Bretagne Culture Diversité / Sevenadurioù, association basée à Lorient, est chargée de la gestion et de l’animation de Bretania, portail des cultures de Bretagne. Celui-ci a ouvert le 14 février, sous l’oeil attentif de Charles Quimbert, directeur de BCD. Accès du plus grand nombre à toute la richesse culturelle bretonne, plus de 340 000 documents déjà en ligne : voilà qui a aiguisé notre curiosité.
– Pourquoi ce projet de portail en ligne ?
– Charles Quimbert : la Bretagne possède de nombreux fonds culturels et patrimoniaux, déjà numérisés par un important réseau d’acteurs. Mais ces fonds peuvent sembler perdus dans le labyrinthe numérique, et il reste difficile de se faire une idée globale de cette richesse culturelle bretonne. Côté ressources audiovisuelles, on trouve, par exemple, un accès à des centaines de films en ligne avec la collection Mémoire du travail de la Cinémathèque de Bretagne, ou avec le volet L’Ouest en mémoires de l’Ina Atlantique. Des journaux ont été numérisés, tel que La Dépêche de Brest, ancêtre du Télégramme. Le Centre de Recherche Bretonne et Celtique à Brest possède une bibliothèque numérique importante. Comment relier toutes ces données, et surtout les mettre en lumière ? L’idée du portail Bretania, qui agrégerait tous les documents numérisés déjà existants, et les dynamiserait, avec un moteur de recherche et des contenus éditoriaux, s’est imposée ces dernières années. La Région souhaite que l’accès au public soit le plus large possible.
– Pourquoi BCD pilote-t-elle ce projet ?
– C.Q. : une des missions de Bretagne Culture Diversité est de valoriser la matière culturelle de Bretagne, et ce en optimisant les ressources numériques. La préoccupation constante de l’équipe est de penser transmission des connaissances et savoirs de Bretagne, et d’inventer des moyens d’y intéresser notamment les plus jeunes : vidéos, applications, etc. Aussi lui a-t-il semblé cohérent de répondre à l’appel d’offres de la Région en 2012. BCD a remporté cet appel et se retrouve donc aujourd’hui en charge de l’animation et la gestion du portail.
– Quels sont les enjeux et les étapes ?
– C.Q. : il s’agit, dans un premier temps, d’offrir un accès unique à tous les documents déjà numérisés par différents partenaires. Il a fallu aller à la rencontre de ces acteurs culturels : médiathèques, associations, fonds universitaires ou particuliers. Cette mission est toujours en cours. Les documents rassemblés sont de toute nature : vidéos, sons et photos avec Dastum, photographies ou clichés avec le Cartolis de Baud, conservatoire régional de la carte postale. Mais aussi textes et manuscrits comme le fonds Anjela Duval numérisé par l’Université de Rennes 2, ou le fonds de médiathèques comme les Tablettes Rennaises qui comporte 4500 documents déjà en ligne.
– Comment persuader de nouveaux contributeurs de rejoindre ce portail ?
– C.Q. : il nous faut convaincre que cela permet de sortir des documents de l’ombre, de les partager. C’est aussi une façon de s’insérer dans un vaste projet éditorial qui a du sens à l’échelle de toute la Bretagne, dans une perspective de transmission de ce qui fait notre identité. Le portail devrait permettre de nouer de nouveaux partenariats entre des contributeurs qui s’ignoraient. Il permet aussi de travailler à une culture commune, et à la mise en place d’outils partagés, au niveau du numérique et du traitement documentaire. Enfin, ce projet s’inscrit dans une dynamique plus large, qui vise à l’intégrer rapidement dans les bibliothèques numériques nationales et internationales.
– Cela peut sembler un peu ardu au contributeur individuel, ou à la jeune association qui dispose de peu de fonds pour penser numérisation ?
– C.Q. : c’est pourquoi le travail d’une partie de notre équipe est d’aller à la rencontre de tous ceux qui en font la demande et de les renseigner sur les logiciels, la mise en réseau, les partenariats possibles. Ce n’est pas si ardu que cela peut sembler. Pour vous en persuader, allez consulter les vidéos mises en ligne sur notre site bcdiv.org. Nous comptons aussi beaucoup sur les réseaux sociaux pour que le public se familiarise avec notre démarche.
– Quel est alors le chemin à suivre pour s’intégrer au portail ?
– C.Q. : pour relier les contributeurs, il faut qu’ils parlent tous un langage commun. Les documents numérisés vont être décrits dans des notices, toutes rédigées en format Dublin Core. C’est ce socle qui permettra d’agréger toutes ces données et de régulièrement les moissonner, ce qui signifie aller chercher, de façon automatique, les données nouvelles des uns et des autres.
– Quelles dynamiques imaginez-vous entre le portail et le projet de plate-forme numérique porté par Films en Bretagne ?
– C.Q. : les missions de ces deux projets paraissent complémentaires. BCD est une mémoire éditorialisée, orientée vers la création d’outils de vulgarisation de la matière culturelle de Bretagne et de promotion de la diversité culturelle. Elle y parviendra en s’appuyant notamment sur les fonds détenus par les contributeurs, mais aussi sur les spécialistes des thèmes abordés et sur les créateurs bretons. La plate-forme portée par Films en Bretagne, qui privilégie la création audiovisuelle et cinématographique, est un média qui propose une lecture du monde contemporain au travers du fait régional. Elle devra aussi puiser dans cette mémoire bretonne. L’articulation entre les deux outils est envisagée depuis l’été 2013, et je suis venu témoigner à Doc’Ouest de l’intérêt de mettre en place une coopération active entre nos deux structures.
Propos recueillis par Caroline TroinPhoto de Une : Charles Quimbert, le 14 février, lors de l’inauguration du portail Bretania. Copyright JF Carvou.
Lien(s) en relation avec ce sujet : Le portail Bretania