Plus de 250 participants se sont retrouvés du 23 au 25 septembre à Pléneuf-Val-André pour la 10e édition de Doc’Ouest
Le rideau est tombé sur la dixième édition de Doc’Ouest, mais demeure cette image magnifique d’un alpiniste qui progresse sur la crête d’un sommet de Savoie au rythme d’une musique instinctive, selon un équilibre fragile entre ombre et lumière. Symboliserait-elle le parcours exigeant d’un cinéaste aujourd’hui ? Miage, cette fable écologique, riche d’audace et de poésie, ne dirait-elle pas aussi qu’il est toujours possible d’affirmer une mise en scène créative et une originalité sensible ? Car ses jeunes auteurs Edmond Carrère et Pierre Redon ont fait peu de concessions, avec un fort parti pris esthétique, apprécié par une production courageuse, deux régions (Rhône-Alpes et Limousin), deux télévisions locales, des salles, un public. Ce scénario idéal est rare certes… Mais on en a accueilli volontiers l’enthousiasme dans la grisaille ambiante d’une rentrée sociale dure et d’un coup de vent automnal à Pléneuf-Val André.
La lumière est ainsi venue de l’écran à Doc’Ouest pour traverser les ateliers, les tables rondes, les débats convenus et les discussions informelles entre auteurs, réalisateurs, producteurs, techniciens, diffuseurs, étudiants, décisionnaires politiques. Des échanges nécessaires pour confronter des expériences avec énergie, passion, colère et même angoisse. Plus de deux cents cinquante participants se sont immergés durant trois jours dans cette actualité audiovisuelle : le laboratoire créatif de la production en langues régionales, le front commun des TV locales de Bretagne, le nouveau pôle Nord Ouest de France Télévisions, les nouvelles écritures, les réalisations innovantes, l’incidence des nouveaux médias numériques sur la diversification des pratiques, les nouveaux coups de pouce publics pour croiser les pratiques artistiques, les formations à mettre en place…
Certaines émulsions d’idées et de paroles furent joyeuses, d’autres moins. Doc’Ouest 2010 a notamment ouvert le premier chapitre d’un débat complexe sur les aides à la production, soulignant les enjeux des politiques publiques qui pèsent sur la santé d’un secteur en pleine mutation. Car il ne suffira pas de pointer les paradoxes entre la régionalisation des dispositifs financiers et la réalité d’une profession encore très centralisée en Ile de France. Alors qu’une refondation des aides publiques s’annonce impérieuse, la filière saura-t-elle insuffler de nouvelles règles du jeu pour progresser en cordée ? Les chemins à emprunter seront sans doute escarpés pour toujours stimuler les désirs de films, les envies de produire et ouvrir de nouveaux circuits de diffusion. De nouvelles voies se profilent, inventives comme une marche sonore de Miage.
Marguerite Castel
Journaliste généraliste issue de la presse quotidienne régionale (13 ans de chroniques à la La Voix du Nord), Marguerite Castel a également collaboré à Nautilus, à Télérama Sortir, au Journal des Entreprises ou à Sillage. Films en Bretagne lui a proposé de porter un oeil extérieur sur la 10E édition de Doc’Ouest