupe Télégramme, émet le souhait de voir exister sur ses antennes une série d’initiative régionale. Les tractations sont lancées et la profession s’en empare, mais le modèle se heurte rapidement à la réalité économique. Sur le plan artistique, Olivier Broudeur séduit rapidement avec son projet qui deviendra Les Portes du vent.

Olivier se tourne alors vers notre jeune société qui se trouve investie d’un projet hors-norme, dont on s’empare avec l’énergie et l’idéalisme de producteurs ayant tout à prouver. Grâce à l’engagement sans faille de l’union des chaînes locales de Bretagne et à l’aide du FACCA, un pilote, plein de promesses, voit rapidement le jour. Nous le présentons à l’occasion des rencontres annuelles de Films en Bretagne. S’en suit une longue période de développement, durant laquelle nous faisons appel à Thierry Bourcy pour rejoindre l’équipe d’écriture. Olivier venant du court métrage d’auteur, il trouve chez Thierry l’expérience et les codes d’une rédaction sérielle. En parallèle, nous multiplions les échanges avec de potentiels coproducteurs parisiens afin de démêler la problématique financière d’un projet de cette envergure, dont le modèle régional atteint ses limites. Mais l’on constate rapidement que cette perspective implique des contreparties pour répondre aux grilles des diffuseurs nationaux. Cela nous dépossède de l’identité qui fait l’originalité de notre série, ce à quoi nous sommes farouchement attachés. Les chaînes locales (Tébéo, Tébésud et TVR) nous soutiennent dans cette démarche et font le choix d’investir davantage sur ce projet. France 3 Bretagne rejoint bientôt l’aventure et devient le sésame pour permettre l’équilibre économique tant convoité. Dès lors, l’écriture s’affine et peut rester fidèle à l’intention initiale. Le modèle de production se concentre sur une fabrication locale. La toute nouvelle aide à la création structurante de la Région Bretagne servira de levier, suivie rapidement du soutien du CNC. Huit ans après avoir posé les bases de cette série, nous voilà enfin prêts à lancer le tournage.

Durant ces années, notre société aura produit des documentaires et des court métrages jusqu’à constituer un solide catalogue. Fort de cette expérience, nous sommes armés pour passer à ce format long, avoisinant les deux heures de programme. Mais le modèle économique reste fragile. Notre budget est sans commune mesure avec les productions similaires et nous devons concéder certains sacrifices. De nouvelles phases de réécritures s’opèrent. La question du format est remis sur la table et démarre un nouveau casse-tête avec notre directrice de production, Tiffany Renouf, pour assurer la faisabilité de projet. Une aventure humaine s’engage. Anthony assistera Olivier à la co-réalisation et Maël se chargera de la production exécutive. Après un mois de tournage, débute la phase de montage avec Mickaël Ragot et naissent les premiers épisodes. L’équipe technique de La Fabrique de France 3 Bretagne prendra le relais sur toute la post-production son, avec Kevin Fieldel au montage son et Tudi Le Nedic au mixage. Un véritable confort de travail et une expertise qui porteront plus haut le projet artistique. 2015-2025. Les Portes du vent existe enfin.

À la production ce fut une véritable bataille, avec la volonté d’y croire, de ne jamais rien lâcher. Dix ans de travail pour mener à bien cette série d’initiative régionale dont nous pouvons être fiers, et nous pensons ici à toute l’équipe technique, mais aussi aux diffuseurs et financeurs qui nous ont soutenu dans cette entreprise. Fiers de prouver que c’est possible, quand dix ans auparavant tout prouvait le contraire. Cette première saison nous engage à imaginer d’autres possibles et renouveler nos efforts pour faire émerger de nouvelles formes de fiction longue sur le territoire. Nous bénéficions d’un écosystème et d’un savoir-faire qui a fait ses preuves. C’est donc en toute confiance que nous avons aujourd’hui le désir de creuser le sillon.

Sur le tournage | Photo : Clémentine Moisan

Olivier Broudeur, réalisateur

Olivier Broudeur a écrit et réalisé 6 courts métrages, 4 clips vidéos et une comédie musicale. Les Portes du vent est son premier projet de série. En plus de son activité de réalisateur, il est enseignant en lettres, en collège et lycée, et en culture générale, dans l’enseignement supérieur.

Son retour d’expérience :

Une commande

C’est en 2014 qu’Olivier Clech, alors directeur de Tébéo m’a demandé de réfléchir à l’écriture et à la réalisation d’une série. La commande était ainsi désignée : « faire un Plus belle la vie breton en 10 épisodes de 12 minutes ».

Tout de suite, j’ai proposé une trame qui tournait autour d’une famille de paysans dont la structure correspondait le plus possible à la sociologie finistérienne qui est celle que je connais le mieux.

Le développement

Pour la production, j’ai sollicité mon acolyte de toujours devenu producteur, Anthony Quéré avec lequel j’ai réalisé trois courts métrages et écrit un long métrage.

Pour être plus costaud en narration, j’ai travaillé avec Thierry Bourcy, scénariste et écrivain reconnu.

Avec Thierry, nous avons écrit une trame narrative de 8 saisons !

Mes désirs

De ce monde paysan qui est celui dans lequel je suis né, dans lequel j’ai grandi et ai travaillé pendant 30 ans, je voulais montrer plusieurs choses qui correspondent à mes expériences :

  • Les paysans ne sont pas hors du monde ; les thématiques qui traversent la société sont aussi les leurs ;
  • Les paysans ne sont pas des cul-terreux ; ils aiment aussi la culture et la connaissance pour elle-même ;
  • Il y a aussi une grande variété sociologique et ethnique au sein du monde paysan ;
  • La nature est belle, les paysans le savent et savent la regarder ;
  • Les paysans aiment leurs bêtes et les choient (sur ce sujet, lire les dernières études nationales) ;
  • Les paysans doivent répondre à une infinité d’injonctions contradictoires qui trahissent les névroses de notre société morcelée qui doute d’elle-même.

Je voulais décrire ce monde que j’aime et qui disparait, celui de ces exploitations familiales dans lesquelles les générations se côtoient.

Mes exigences

Je m’étais fixé certains impératifs :

  • Ne pas raconter une seule chose qui soit fausse et invraisemblable. Tout ce qui est raconté dans cette série est vrai et s’est réellement produit (la pression sur la terre est, par exemple, énorme et provoque la commission de délits et de crimes) ;
  • Rendre la ferme et les animaux hyper-présents, les animaux d’élevage, mais pas seulement ; les oiseaux, les chats…
  • Rendre la beauté de la nature ; la verdure, la profusion des arbres…
  • Faire exister les personnages secondaires et offrir des rôles forts aux femmes (le fameux test de Bechdel…) ; Jeanne, Emma, Mona, Mélanie, l’avocate… Voilà autant de personnages qui ne demandent qu’à se développer dans les saisons suivantes si elles voient le jour.

Un travail collectif

Pour faciliter le tournage, j’ai tourné dans les lieux que je connais ; chez mes parents, mes voisins. Ce projet a mobilisé beaucoup de monde et resserré les liens.

On met souvent la réalisatrice ou le réalisateur en avant dans le cinéma, mais tout se fait ensemble. Sans l’engagement des équipes image, son et montage, sans la régie, la production, rien n’existe.

Cette série, aussi imparfaite soit-elle, nous l’avons faite ensemble.

Sur le tournage | Photo : Clémentine Moisan

VOIR LA SÉRIE

La série sera diffusée à l’occasion de la Nuit de la fiction, le jeudi 27 novembre dès 22h55 sur France 3 Bretagne et sur france.tv. Elle d’ores est déjà accessible en replay sur france.tv jusqu’au 9 septembre 2026 :

SUR LA SÉRIE

Les Portes du vent d’Olivier Broudeur

10 x 12′ | France | Sortie en novembre 2025

Dans cette famille bretonne, Gabriel, agriculteur tenace et laborieux, ne sait plus ce qu’il faudrait faire : lutter ou rendre les armes aux créanciers et huissiers qui le harcèlent ? Penmarc’h, la ferme familiale, est de plus en plus menacée par ce monde qui change et qui fait « qu’on n’y arrive plus ». Pourtant il est là vent debout et s‘accroche parce qu’il ne sait faire que cela. Mais voici que le moment est venu de savoir jusqu’où il est prêt à aller pour sauver cette terre héritée de ses ancêtres… car de Penmarc’h dépend le bonheur de sa famille, mais peut-être aussi son malheur.

Écrit par Olivier Broudeur et Thierry Bourcy

Musique originale : Pierre Lucas, Sylvain Texier, Hugo Houeto
Générique : Sylvain Lecann

Avec Arnaud Stéphan, Alice Millet, Zephyr Neff, Aminata Diagne, Manuel Guillot, Hugo Houeto

Produits par Mael Cabaret et Anthony Quéré / Les 48° Rugissants

Avec le soutien de la Région Bretagne (Production Création Structurante) et l’aide à la production du CNC.

En coproduction avec France 3 Bretagne et le groupement des chaînes locales de Bretagne : TVR, Tébéo, Tébésud.

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