ISABELLE VANINI : nouvelle déléguée générale de l’AFCA


Après presque 10 ans à la tête de l’AFCA, Sabine Zipci a quitté l’Association Française du Cinéma d’Animation pour de nouvelles aventures.

C’est Isabelle Vanini qui lui succède depuis le 2 avril.

Après sa première édition du Festival du Film d’Animation de Rennes, prenons le temps de faire plus ample connaissance…


Films en Bretagne : En premier lieu, nous souhaiterions en savoir plus sur vous, sur ce qui vous a conduit à prendre la direction de l’AFCA… Lors d’un récent échange, vous me parliez d’une « continuité logique »… Pouvez-vous m’en dire plus ?

Isabelle Vanini : Après des études de cinéma à l’université de Paris 1 La Sorbonne et un passage par la Cinémathèque française, je suis devenue programmatrice au Forum des images à Paris.
J’y ai développé le RDV mensuel « Cinéma d’animation » qui a vu défiler tous les grands réalisateurs français et étrangers, et j’ai co-programmé le festival « Carrefour du cinéma d’animation ».

Ma rencontre avec l’AFCA date de 1999, lorsque je suis allée pour la première fois au Festival national du film d’animation à Auch. A la demande de l’équipe, je suis devenue membre active du CA pendant 6 ans ; j’ai fait partie du comité de rédaction de La Lettre et aujourd’hui, je suis dans le comité de labellisation des longs métrages. Nos liens de collaboration ont toujours perduré, et c’est avec beaucoup d’intérêt que j’ai suivi l’évolution et le développement de cette association qui m’est chère.

L’AFCA est aujourd’hui en ordre de marche grâce au travail exemplaire réalisé par Sabine Zipci. L’association a trouvé sa juste place entre les différents interlocuteur-trices du milieu, et concoure à donner une vraie visibilité au secteur. J’espère continuer le développement de l’association, en lien avec l’équipe et les moyens de l’AFCA.

 

Films en Bretagne : Pour avoir activement participé à l’édition 2024 du Festival… j’ai le sentiment d’une belle réussite, en salles comme dans les rendez-vous professionnels qui se sont étoffées au fil des ans, et qui me semblent avoir trouvé leurs publics… confirmez-vous ce ressenti ? Et surtout, quel est votre ressenti au sortir de cette « première » édition ?

Isabelle Vanini : Après avoir connu Auch, Bruz, puis le début de la relocalisation du Festival à Rennes en 2018/2019 (où j’étais venue animer le work in progress de J’ai perdu mon corps avec Jérémy Clapin et présenter le résultat de mon mémoire sur « La diffusion du long métrage d’animation adulte en salles »), la découverte de l’ampleur prise par le Festival – des salles pleines, une équipe parfaitement rodée, le développement du volet pro avec cinq parcours complémentaires, des lieux accueillant l’AFCA comme si elle était chez elle, un public étonnamment jeune, des pros qui ne cessent de louer le Festival comme un vrai lieu de rencontres et de travail -, fut une belle surprise et un gage de réussite. Que demander de mieux !

 

Films en Bretagne : Au moment où le secteur de l’animation connait une séquence particulière, tant en termes de production que de diffusion… Au regard aussi de quelque chose de presque paradoxal tant le bouillonnement des festivals et la réalité quotidienne du secteur ne correspondent pas tout à fait… Quels vous semblent être les défis de l’AFCA en général, et du Festival à Rennes en particulier ?
Quel est selon vous la « recette » d’un bel alignement d’étoiles ?

Isabelle Vanini : Participant à la sélection des longs métrages pour le Festival international du film d’animation d’Annecy depuis 6 ans, je peux témoigner de l’explosion de la qualité des films proposés (animation adulte notamment). La question cruciale reste celle de la rencontre avec le public pour découvrir ces œuvres. La création du Label, le développement de modules de formation à destination des lieux de diffusion sont une réponse. Mais pas suffisante… L’AFCA travaille à rendre plus visible le cinéma d’animation auprès des festivals généralistes, des exploitants, des structures qui organisent des journées de pré-visionnements, etc.

Le Festival national du film d’animation de Rennes semble avoir trouvé sa vitesse de croisière. Les enjeux majeurs pour les années prochaines me semblent être les suivants : arriver à faire venir davantage le public rennais, inscrire le festival dans l’agenda des professionnels français de l’animation (ce qui est déjà le cas pour certains), tout en contrôlant la croissance du festival afin qu’il demeure à échelle humaine.  Plusieurs envies : développer les work in Progress et des master-class « métiers » (story-boarder, character designer, etc) ; mettre les jeunes talents en valeur ; donner plus de place au son et à la musique ; développer le côté convivial du festival (ciné-danse, concert-karaoké, etc). Et travailler sur la transition écologique et énergétique du festival…

Si la « crise des plateformes » a marqué la profession et impacté le marché de l’emploi, si l’arrivée de l’IA inquiète tous les corps de métiers, 2025 sera-t-elle « L’année de l’animation » ? En tous les cas, les choses bougent. Augmentation du nombre de longs métrages produits par les chaines de télévision en perspective, un Festival de Cannes 2024 qui présente 7 longs métrages français – du jamais vu -, et un travail main dans la main avec les différents acteurs du secteur pour des temps de réflexion sur les problématiques de la profession, en lien avec le CNC. Ça s’appelle un alignement d’étoiles !

Propos recueillis par Franck Vialle pour Films en Bretagne, mai 2024


Pour allez plus loin…

Pour en savoir plus sur le Festival du Film d’Animation de Rennes Métropole, c’est par ICI

Pour en savoir plus sur l’AFCA, c’est par ICI